Plaque à la mémoire de Claude Cellier, Gentilly (Val de Marne)
Légende :
Plaque commémorative apposée à l’entrée du pavillon de garde du cimetière de Gentilly
Genre : Image
Type : Plaque commémorative
Producteur : Claude Richard
Source : © Collection Claude Richard Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur
Date document : 2015
Lieu : France - Ile-de-France - Val-de-Marne - Gentilly
Analyse média
" À la mémoire de notre regretté camarade Claude Cellier, ancien conservateur du cimetière, exterminé par les nazis dans le camp de la mort d’Auschwitz, mort pour la France "
Contexte historique
Claude Cellier est né le 13 août 1897 chez ses parents au lieu-dit Malataverne à Messimy (Rhône). À seize ans, il devint clerc d’avoué et fréquenta des cours de droit jusqu’au 15 janvier 1915, date de son service militaire au 30e Régiment d’infanterie à Annecy (Haute-Savoie) jusqu’en 1916, où il servit à Chambéry au 97e RI. Il partit alors au front et fut fait prisonnier de guerre au Chemin des Dames le 22 juin 1917. Rapatrié le 2 décembre 1918, il fut démobilisé le 1er juillet 1919. Il entra le 7 juillet à la Compagnie du PLM comme homme d’équipe au service d’exploitation de Lyon. Congédié pour raison de grève, le 30 avril 1924, il devint permanent syndical. Le 28 mai 1920, il adhéra au parti socialiste SFIO où il lutta pour l’adhésion à la IIIe Internationale. Il était secrétaire adjoint de la sous-section de Saint-Just (…). Il participa à tous les congrès nationaux du PC, à partir de celui de Paris d’octobre 1922 jusqu’au 7e en 1932. (…). Il fut élu en 1925 au comité régional du parti et réélu par la conférence régionale tenue à Lyon le 24 janvier 1926. Il était aussi membre du bureau régional du Parti.
Il avait adhéré dès le 1er septembre 1919 au syndicat des cheminots de la Compagnie PLM où il était entré en juillet. Ayant participé activement aux grèves de février et surtout mai 1920, il « remplaça les anciens dirigeants syndicaux qui étaient défaillants » et entra au Conseil d’administration du syndicat. Il passa à la CGTU en 1922. Il fut nommé en août 1923 à la commission de propagande de la CGTU du Rhône.
En novembre 1923, il était secrétaire du Syndicat unitaire des cheminots de Lyon et créait un « Comité de gare » à Lyon-Perrache qui fit arrêter le trafic de cette gare pendant 3/4 d’heure en avril 1924. Cette action entraîna la révocation de Claude Cellier par la Compagnie PLM le 30 avril 1924. Le 1er juin 1924, il était désigné, par le Congrès de l’Union des syndicats unitaires du PLM, secrétaire permanent de l’Union. Il conserva cette responsabilité jusqu’en 1928.
Claude Cellier quitta ensuite Lyon au moment de son mariage et s’établit dans la région parisienne. Il épouse Suzanne, Clémence Constant le 11 février 1933 à Lyon. Claude Cellier vient s’installer à Cachan (Seine / Val-de-Marne), après son mariage. Il s’implique dans l’activité du Parti communiste local. Il est tête de liste communiste aux élections municipales des 5 et 12 mai 1935. Il est considéré par les Renseignements généraux comme un militant communiste de Cachan. Le couple habite à Gentilly à partir de 1935 (Seine / Val-de-Marne) où Claude Cellier est employé par la municipalité communiste comme conservateur du cimetière communal. Le couple habite - au moins depuis le 4 octobre 1935 - le logement de fonction du pavillon d’accueil du cimetière, au 9 rue Sainte-Hélène à Gentilly, au moment de son arrestation.
Claude Cellier fut mobilisé en 1939 au fort Lamothe à Lyon (il n’est en fait « rappelé à l’activité » que le 23 février 1940 au dépôt d’infanterie n°142 : sur son livret militaire, son adresse est en effet notée depuis 1936 à « Paris » 9 rue Sainte-Hélène au lieu de Gentilly) et contribua alors à organiser l’action clandestine du PC dans le Rhône. Démobilisé, il reprend son travail au cimetière de Gentilly. Mais il est surveillé par les Renseignements généraux parisiens, dont il est connu pour son activité militante à Cachan. Le 5 octobre 1940, il est arrêté par la police française dans le cadre de la grande rafle organisée, avec l’accord de l’occupant, par le gouvernement de Pétain à l’encontre des principaux responsables communistes d’avant-guerre de la région parisienne (Seine et Seine-et-Oise) : les militants parisiens sont regroupé au Stade Jean Bouin et sont emmenés par cars au CSS d’Aincourt. Au total, plus de 300 militants communistes, syndicalistes ou d’organisations dites «d’avant-garde», sont envoyés à Aincourt à partir du 5 octobre 1940. Dès le 6 octobre, Claude Cellier est révoqué par la « délégation spéciale » de Gentilly, mise en place par la Préfecture le 5 octobre 1939. Le 6 septembre 1941, Claude Cellier est transféré avec 148 autres internés administratifs d’Aincourt au camp de Rouillé (Vienne). Début mai 1942, les autorités allemandes adressent au commandant du camp de Rouillé une liste de 187 internés qui doivent être transférés au camp allemand de Compiègne (Frontstallag 122). Le nom de Claude Cellier (n° 48 de la liste) y figure. Le 22 mai 1942 c’est au sein d’un groupe de 168 internés qu’il est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Frontstalag 122).
Claude Cellier est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000». Ce convoi d’otages composé, pour l’essentiel, d’un millier de communistes (responsables politiques du parti et syndicalistes de la CGT) et d’une cinquantaine d’otages juifs (1170 hommes au moment de leur enregistrement à Auschwitz) faisait partie des mesures de représailles allemandes destinées à combattre, en France, les Judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Claude Cellier est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro «45346» selon la liste par matricules du convoi établie en 1974 par les historiens polonais du Musée d'Etat d'Auschwitz. Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks). Si nous n'avons pas de trace officielle de son affectation, quelques survivants qui l'avaient côtoyé à Aincourt ou Rouillé pensent qu'il reste à Birkenau. Claude Cellier meurt à Auschwitz le 10 août 1942 d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz.
Claude Cellier a été déclaré « Mort pour la France » et homologué comme « Déporté politique ». Une plaque commémorative est apposée à l’entrée du pavillon de garde du cimetière de Gentilly : « À la mémoire de notre regretté camarade Claude Cellier, ancien conservateur du cimetière, exterminé par les nazis dans le camp de la mort d’Auschwitz, mort pour la France ». Son nom est inscrit sur le monument situé dans le carré militaire du cimetière communal intitulé « A la mémoire de ceux de Gentilly exterminés par les Nazis dans les camps de la mort et qui n’ont pas de tombe ». En 1949, le conseil municipal de Cachan donne le nom de Claude Cellier à l’ancienne voie « sentier des Grands-Places ».
Biographie mise à jour en août 2015 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé).