Analyse média

D’après sa signature, ce tract émane du mouvement Résistance, créé en région parisienne à l’automne 1942, et qui se développe en zone nord par la diffusion d’un journal qui porte le même nom. Ce mouvement prend la relève du mouvement Valmy démantelé en 1941: comme ce dernier, il recrute d'abord dans le milieu démocrate-chrétien et proclame son attachement à la République. Par l’en-tête à Croix de Lorraine, il affirme son ralliement au général de Gaulle.

Ce type de tract est destiné à une diffusion personnalisée (envoi postal ou boîte aux lettres) ; la bordure noire, en forme de faire-part de deuil, ne laisse guère de doute sur la sanction qui menace le destinataire « en cas de récidive ».

Contexte historique

Ces tracts d’avertissement se multiplient en 1943 et 1944, dès lors que la victoire alliée devient probable, mais aussi dans un contexte où la Résistance apparaît comme une force qui compte, multipliant sabotages et coups de mains. La crédibilité de ces avertissements est d'autant plus grande que les résistants n'hésitent pas à les mettre à exécution.

Au total, avant le débarquement de Normandie, ce sont sans doute plus de 2500 collaborateurs qui sont exécutés par la Résistance, qu’ils soient des auxiliaires appointés par les Allemands, des dénonciateurs occasionnels, des militants des groupes collaborationnistes - engagés alors directement dans la répression anti-résistante -, des policiers ou des magistrats de Vichy participant à cette même répression.

On ne peut comprendre cette intensité de la lutte contre les collaborateurs, si on n’a pas à l’esprit le rôle déterminant de ceux-ci dans le démantèlement de nombreux groupes résistants, dû à l’inégalité du rapport de forces : ces groupes sont à la merci d’une seule dénonciation, d’un seul infiltré.