"Aux morts de la Libération", Villeurbanne (Rhône)

Légende :

Monument aux morts de la Libération de Villeurbanne inauguré le 8 septembre 1946.

Genre : Image

Type : Monument

Producteur : Jean-Pierre Petit

Source : © Geneanet Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Rhône - Villeurbanne

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Analyse média

Dans l’immédiat après-guerre, à Villeurbanne comme ailleurs, il s’agit d’entretenir la mémoire des victimes du conflit. L'Etat et un comité mis en place par la municipalité de Georges Lévy passent commande d'un monument symbolique à installer sur ce qui est alors la place de la Libération, actuelle place Lazare Goujon, dont le financement serait complété par un appel à souscription. L'œuvre simple et puissante due au sculpteur Georges Salendre, inaugurée le 8 septembre 1946, est, depuis presque soixante-dix ans, l’un des centres de toutes les manifestations commémoratives d’anciens combattants.

Le sculpteur érige, « après une année de travail sur un bloc de pierre de Bourgogne de plus de vingt tonnes, la silhouette d’une femme coiffée d’un bonnet phrygien, qui s’avance, rude et volontaire, armée d’une mitraillette, ses chaînes brisées pendant encore à son bras, symbolisant d’une manière grandiose l’élan de la Résistance. »[4] En présentant la maquette,[5] Salendre explique pourquoi il a choisi « une figure naturelle, simple et à la fois puissante et dynamique pour évoquer et symboliser la Libération ». Il indique qu’il a « volontairement négligé les détails qui eussent atténué le caractère imposant qu’il entendait donner à la statue qu’il a coupée à mi-corps d’une masse rectiligne (la mitraillette et sa crosse) pour l’équilibre architectural et le mouvement ». La sculpture en elle-même est d’une hauteur de 3,45m et pèse environ 8 tonnes. Quant à la mitraillette, « ce n’en est pas une : c’est une construction de l’esprit qui veut et qui doit faire penser à une mitraillette ». Quand quelqu’un lui rétorque que l’« effigie proposée ne s’apparente pas à un type européen », il indique « qu’en réalité, c’est une tête de Bressanne qui a servi de modèle » mais « admet que le moulage a pu grossir certains traits ».

Une réunion du comité du 29 juillet 1946, posant la question essentielle des noms des victimes à inscrire sur les stèles, recommande de faire une interprétation large des morts, pendant la période d’occupation de 1940 à 1945, qu’il s’agisse des combattants résistants ou des passants tués par les balles de l’occupant pendant l’insurrection d’août 1944. Finalement, on convient qu’y figurent [6]« ceux qui, habitant Villeurbanne, ont été tués, fusillés ou qui sont décédés en déportation, ceux qui n’habitant pas Villeurbanne, y sont morts au cours de la Libération et aussi, ceux qui, habitant Villeurbanne, ont été tués ou fusillés hors de Villeurbanne ». La statue est donc flanquée de deux stèles où sont gravés 247 noms auxquels se sont rajoutées, depuis, d’autres victimes reconnues a posteriori. Enfin, autre symbole, au mois d’août 1951, à la suite d’une demande du Comité des familles de disparus, déportés, internés, résistants, est réalisée la gravure d’une inscription sur le socle, au préalable rehaussé : « La terre placée dans l’urne scellée sous ce monument provient des camps allemands d’extermination où périrent des centaines de nos concitoyens de 1943 à 1945 ».

Le 6 octobre 2006, 60 années après son installation, dans le cadre du réaménagement de la place Lazare Goujon, la statue de Salendre est soulevée et déplacée avec ses deux stèles, à quelques mètres de la pergola[8], devant la façade de l’hôtel de ville, à l’angle de la place et de la rue Paul-Verlaine.