"La Flamme", mémorial aux commandos français, Ouistreham (Calvados)

Légende :

Ensemble monumental situé boulevard Aristide Briand à Ouistreham

Genre : Image

Type : Ensemble monumental

Producteur : Fabrice Bourrée

Source : © Département AERI de la Fondation de la Résistance Droits réservés

Date document : 20 septembre 2015

Lieu : France - Normandie (Basse-Normandie) - Calvados - Ouistreham

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Analyse média

Elevé sur une coupole de tir, ce monument symbolique de la Libération est l’œuvre de l’artiste locale Yvonne Guégan. Sur le métal d’une flamme, vague ou étrave suivant l’interprétation de chacun, sont gravés les noms des 177 Français qui participèrent aux opérations militaires le matin du 6 juin 1944. Autour, dix petites stèles portent le nom des commandos tombés entre Colleville-Montgomery et Ouistreham, une autre rappelle le souvenir du commandant Philippe Kieffer. L’ensemble fut inauguré le 6 juin 1984 par le président François Mitterrand. C’est ici que chaque année, à la date anniversaire, les vétérans français se réunissent pour un émouvant hommage à leurs camarades disparus.


Contexte historique

D'origine alsacienne, Philippe Kieffer est né le 24 octobre 1899 à Port au Prince (Haïti). Très bon élève, il poursuit ses études aux Etats-Unis et est diplômé d'une école des Hautes études commerciales de Chicago. Très sportif et même athlétique, Philippe Kieffer est dans les années trente co-directeur de la banque nationale de la République d'Haïti et secrétaire de la chambre de commerce d'Haïti puis directeur de banque aux Etats-Unis. Rentré en France en mai 1939, il est mobilisé dans l'armée de terre le 2 septembre 1939 avant de passer dans la marine un mois plus tard. Quartier-maître secrétaire, il sert à l'Etat-major de l'amiral Nord à Dunkerque jusqu'en juin 1940.

Le 18 juin 1940, il est évacué de Cherbourg à destination de Southampton. A Londres, il s'engage dans les Forces navales françaises libres, le jour de leur création, le 1er juillet 1940. Il se porte volontaire comme officier de bataillon de fusiliers marins mais sa parfaite connaissance de l'anglais le fait rapidement nommer officier interprète et du chiffre de 3e classe. Chargé des relations avec les services britanniques, il enseigne l'anglais aux élèves de la première promotion de l'Ecole navale sur le bâtiment école Président Théodore Tissier. Souhaitant une affectation plus active, il obtient de quitter son poste d'interprète en août 1941 et est envoyé en stage d'officier fusilier le mois suivant. Très bien noté par l'encadrement britannique, il persuade alors le vice-amiral Muselier de convaincre les Britanniques de constituer une unité de commandos de fusiliers marins de la France libre. Après de longues discussions, le principe est accepté.

Promu enseigne de vaisseau de 1ère classe en décembre 1941, il prend à la même date le commandement d'une compagnie de fusilier marins commandos dont il assure lui-même le recrutement sur la base du volontariat. En avril 1942 la trentaine d'hommes ainsi recrutés suit le stage commando en Ecosse au camp d'Achnacarry puis un entraînement spécialisé pendant un an. Incorporée au n° 10 Commando dès juillet 1942 la compagnie reste sous les ordres de Philippe Kieffer promu à la même date lieutenant de vaisseau. Une quinzaine d'hommes du commando Kieffer prennent part au raid du 19 août 1942 sur Dieppe. Le 8 octobre 1943, le 1er Bataillon de fusiliers marins commandos (1er BFMC) est créé et la troupe française, composée de deux compagnies, est affectée à l'exécution de quelques raids nocturnes sur les côtes françaises occupées, en petits groupes, dans le cadre de la préparation au débarquement.

En 1944 les efforts du commandant Kieffer sont récompensés. Le 1er BFMC est rattaché à l'un des plus glorieux commandos anglais, le n° 4 (lieutenant-colonel Dawson), au sein de la 1st Special Service Brigade (Brigadier General Lord Lovat). Les hommes que Kieffer avait réunis et entraînés, allaient être les premiers Français à débarquer pour libérer la France. Le 6 juin, les 177 "Bérets verts" débarquent à Sword et prennent pied à Ouistreham ; puis à Benouville, Amfreville et Bavant. Blessé le 6 juin, refusant de se laisser évacuer pendant deux jours, Kieffer retrouve son unité le 13 juillet, au moment où elle allait percer vers la Seine et Honfleur. Décidé à entrer à Paris avec les premiers, il prend une jeep, deux hommes, et fonce vers la capitale, à travers la Normandie à peine libérée. Il est le premier à entrer à Paris par Saint-Cloud ; quelques jours plus tard, il a la fierté d'y faire défiler son unité.