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Plaque à la mémoire des élèves du Lycée Molière mortes pour la France, Paris 16e

Légende :

Plaque à la mémoire des élèves et anciennes élèves du collège et Lycée Molière mortes pour la France, située 71, rue du Ranelagh, Paris XVIe

Genre : Image

Type : Plaques

Producteur : Anne-Marie Poutiers

Source : © Association des anciennes élèves du Lycée Molière Droits réservés

Détails techniques :

Photographies numériques en couleur (voir verso).

Date document : 2015

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

Cette plaque de marbre est installée le 2 juillet 1947 sur l’initiative de la présidente de l’Association de l’amicale des anciennes élèves, Marguerite-Marie Chalufour, lors d’une célébration réunissant notamment le ministre de l’Éducation nationale Marcel-Edmond Naegelen et Gilberte Brossolette, qui dévoile la plaque ; un chant choral est récité et une élève lit le poème Auschwitz de Louis Aragon.


Contexte historique

Lors de la rentrée des classes de 1939, la cantine du lycée est transférée à l’Institution Boileau et remplacée par trois salles de classe aux parois mobiles, qui, détachées, permettent de créer une salle des fêtes occasionnelle. Alors que la guerre éclate, le ministre Yvon Delbos ferme le lycée, les caves n’étant pas assez solides pour accueillir les élèves lors de bombardements, les usines Citroën n’étant pas très éloignées.
Claudine Planus, une élève de troisième, incite alors ses camarades à suivre l’action d’Igor de Schotten (son futur mari), élève au lycée Janson-de-Sailly, et à aller défiler avec d’autres étudiants, en remontant les Champs-Élysées et déposer une croix de Lorraine au pied de l’Arc de triomphe, le 11 novembre 1940, malgré l’interdiction des autorités. Les jeunes filles sont ainsi représentées dans le défilé.
La directrice, Mlle Lagarce, se replie avec l’autorisation du rectorat à Hardricourt, près de Meulan (alors en Seine-et-Oise, depuis les Yvelines), au château des Tourelles, une pension pour enfants abandonnés. Par la force des choses, le lycée improvisé devient mixte et accueille deux cent cinquante élèves de lycées différents, de la sixième à la terminale (avec les professeurs du lycée Molière et un du lycée Victor-Hugo).
M.-L. Rançon note : « Les locaux étaient petits, les salles peu nombreuses. Un escalier en colimaçon reliait les différents étages. Mais la maison possédait un très grand parc ombragé d’arbres magnifiques. Malgré quelques points noirs, l’opération semblait possible, mais il fallut d’abord que les agents du lycée fassent un nettoyage en règle des lieux avant que l’on puisse ouvrir le « Molière de Meulan » ».
La directrice loge sur place, des professeurs sont installés en ville et les élèves viennent le matin à bicyclette depuis Paris. Une ambiance plus familiale se crée, Mlle Lagarce n’hésitant pas à enseigner elle-même la chimie. L’établissement provisoire se situe néanmoins près d’une usine d’hydravions, ce qui amène les élèves à construire des tranchées dans lesquelles se cacher en cas de bombardement, aidés bientôt par des ouvriers espagnols au chômage ; tous voient se dérouler la guerre : les avions allemands puis l’exode des populations belges et du Nord de la France ainsi que des soldats, dont certains, recueillis au champ de course de Meulan (à deux kilomètres), amènent les élèves à aider à la préparation des repas.

Pendant ce temps, le vrai lycée subit l’assaut des bombes ; une galerie, deux salles de classes et les cuisines sont détruites. Près du château aussi, le pont reliant Meulan aux Mureaux est détruit lui aussi et le rectorat somme la directrice de revenir à Paris. Tous rentrent en train et trouvent le lycée fermé. Ils doivent ensuite rejoindre le lycée de jeunes filles de Bordeaux. Cela n’est que provisoire et tous reviennent ensuite à Paris.

Sous l’Occupation, les cours du lycée ont lieu dans une partie du lycée Janson-de-Sailly, avec les élèves du lycée Jean-de-La-Fontaine (pendant les vacances, pour éviter que le lycée ne soit réquisitionné), puis retrouvent le lycée Molière, lors de la rentrée scolaire d’octobre 1941.
Pendant l’hiver 1942, les salles ne sont pas chauffées. L’heure allemande instaurée, modifiant les pendules françaises de deux heures, amène les élèves à commencer les cours très tôt et parfois dans le noir, en raison des réverbères coupés et des lumières éteintes. Parfois, des bombardements ont lieu (bien qu’il faille distinguer les préalertes des alertes) et amènent toute la population du lycée à descendre dans les caves de l’établissement (pour les petites classes) ou celles, plus nombreuses, de la rue du Ranelagh ou de la rue Gustave-Zédé (pour les écoles des classes secondaires) ; certains cours y sont même poursuivis par des professeurs zélés.

Une ancienne élève parle de cette période, « où les cours se passaient souvent dans la cave… et où les « étoiles jaunes » disparaissaient au fil des jours ».
Une plaque, derrière le hall, rappelle le nom des quarante-deux élèves ou anciennes élèves (de 12 à 30 ans) décédées pendant la guerre : « À la mémoire des anciennes élèves du lycée Molière mortes pour la France, 1939-1945 » ; on compte une ambulancière tuée au front, deux tuées pendant des bombardements, 8 résistantes mortes en déportation ou abattues (dont Marietta Martin) et 31 juives mortes en déportation (dont Erma Abelson, élève entre 1930 et 1938, qui se livre elle-même à la Gestapo après avoir appris l’arrestation de sa mère).
D’anciennes élèves s’engagent aussi dans la Résistance (comme Yvette Farnoux) ainsi que des professeurs (Mme Vacher, alors professeur de mathématiques, est arrêtée alors qu’elle œuvrait pour le groupe du musée de l’Homme et incarcérée au fort de Romainville).


D'après le site Wikipedia, consulté le 10 février 2015.
Bulletins de l’Association amicale des anciens et anciennes élèves du lycée Molière,
et Marie-Louise Rançon, Femmes savantes II.