Bulletin intérieur de l'AS, n°4
Genre : Image
Type : Presse clandestine
Source : © gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Droits réservés
Détails techniques :
Journal ronéotypé
Date document : Fin juillet 1943
Lieu : France
Analyse média
Contrairement à de nombreux autres journaux clandestins, le Bulletin intérieur de l'AS (Armée secrète) est exclusivement à usage interne comme le souligne l'éditorial de ce numéro 4 : "Mais attention, le bulletin n'est pas un organe de propagande destiné au grand public. Les chefs d'unité devront veiller à la fois à ce qu'il soit lu attentivement par tous les membres de l'AS et à ce qu'il ne sorte pas de nos rangs. Les plus graves inconvénients pourraient résulter des négligences à ce sujet."
Dans ce numéro non daté (probablement fin juillet 1943), sont exposés : la position de l'AS vis-à-vis du contexte militaire en France et à l'étranger et ses objectifs ("L'AS groupe sur le sol national, les éléments combattants des Fronts de Résistance Unis, qui veulent chasser l'envahisseur. Elle n'est au service ni d'une puissance étrangère, ni d'un parti politique, ni d'un clan militaire. Mais elle a une politique : la libération". La seconde colonne de la première page évoque la vie de l'AS : effectifs, organisation, renseignements...
Au verso, un article est consacré à la nécessité de l'action immédiate : "C'est grâce à elles [les petites actions] que la collaboration a été tuée dans l'oeuf. C'est grâce à elles que nos oppresseurs hitlériens et vichyssois tremblent devant la réaction prochaine du peuple français qu'ils doivent immobiliser des effectifs militaires et policiers importants, que les soldats allemands boivent leur demi derrière une grille comme des bêtes en cage. C'est grâce à elles que le peuple français garde courage et confiance dans ses propres forces pour sa libération".
La dernière partie du bulletin est consacrée à des informations diverses sur la situation dans le monde.
Fabrice Bourrée
Contexte historique
Si la lutte armée n'est pas, dès le début, intégrée dans la stratégie des pionniers de la Résistance, très vite la nécessité d'action s'impose et pousse les mouvements Combat et Liberté à créer une structure dénommée "Choc" pour le premier, des Groupes-francs pour le second. Au printemps 1942, Henri Frenay décide de restructurer les formations paramitaires de Combat et crée une Armée secrète, avec un état-major dirigé par François Morin.
La constitution d'une Armée secrète unique, fédérant toutes les formations paramilitaires de zone sud, fait partie des missions de Jean Moulin. Le général Delestraint est nommé commandant de l'AS en octobre 1942 ; il fait en France un remarquable travail d'organisation en mettant en place des commandements régionaux et départementaux unifiés.
L'organisation et les missions de l'AS sont l'objet de nombreux débats, notamment entre Frenay, partisan de l'action immédiate, et Jean Moulin et le général Delestraint qui y sont opposés. Le 21 mai 1943, une directive secrète du général de Gaulle à Delestraint affirme le principe "de la nécessité des actions immédiates". L'arrestation de Delestraint le 9 juin 1943, puis celle de Jean Moulin, mettent fin à l'AS dans sa version première. Le comité directeur des MUR procède au remplacement de Delestraint par Dejussieu-Pontcarral en juillet 1943. L'action immédite est dorénavant le mot d'ordre des nouveaux dirigeants de l'AS.
D'après François Marcot, "Armée secrète" in Dictionnaire historique de la Résistance, Robert Laffont, 2006.