Analyse média

Ce dessin, dont le titre est écrit de la main de l’auteur, inscrit l’œuvre dans un événement historique précis, alors même qu’elle pourrait avoir une portée générale et renvoyer à la guerre et aux désastres de tous ordres qu’elle occasionne. Le caractère expressionniste qui caractérise le dessin ne vient pas d’une appartenance de l’auteur à ce mouvement artistique, mais du caractère tragique de la scène et de la façon de la rendre au moyen d’une suite de traits orientés en un mouvement ascendant vers un ciel vide de tout avion, mais pourtant lieu d’origine du drame. Un landau abandonné mais qui n’est pas en rapport avec l’âge de l’enfant, probablement décédé, que tient la mère désespérée, tend à renforcer le caractère dramatique du dessin. Le cri que celle-ci lance n’est pas sans rappeler le personnage du tableau de Munch peint en 1893, qui porte justement comme titre « Le cri ».

Contexte historique

Le 27 mai 1944, à 10 heures 43, 134 bombardiers américains quadrimoteurs B24 déversent 288 tonnes de bombes sur Marseille, avec pour objectif la destruction de trois gares : la gare Saint-Charles, le gare de la Blancarde et, au dernier moment, la gare du Prado. La défense allemande obligeant les avions à voler en moyenne à 2 000 pieds et à bombarder en lâchant un tapis de bombes, sans tenir compte des dégâts collatéraux, d’autant plus possibles que les gares se trouvent à proximité de quartiers fortement peuplés, le bilan en pertes humaines est apparu disproportionné au vu des objectifs militaires attendus et réellement atteints.