Plaque en mémoire de Jean Prévost
Légende :
apposée par l'association Jean Prévost, le 23 juillet 2004, au lieu-dit les Vallets à Saint-Agnan-en-Vercors.
Texte :" Jean Prévost, écrivain, qui fut le capitaine Goderville a vécu dans cette maison. Combattant pour la Libération il est tombé, à 43 ans, au Pont Charvet, le 1er août 1944".
Genre : Image
Type : Plaque
Source : © Photo Gilles Vergnon Droits réservés
Date document : 2005
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Saint-Agnan-en-Vercors
Contexte historique
Prévost Jean (1901-1944)
Écrivain, membre du second comité de combat du Vercors, commandant de compagnie au maquis, tué le 1er août 1944.
Né le 13 juin 1901 à Saint-Pierre-lès-Nemours dans une famille d'enseignants, Jean Prévost passe son enfance à Goderville (Seine-Maritime). Après un parcours scolaire sans fautes (khâgne au lycée Henri IV, école normale supérieure en 1919), il préfère cependant le journalisme et l'écriture à l'enseignement. En 1939, il est déjà l'auteur reconnu d'une trentaine de titres où voisinent essais, romans et des centaines d'articles sur les sujets les plus divers (sport, cinéma, sciences, critique littéraire). En politique, il occupe une place originale : antifasciste mais pas antiallemand, pacifiste mais antimunichois, toujours républicain, il entend, à contre-tendance des engagements du moment, "se battre violemment pour des idées modérées".
Après sa démobilisation, il s'installe en septembre 1940 à Lyon avec Claude van Biéma, sa seconde femme, qu'il a épousée le 20 avril. Écrivant dans Paris-Soir, il achève une thèse sur "la création chez Stendhal" , soutenue le 9 novembre 1942 à Lyon. Travaillant à la bibliothèque de Grenoble sur les manuscrits de Stendhal, il visite régulièrement Pierre Dalloz, qu'il connaît depuis l'avant-guerre. Celui-ci l'informe un jour de 1941 de son projet d'utilisation militaire du Vercors. S'il rejoint le Comité national des écrivains à l'automne 1943, l'entrée effective de Jean Prévost dans l'action résistante passe par son engagement actif dans le second "comité de combat" du Vercors. Installé en juin 1943 avec ses deux fils, Alain et Michel, à Coublevie, près de Voiron (Isère) au pied du massif, il y monte chaque semaine à bicyclette, amenant tracts et journaux, parcourant les camps de réfractaires. Son entregent et son rayonnement personnel aident à renforcer la cohésion entre militaires de carrière et civils socialisants du mouvement Franc-Tireur.
Installé avec sa famille en avril 1944 dans une grande maison aux Vallets, près de Saint-Agnan-en-Vercors, il commande à partir de juin, sous le nom de "Goderville", une compagnie d'une centaine d‘hommes formée à partir de groupes-francs locaux. Engagés le 13 juin devant Saint-Nizier, ses hommes contribuent, avec les chasseurs alpins de Chabal, à repousser la première attaque allemande. En juillet, à la veille de l'offensive générale, sa compagnie tient la ligne de crête qui domine le val de Corrençon, de Bois Barbu au pas de la Sambue, un secteur particulièrement vulnérable de la ligne de défense, qu'il dirige de son PC installé dans la plaine d'Herbouilly, dans une ferme aujourd'hui en ruines.
Après la dislocation du maquis, Jean Prévost trouve refuge avec un petit groupe à la Grotte des Fées, au-dessus du hameau de La Rivière. Il tombe sous les balles le 1er août au Pont Charvet, près de Sassenage, avec quatre de ses camarades (André Jullien du Breuil, Afred Leizer, Charles Loysel et Jean Veyrat). Mort à 43 ans avec une oeuvre inachevée, Jean Prévost incarne l'écrivain-résistant tué au feu, comme Péguy, qu'il admirait et auquel on le compare à la Libération. Cette renommée a longtemps masqué une oeuvre en voie d'être redécouverte. Le lycée de Villard-de-Lans porte son nom depuis 1964 et, le 23 juillet 2004, l'Association Jean Prévost a fait apposer une plaque commémorative sur la maison des Vallets.
Principales oeuvres disponibles : La création chez Stendhal, Gallimard, Folio ; Dix-huitième année, Paris Gallimard, 1994 ; Les frères Bouquinquant, Gallimard, L'imaginaire , 1999 ; Le Sel sur la plaie, Paris, Zulma, 1993 ; La chasse du matin, Zulma, 1994 ; Du côté de Goderville, Fécamp, Les Falaises, 2002 ; Plaisirs des sports, Paris, La table ronde, 2003.
Auteur : Gilles Vergnon
Sources : DVD-Rom La Résistance
dans la Drôme et le Vercors, édition AERI-AERD, 2007.