Paul Pons

Légende :

A créé et commandé une des trois compagnies opérant dans la vallée de la Drôme.

Genre : Image

Type : Portrait

Producteur : Inconnu

Source : © AERD, collection Albert Fié Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique en noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Crest

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Analyse média

Paul Pons porte un uniforme de marin, comme il le faisait à la tête de sa compagnie.

Il n’est plus tout jeune sur la photographie. Il a 48 ans lorsqu’il commande les résistants de sa compagnie lors des combats de la vallée de la Drôme.


Auteurs : Robert Serre

Contexte historique

Né en 1896, Paul Pons était le petit-fils d'un ancien élu de Crest, Paul Mathieu Pons, mégissier, maire de 1898 à 1908 et conseiller général de 1901 à 1903. Il est dans la Marine de guerre durant la Première Guerre mondiale. Il va rester sur la mer en s'engageant dans la Marine marchande. C'est ce passé de marin qui donnera à sa compagnie le symbole de son brassard : l'ancre de marine formant croix de Lorraine sur fond tricolore.

Il parcourt ensuite l'Afrique. En Côte-d'Ivoire, il acquiert une plantation à Anyama. Son tempérament de bourlingueur se double d'une disposition à s'élever contre toute forme d'injustice : il crée deux journaux, Les échos de l'AOF et Le Réveil, dans lesquels il n'hésite pas à prendre la défense des indigènes opprimés par le colonialisme, position qui le fait considérer déjà comme un humaniste anarchiste que le pavillon noir à tête de mort de son fanion ne dément pas.

Pons, revenu dans la vallée de la Drôme, s'engage très tôt dans l'action clandestine, recrute de nombreux jeunes et sera un véritable meneur d'hommes. Il rencontre, en juillet 1943, Pierre Raynaud (« Alain »), adjoint de Cammaerts dans le réseau Buckmaster. Son groupe de combattants, ainsi que son corps-franc mené par Paul Bernard, participent efficacement à la réception de parachutages, aux liaisons radio, aux sabotages et aux combats de 1943 et 1944. Deux actions sont particulièrement efficaces : le sabotage de 34 locomotives et des bureaux allemands à Portes-lès-Valence, la destruction du siège de la Milice à Valence. Dans cette lutte, Pons est très menacé, il y perd tous ses biens, sa plantation africaine étant ravagée par les séides locaux du gouvernement de Vichy et sa maison des Gardettes à Crest étant incendiée par la Milice le 25 avril 1944. Faute de le capturer, les miliciens tenteront, sans succès, d'enlever son épouse Angéla, née Calleri.

Le groupe Pons se bat intrépidement dès le 6 juin à Crest, tentant de freiner l'avance allemande vers le Vercors au cimetière à l'entrée ouest de la ville. Jusqu'à la fin août et la libération du territoire drômois, les hommes du "Vieux", continuant à défendre les abords sud du Vercors, puis à poursuivre et affaiblir l'ennemi, n'auront guère de repos, prenant toute leur part dans les combats de la plaine rhodanienne, puis la libération de Valence.

Devenue une compagnie du régiment de la Drôme sous les ordres de De Lassus (« Legrand »), elle emmène ses hommes en Maurienne et en Alsace. Après la libération de Valence et la prise en main du pouvoir départemental en septembre 1944, Pons est nommé commissaire du gouvernement près la cour martiale de la Drôme, puis en décembre, délégué du colonel Arnaud, commandant la subdivision de Valence. Envoyé en mission en Côte-d'Ivoire par le ministre des Colonies en mars 1945, il y reçoit des indigènes un accueil chaleureux. En novembre, il est nommé lieutenant-colonel à Baden-Baden, mais préfère revenir à Crest où il rédige ses souvenirs.

En 1947, Pons reçoit, à l'ambassade d'Angleterre à Paris, la Médaille royale pour le courage dans la cause de la Liberté. Le 6 juin 1948, il est décoré de la croix de guerre avec palme. Un ouvrage publié sous son nom narre les actions de la compagnie Pons : De la Résistance à la Libération, défense du Vercors-Sud.

Personnage hors du commun, mais attachant, il demeure dans le souvenir par la rue des Trois Capitaines inaugurée à Crest le 4 octobre 1992.


Auteurs : Robert Serre
Sources : Le Crestois n° 2 475 du 18 novembre 1947, n° 2 504 du 12 juin 1948, Albert Fié, Souvenirs d’un vieil homme. Albert Fié, allocution du 4 octobre 1992.