Pierre de Vomécourt

Légende :

Pierre de Vomécourt, chef du réseau Autogiro du Special Operations Executive

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © National Archives, Londres Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : sans date

Lieu : France

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Contexte historique

Pierre de Crevoisier, baron de Vomécourt, est né le 1er janvier 1906 à Chassey-les-Montbozon (Haute Saône). Pendant la guerre de 1870, son arrière-grand-père fut tué par les Prussiens. En 1914 son père, engagé volontaire à l'âge de 45 ans, meurt au combat.

En 1939, il est affecté au Centre d'instruction des candidats élèves officiers à Laval puis le 15 janvier 1940 il devient officier de liaison auprès d'une unité des forces expéditionnaires anglaises. Il quitte Cherbourg pour l'Angleterre le 17 juin 1940 à bord d'un bâtiment britannique. A son arrivée à Southampton, il est immédiatement interrogé par la police militaire britannique. Il décide d'offrir ses services au général de Gaulle et réussit après quelques difficultés à s'entretenir avec le chef de la France Libre. De Vomécourt lui présente un plan de résistance clandestine et d'actions de sabotage en France, proposant de retourner volontairement en territoire français pour organiser ces opérations. Le Général lui répond alors que de telles activités auraient seulement pour effet des représailles de la part des Allemands et par conséquent d'engendrer au sein de la population un climat d'hostilité envers lui. De Vomécourt décide alors de se tourner vers les Anglais mais il y reçoit le même accueil. Il s'engage alors comme simple soldat dans l'armée britannique. Quelques temps plus tard, il apprend la création du SOE, dont le but est le même que celui de la proposition qu'il avait faîte au général de Gaulle. Il rejoint cet organisme et devient le premier agent de la section française du SOE.

Le 10 mai 1941, il est parachuté en France près de Châteauroux (Indre). Il rejoint son frère Philippe qui a une propriété à Brignac, près de Limoges. Pierre lui propose de travailler avec lui pour le SOE ; Philippe accepte. Leur frère aîné, Jean, se joint également à eux.  Ils commencent alors à organiser leur réseau qui reçoit le nom d'Autogiro. Au début de l'été 1941, une réunion est organisée à Chateauroux avec les trois frères de Vomécourt et deux autres agents du SOE, Georges Bégué (parachuté le 5 mai 1941 en Dordogne) et Roger Cottin (parachuté le 13 mai 1941). Il est décidé que les trois frères montent trois réseaux distincts à Pontarlier pour Jean, Limoges pour Philippe et Paris pour Pierre (assisté de Cottin et Bégué).

Le 24 octobre 1941, Georges Bégué est arrêté par les Allemands. De Vomécourt doit trouver un nouvel opérateur radio. Par l'intermédiaire de Michel Brault, il entre en contact avec un réseau de renseignement composé d'anciens officiers polonais et en liaison directe avec l'Intelligence Service, le réseau Interallié. Le 26 décembre 1941, il est présenté, sous le pseudo de Lucas, à Mathilde Carré, adjointe du chef du réseau Interallié et agent double travaillant pour l'Abwehr. Le 31 décembre, Mathilde Carré fait transmettre le premier message vers Londres pour le compte du réseau "Lucas". Confondu par de Vomécourt qui a de plus en plus de doutes sur elle, Mathilde Carré lui dévoile la vérité sur son rôle d'agent double et sur son travail pour le compte d'Hugo Bleicher. De Vomécourt décide alors de retourner la situation en sa faveur en laissant croire aux Allemands qu'ils manipulent toujours le réseau Interallié.

Avec l'accord de Bleicher, Mathilde Carré accompagne Pierre de Vomécourt à Londres dans la nuit du 26 au 27 février 1942. A Londres, Mathilde Carré fournit aux officiers de renseignements britanniques tous les renseignements qu'elle connaissait sur l'organisation allemande de l'Abwehr à Saint-Germain-en-Laye indiquant les noms des officiers allemands qu'elle avait côtoyés.

Pierre de Vomécourt, voulant venir en aide à son ami Cottin resté à Paris, est parachuté en France le 2 avril 1942 près de Brignac. De Là, il revint à Paris pour retrouver Cottin. Mais celui-ci est étroitement surveillé par la Gestapo, sans que l'Abwehr n'en soit informé, puis arrêté.

Le 25 avril 1942, Pierre De Vomécourt est interpellé à son tour et interné 18 mois à Fresnes avant d'être déporté le 13 octobre 1943 à la forteresse de Colditz. Il est libéré le 29 juin 1945 par la 9e armée américaine. Pierre de Vomécourt est décédé à Paris en 1965.

Mathilde Carré, "La Chatte", ne reviendra en France qu'à la Libération pour être jugée après une détention débutée le 1er juillet 1942 en Grande-Bretagne. Elle fut condamnée à mort en 1949, puis sa peine fut commuée en 20 ans de travaux forcés par le Président de la République Vincent Auriol. Elle fut libérée le 7 septembre 1954 après avoir passée douze ans en prison depuis le jour de son arrestation à Londres.

Georges Bégué, interné au camp de Mauzac en mars 1942, parvient à s'en évader le 16 juillet 1942. Il décide alors de rejoindre l'Espagne par les Pyrénées. Arrêté à Figueras, il est interné au camp de Miranda. Bégué parvient ensuite à rejoindre l'Angleterre en octobre 1942. Il est décédé en Virginie (Etats-Unis) le 18 décembre 1993.


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie :
Service historique de la Défense, dossier individuel de Pierre de Vomécourt ; synthèse des dossiers d'homologation des réseaux réalisée par le commandant Housset.
Service historique de l'armée de terre, historique du réseau Lucas.
E.H. Cookridge, Mettez l'Europe à feu. Organisation et action du SOE en Europe occidentale (1940-1945), Paris, Fayard, 1968.
E. G. Boxshall, Chronology of SOE operations with the Resistance during world war II, non publié.
Notices nécrologiques de Georges Bégué parues dans le Daily Telegraph du 29 janvier 1994 et dans The Times du 2 février 1994.