Stèle à la mémoire des fusillés de Pierrefitte-sur-Seine

Légende :

Stèle située au 68 avenue de la République à Pierrefite-sur-Seine (93).

Genre : Image

Type : Stèle

Producteur : Jérôme Leblanc

Source : © Association Mémoire et patrimoine militaire - ARHM Droits réservés

Détails techniques :

Photographie en couleur

Lieu : France - Ile-de-France - Seine-Saint-Denis - Pierrefitte-sur-Seine

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Contexte historique

Témoignage de Jeanine Montauron :

J'ai entendu parler de ces faits par ma tante et ses voisines à plusieurs reprises quand j'étais enfant … aussi j'ai voulu en faire le récit pour que cet évènement ne soit pas oublié. Quand je rencontrais madame Thiolat, une grande dame blonde et mince, je la remarquais toujours car elle avait les yeux de quelqu'un qui a beaucoup pleuré. Je me demandais bien ce qu'elle avait. Ma tante m'expliqua un jour qu'il était arrivé un drame à la "Butte" pendant la guerre … Des années plus tard, j'ai pris conscience du chagrin de madame Thiolat … du destin tragique qui a fait se croiser cette femme et une troupe de soldats allemands ivres de revanche et n'ayant plus rien à perdre, par un après midi de l'été 1944…

En haut de la Butte Pinson, à Pierrefitte, il y avait un café, "le café Nicolaï", tenu par des Corses très sympathiques. Malgré l'occupation, des habitués y venaient tous les jours pour jouer aux cartes … la guerre durait … il fallait bien passer le temps. Ce 26 août, il faisait très chaud. Madame Thiolat y était venue, son enfant de quelques mois dans les bras, pour s'y rafraîchir quelques instants. Soudain, Roger Vaillant, un voisin, téléphone du café de l'Eglise, où il se trouve, et prévient "Nico" que les Allemands remontent la rue de Paris et arrivent rue de la République … Panique … Tout le monde descend à la cave …Mais il y fait tellement chaud que le bébé de madame Thiolat, en manque d'air, se met à pleurer. Elle sort de la cave pour le faire respirer … et tombe nez à nez avec un soldat allemand. Les Allemands sont à la recherche d'otages à fusiller. Un des leurs a été tué par des FFI qui n'ont pas pensé à dissimuler le cadavre. Sans ménagements les soldats font sortir les réfugiés de leur cave. Un officier demande des ordres à sa hiérarchie, il hésite … Il faut faire un exemple … le groupe sera fusillé. Les hommes sont alignés devant le 65 de la rue de la République. Leurs épouses, leurs mères ou leurs frères assistent, impuissants, à la fusillade. Avant de quitter les lieux, les soldats piègent les cadavres en plaçant des grenades dégoupillées … Voilà pourquoi madame Thiolat avait toujours les larmes aux yeux.

Les victimes :
Henri Videau, né le 12 novembre 1925, de Pierrefitte
André Voillot, né le 18 mai 1922, marié et père d'un enfant, de Pierrefitte
Louis Lebrun, 26 ans, de Sarcelles
Maurice Gabrillague, 31 ans, de Pierrefitte
Marius Pommier, 36 ans, de Pierrefitte
Aimé Letilleul, né le 28 septembre 1906, de Pierrefitte
Albert Lucas, né le 2 avril 1904, de Pierrefitte
Félix Thiolat, né le 17 novembre 1898, marié et père de deux enfants, contremaître de la SNCF
Paul Nicolaï, né le 5 mai 1897, de Pierrefitte