Pierre Archambault
Légende :
Pierre Archambault, membre du mouvement Libération-Nord et du réseau CND-Castille en Indre-et-Loire (secteur de Tours) et préfet intérimaire à la Libération - sans date
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Archives municipales de Tours - Fonds Jean Meunier - 5Z12 N27 Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc.
Date document : Sans date
Lieu : France - Centre - Val-de-Loire (Centre) - Indre-et-Loire - Tours
Contexte historique
Né le 24 juin 1912 à Tours, Pierre Archambault a, dès son plus jeune âge, cultivé sans le savoir, la formule chère au général de Gaulle : " Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France ".
Tout jeune, élevé dans une famille de petits commerçants, il fréquente les écoles chrétiennes et milite à l'Action Catholique de la Jeunesse française (ACJF), avec le révérend-père Bernard de la Perraudière. C’est, du reste, l’influence du père de la Perraudière, aumônier diocésain, qui détermina Pierre Archambault dans ses choix et précisa la nature de ses engagements. Ainsi devient-il, après-guerre, l’un des refondateurs de l’ACJF en Touraine. Ce fut l’occasion pour lui de se déterminer face au matérialisme ambiant, au collectivisme et à l’environnement anti-chrétien.
En effet, c’est à l’initiative du père de la Perraudière, qui voulait faire renaître les cercles Rivain des années 30, que les participants se réunissent pour envisager quoi faire pour s’opposer à la mainmise allemande sur les organisations françaises, venir en aide aux plus déshérités, permettre à ceux qui étaient traqués par la police allemande, notamment aux prisonniers de guerre évadés, aux parachutistes anglais et aux agents de la France libre de franchir clandestinement la ligne de démarcation. On y discutait ferme dans un esprit de grande concertation et d’ouverture sur la légitimité du gouvernement du maréchal Pétain et envisageait les solutions à adopter pour faire échec à l’occupant.
Il est ensuite mobilisé dans le cadre du 13e régiment de tirailleurs algériens à Chatellerault.
En 1937, il entre à l’agence Havas, agence d’information et de publicité. Il suit aussi les cours de journalisme à l’Ecole universelle et de gestion à l’Ecole d’organisation scientifique du travail.
La fin des années 30 le trouvent correspondant de plusieurs journaux parisiens et régionaux et animant un groupe de réflexion contre le nazisme et le fascisme menaçants. Ce groupe rassemble notamment des jésuites, des francs-maçons, des modérés. Il fait la connaissance de Michel Debré, membre du Conseil d'Etat, et de Jean Meunier, député SFIO.
En 1941, proche de Jean Meunier, il rejoint le mouvement Libération-Nord, formé d’une majorité de socialistes et de modérés d’aspiration chrétienne. Il s’engage, l'année suivante, dans le réseau Confrérie Notre-Dame-Castille (CND) comme agent P1, puis P2, sous le pseudonyme de Beauchamp.
Jean Meunier cumule la responsabilité départementale des deux entités dans le département.
C’est Pierre Archambault qui réalise la prise de contact de Jean Meunier avec les pères jésuites de la Perraudière et de Solages.
Il doit notamment sa "couverture" à Albert Montenay, grand industriel, auprès de qui il travaille. Dans l'ombre, il sauve des juifs, fait passer la ligne de démarcation, abrite des parachutistes anglais ou de la France libre, transmet des renseignements à Londres. Sa famille échappera trois fois à la Gestapo à Tours et à Fondettes, avant d'être cachée à Semblaçay par la famille Allot.
Collecteur de renseignements civils et militaires, il contribue à la création du commandement militaire de l’Armée secrète en Indre-et-Loire.
Clandestin dès le début de l’année 1944, caché à Fondettes qu’il quittera le 6 juin 1944, date du débarquement de Normandie, il se fixe à Semblançay, où les Américains débarqués prennent contact avec lui, forme un groupement de FFi, enfin, gagne Saint-Antoine-du-Rocher et Neuillé-Pont-Pierre.
Il prend contact avec les différentes formations militaires de Beaumont-la-Ronce et de Château-la-Vallière, dont beaucoup ont subi des coupes sombres exercées dans leurs rangs par la Gestapo. Le commandant Bourgouin, dit Balzac, lui rend visite ; il renoue des relations avec Michel Debré commencées en 1938, et rencontre des officiers américains au Mans.
De Courcel, directeur du cabinet du général de Gaulle, le reçoit : il est alors chargé des fonctions préfectorales le 18 août par Michel Debré, commissaire de la République à Angers pour la partie Nord de l’Indre-et-Loire libérée. Avec l’aide du commandant Cochard, il s’installe à la mairie de Neuillé-Pont-Pierre et s’efforce de répondre aux besoins vitaux de la population.
Nommé par le GPRF, il devient donc préfet intérimaire en août 1944 en attendant le premier préfet de la IVe République, Robert Vivier.
Tandis que Michel Debré l’invite à poursuivre dans la voie préfectorale, Pierre Archambault décline son offre, poussé par sa passion du journalisme. Il fait finalement partie de l’équipe municipale du maire de la Libération, Jean Meunier, dont il est adjoint à la Culture et aux Sports.
Appelé selon ses vœux à la direction de La Nouvelle République, il est nommé directeur du journal par le préfet Vivier, nomination confirmée par décret gouvernemental signé Teitgen, au nom du général de Gaulle.
Il est ensuite secrétaire-adjoint du Syndicat des quotidiens régionaux, puis vice-président de la Presse démocratique et fonde le Syndicat national de la presse quotidienne régionale, dont il est président pendant plus de vingt ans.
Administrateur de la Caisse de retraite de la presse française, il participe au centre de formation des journalistes, créé par Philippe Viannay, fondateur du mouvement Défense de la France ; il est membre du comité de direction de l’Institut français de presse. Il représente la presse écrite au conseil d’administration de l’ORTF à la demande personnelle de De Gaulle. Il est de plus membre du haut conseil de l’audiovisuel.
Il décède à Tours le 9 septembre 1988 et est enterré au cimetière Sainte-Radegonde de Tours.
Une place Pierre-Archambault a été inaugurée à Tours le 12 avril 2003.
Auteur : Paulina Brault
Sources :
Collectif, fascicule "Pierre Archambault (1912 - 1988) - Un homme libre face aux totalitarismes", Paris, sans date (2008 ?).
D'après les informations transmises par Yves Chanier, site Internet Réseau CND-Castille.