La 2e légion hindoue à Yzeures-sur-Creuse (Indre-et-Loire)
Légende :
Montage de photographies montrant la 2e légion hindoue à Yzeures-sur-Creuse, en Indre-et-Loire, sans date (vraisemblablement en 1944)
Genre : Image
Type : Montage de photographies
Source : © Archives municipales de Tours - Fonds Jean Meunier - 5Z6/1N196 Droits réservés
Détails techniques :
Montage de photographies analogiques en noir et blanc.
Date document : Sans date
Lieu : France - Centre - Val-de-Loire (Centre) - Indre-et-Loire - Tours
Contexte historique
À côté des 400 000 allemands d’origine, 600 000 étrangers en provenance de plus de trente nations ont pu s’engager dans la Waffen SS parmi lesquels on compte, à la fin de la guerre, près de 5 000 Indiens dont 59 % d’Hindous, 25 % de musulmans, 14 % de Sikhs, et 2 % de bouddhistes et chrétiens.
Au départ, la Freies Indien Legion, ou Indisches Infanterie Regiment 950, parfois encore appelée Legion Hazad Hind est composée de membres recrutés sous l’autorité du leader indépendantiste Subhash Chandras Bose dans les camps de prisonniers en Afrique du Nord pour combattre les Britanniques et gagner l’indépendance de leur pays en marchant sur l’Inde à travers la Perse (l’Iran actuel) depuis le Caucase. Bose avait obtenu des autorités allemandes, très intéressées par ses projets, qu’ils ne seraient pas engagés contre les troupes des autres pays alliés, et en particulier pas sur le front de l’Est.
Une première unité dépendant de la Wehrmacht voit le jour en 1942. Sa mission initiale est de servir de vitrine et recruter de nouveaux volontaires à partir de Frankenberg, près de Chemnitz où elle est stationnée. En août 1942, la Légion est déplacée à Königsbrück, un grand centre d’entraînement, où, le 26 aout, les légionnaires prêtent serment. Ils portent l’uniforme allemand assorti d’un écusson tricolore spécifique cousu à mi-bras droit de la vareuse, auquel est surajouté le motif central d’un tigre bondissant, rehaussé de la mention Freies Indien en caractères noirs sur fond blanc. Les soldats sikhs sont par ailleurs autorisés pour des raisons religieuses à porter leur turban (d’une couleur appropriée à leur uniforme) au lieu de la casquette réglementaire.
En décembre 1942, l’Unité, forte alors de 3 500 hommes est composée de 3 bataillons, de 4 compagnies chacun, d’une compagnie d’artillerie (Infanteriegeschütz Kompanie 13) réunissant 6 canons de 75 modèles 18, d’une de canons antichars (Panzerjäger Kompanie 14), et enfin la Pionier Kompanie 15 réunissant les troupes du génie. Partiellement motorisé, le régiment sera plus tard renommé comme une unité de Panzer grenadier. On l’envoie aux Pays Bas avant de la transférer en France, où on l’affecte à la surveillance du Mur de l’Atlantique à Lacanau, en Gironde, où elle sera inspectée par le General Feldmarschall Rommel.
Le 8 aout 1944, elle passe sous le contrôle de la Waffen SS. Elle est placée sous le commandement du SS oberführer Heinz Bertling, sous le nom de l’Indische Freiwilligen Legion des Waffen SS.
Quelques jours plus tard, la Légion entame son repli vers l’Allemagne. Le périple commence en train mais, alors que le débarquement des Forces alliées vient d’avoir lieu en Normandie, les maquis deviennent très actifs et le convoi est stoppé. La Légion, qui n’avait jusque là jamais été exposée au feu est violemment attaquée par les FFI. Le 1er bataillon est temporairement cantonné dans la région de Mansles (Charente), le 2e à Angoulême (Charente) et le 3e à Poitiers (Vienne), parant aux attaques des maquisards.
Après avoir été sans arrêt harcelés par la Résistance qui faisait « régner à l’intérieur de la zone une insécurité totale »., les légionnaires reprennent leur retraite vers l’Allemagne affrontant des forces ennemies à plusieurs reprises et livrant des combats d’arrière-garde avec une bravoure exemplaire. Pendant ce temps, le 19 septembre 1944, un ou plusieurs camions transportant des prisonniers indiens capturés dans la région de Montmorillon par des FFI s’arrêtent sur la place d’armes de Poitiers. Des tracts avaient été imprimés appelant les soldats allemands, russes et indiens à déserter ; il est probable que certains des prisonniers s’étaient en fait rendus contre l’assurance d’avoir la vie sauve. Mais des coups de feu claquent. Le journal local La Nouvelle République du 20 septembre écrit : « Les Poitevins qui n’oublient pas les atrocités commises par ces ignobles individus eurent vite fait d’encercler le camion. Un sous-officier en fit descendre deux des prisonniers qui furent exécutés pendant que dans le camion, des coups de feu éclataient, tirés par des FFI. Certaines victimes de ces abominables individus étaient vengées. » Selon un rapport des Renseignements Généraux en date du 20 septembre 1944 (archives de la Vienne) « …19 SS dont 18 Hindous ont été exécutés ce jour-là… ».
En essayant de trouver refuge en Suisse, la plupart des légionnaires sont faits prisonniers par des unités américaines et françaises. Il est allégué qu’un certain nombre de ceux qui tombèrent entre les mains des Français furent abattus, notamment par les Marocains des Forces françaises après leur reddition, mais sans que cela donne lieu à une enquête. Les survivants, remis aux Britanniques, quand ils ne furent pas tirés comme des lapins par ces derniers, furent ramenés en Inde et maintenus en détention au Fort Rouge à Delhi. Promis à être jugés pour haute trahison, ils furent pourtant tous libérés dès 1946 sous la pression de la population.
D'après le blog Le chemin sous les buis, consulté le 6 août 2018.