Analyse média

Première participation du collège Armand Lanoux au CNRD
En 2014, nous avons participé pour la première fois au Concours National de la Résistance et de la Déportation. Nous nous sommes lancées dans cette aventure à deux, enseignantes en histoire-géographie au collège Armand Lanoux de Champs-sur-Marne en Seine-et -Marne. La première participation au concours n’est pas la plus facile car il faut dans un très court laps de temps comprendre l’organisation générale du concours et ses attentes, choisir dans quelle catégorie concourir, construire une progression cohérente avec l’impératif du rendu de la production finale en mars et se constituer un réseau dans un monde inconnu de nous jusqu'alors. En tout cas une envie s’est imposée dès le départ: faire de ce concours l’occasion de faire de l’histoire avec les élèves en les initiant à la démarche historienne en sortant du cadre du cours.

Trouver des élèves volontaires et constituer un groupe.
La première étape a été de former un groupe d’élève participant. Nous avons demandé des volontaires parmi les élèves de 3e. La sélection a été rapide car seuls 15 élèves ont adhéré au projet (et sont resté fidèles jusqu’au bout !). Nous avons eu plus de difficultés pour trouver un créneau horaire, dans un premier temps nous nous sommes retrouvés le vendredi en dernière heure alors que le collège était vide puis lorsqu’il a fallu mettre les bouchées doubles nous nous sommes aussi réunis les mercredi après-midi (il a fallu jongler entre les impératifs de chacun théâtre, UNSS, cordées de la réussite …). Le petit groupe constitué était très hétérogène, mixte et même parfois explosif en raison des inimitiés de départs.

Aborder le sujet du concours.
Nous avons présenté le sujet du concours aux élèves : “La libération du territoire et le retour à la République”, pour eux, en ce début d’année scolaire, le thème était plutôt flou car aucun n’avait encore abordé la Seconde Guerre mondiale en classe. Nous avons donc consacré les premières séances aux connaissances générales sur la Seconde Guerre mondiale, nous avons visité le Musée du Général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération et Musée Jean Moulin, sans cela ils n’auraient pas pu comprendre la problématique générale et choisir leur axe de travail.

Trouver une problématique.
Une fois le cadre général posé nous avons essayé de voir avec les élèves comment s’approprier le sujet du concours et définir une problématique de travail. Pour ne pas tomber dans l'écueil d’une étude exhaustive du débarquement, de la libération, du CNR … nous avons adopté une approche locale. Etudier le territoire du collège a permis d’accrocher l’intérêt des élèves sur un sujet comme le retour à la République qui semblait plutôt technique au premier abord. L’échelle locale nous permettait aussi de nous concentrer sur des institutions telles que la Mairie et d’y exploiter des sources qui n’avaient jamais été vraiment étudiées ce qui rejoignait pleinement notre idée de départ d'initiation à la démarche historienne. L’étude du paysage s’est ensuite imposée comme le meilleur moyen d’intégrer la mémoire en gardant l’approche historienne; nous voulions ainsi étudier les traces laissées par cette période dans le paysage (les noms de rue, les monuments commémoratifs …). Les élèves ont donc choisi la problématique : Comment la libération et le retour à la République (mars 1944-1953) ont-ils marqué le "paysage" de Champs-sur-Marne ?

S’approprier la démarche historienne.
Par la suite, il a fallu réfléchir aux sources: identifier les multiples sources qui peuvent être exploitées par les historiens et s’interroger sur la façon de les faire parler en lien avec la problématique. C’est à ce stade que nous avons souhaité que les élèves rencontrent un historien, Christian Delacroix (avec qui nous avions déjà collaboré sur d’autres sujets) qui s’est déplacé au collège pour évoquer avec eux les grands axes du travail de l’historien. Une fois ces notions de base abordées, nous nous sommes lancés dans la collecte aux archives départementales, à la Société historique de Noisy-le-Grand, Gournay et surtout aux archives municipales. Ce dernier lieu a été l’occasion d’une séance de travail passionnante avec les élèves qui ont pu travailler directement avec des archives telles que des tableaux d'indemnisation liées aux destructions, le registre des délibérations du conseil municipal, des photos et des témoignages filmés dans les années 90 dans le cadre d ‘une exposition organisée par la mairie….

Exploiter les sources.
L’exploitation de ces sources et des ouvrages se rapportant à notre sujet s’est fait par groupe de trois à quatre élèves qui avaient chacun choisi de traiter une partie de la problématique: la résistance prépare la libération à Champs, la libération de Champs, le retour à la République, l’épuration et la mémoire. Nous avons laissé les élèves très libres dans leur choix de la forme qu’il voulait donner à leur production et nous n’avons pas été déçus par leurs très bonnes idées: cartographie des impacts de bombardement et des destructions, de l’itinéraire des forces alliées, des lieux de mémoire; exploitation statistique; analyse d’images; mis en lien des témoignages…...

Choisir le support.
Ce travail par groupes sur des sujets précis avec des manières différentes d'exploiter les sources (cartes, tableaux, textes, photos) nous a cependant obligé à trouver un support qui assure une cohérence entre tous les travaux. D’emblée la présentation sous forme de diapositives nous a paru trop figée et nous avons opté pour le Prézi, un outil qui avait séduit les élèves lors d’une séance de cours sur les phases de la guerre. Il nous a permis de définir un cheminement de la problématique jusqu’à la carte de Champs-sur-Marne qui sert de support aux conclusions de chaque groupe de travail. Une fois la production rendue sur clé USB le travail des élèves n’était pas fini, afin de mettre leur production ils ont préparé une présentation orale d’environ une heure qu’ils ont présentée aux autres élèves de 3e puis aux nombreux invités venus au collège lors d’une soirée spéciale à l’occasion de la commémoration de la Libération.

Se réjouir du travail accompli.
Nous avons bien sûr rencontré quelques difficultés tout au long de notre travail notamment dans l’accès à certaines archives et témoignages concernant l’épuration, mais le bilan est très positif et dépasse largement tous nos objectifs de départ; les élèves ont été les réels acteurs de leur travail et ils ont “fabriqué” l’histoire, ils ont travaillé en groupe malgré les différences de niveau et d'affinité et surtout ils ont reçu le 1er prix dans la catégorie 5, travail collectif, à l’échelle départementale et pu assister à la remise des prix à la préfecture de Seine et Marne. La remise d’une mention par le jury national dans la catégorie travail collectif en octobre 2014 a été une réelle surprise même si elle est arrivée un peu tard … ils sont déjà tous au lycée maintenant !