Réunion à Berlin des représentants des pays alliés, 5 juin 1945
Légende :
Sur le perron du quartier général des forces soviétiques à Berlin, les quatre membres de la commission de contrôle interalliée de l'Allemagne posent pour les photographes ; de gauche à droite, le maréchal britannique Bernard Law Montgomery, le général américain Dwight Eisenhower, le maréchal soviétique Gheorghi Joukov et le général de Lattre de Tassigny.
Genre : Image
Type : Photographie
Producteur : Photographe V. Verdu.
Source : © ECPAD Terre 10570 G4 Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Date document : 5 juin 1945
Lieu : Allemagne
Contexte historique
Depuis l'entrée en guerre des Etats-Unis jusqu'au printemps 1945, la guerre contre l'Allemagne nazie était dominée par les Trois Grands – Churchill, Roosevelt et Staline – et dans les plans d'occupation de l'Allemagne qu'ils avaient élaborés en 1943-1944, trois zones étaient prévues et trois secteurs à Berlin. Lors de la conférence de Yalta en février 1945, ils décidèrent d'associer la France au futur conseil de contrôle allié en Allemagne. Le 8 mai 1945, la France fut aussi admise, comme témoin signataire, à l'acte de capitulation à Berlin-Karlshorst, mais les textes officiels de l'acte de capitulation étaient rédigés en anglais, en russe et en allemand.
La France participa à la réunion de Wendenschloss, le 5 juin 1945, où furent scellés la défaite et le principe de l'administration interalliée de l'Allemagne. Mais elle ne fut pas invitée à participer à la conférence de Potsdam, en juillet 1945, où les Trois Grands – Staline, Truman (en remplacement de Roosevelt mort en avril) et Churchill, puis Attlee pour l'Angleterre – définirent les grandes lignes de la politique à mener en Allemagne. Le 11 juillet eut lieu la première réunion du commandement militaire interallié pour le Grand-Berlin, avec des représentants des quatre puissances, mais ce n'est que le 30 juillet que fut défini le secteur attribué à la France, constitué des arrondissements de Wedding et de Reinickendorf, prélevés sur le secteur britannique. Si la France obtint finalement une place dans le système d'administration de l'Allemagne et de Berlin, aux côtés des Etats-Unis, de la Grande Bretagne et de l'Union soviétique, c'est à la fois du fait que les armées françaises avaient participé, à partir du printemps 1944, à la guerre contre l'ennemi commun, mais aussi et surtout parce que les Anglais y étaient particulièrement intéressés. Ils étaient attachés à la restauration de la France comme puissance européenne, de façon à ce qu'il n'y ait pas un vide entre leur pays et l'Allemagne. Ni les Américains ni les Russes n'y étaient favorables – que pesait l'armée française en face de la puissante Armée rouge ou de l'armée américaine ?
Les forces armées françaises arrivèrent à Berlin le 12 août 1945, sous le commandement du général Geoffrey de Beauchêsne et elles prirent leurs quartiers dans la caserne Hermann Göring, rebaptisée Quartier Napoléon (le long de l'actuel Kurt-Schumacher-Damm).
Par delà quelques divergences, liées notamment à ses réticences à favoriser la restauration d'un Etat allemand puissant à ses frontières, la France fit cause commune avec les deux autres alliés occidentaux, face à l'Union soviétique, au fur et à mesure que les divergences entre Est et Ouest s'amplifièrent. L'administration quadripartite de la ville prit fin de fait en 1948, en liaison avec la réforme monétaire et le blocus des secteurs occidentaux de Berlin par les Soviétiques, mais les responsabilités des quatre puissances pour Berlin et pour l'Allemagne ne prirent formellement fin qu'en 1990, avec les accords dits "2+4" entre eux et les deux Etats allemands et la réunification du pays et de la ville. Les dernières troupes françaises quittèrent Berlin en 1994.
Site de Jacques Poitou, "De Berlin à Berlin"