Stèle à la mémoire d'Henri Duvillard, Orléans (Loiret)
Légende :
Stèle située 7 place Charles de Gaulle à Orléans
Genre : Image
Type : Stèle
Producteur : Fabrice Bourrée
Source : © Département AERI de la Fondation de la Résistance Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur
Date document : 2015
Lieu : France - Centre - Val-de-Loire (Centre) - Loiret - Orléans
Contexte historique
Né le 3 novembre 1910 à Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône), Henri Duvillard suit les cours de l’École hôtelière de Grenoble. Mobilisé en 1939, il est grièvement blessé devant Amiens le 8 juin 1940 et décoré de la croix de guerre. Après sa guérison, il est démobilisé le 28 août 1940, à Grenoble, et se voit rapidement contraint, de par les séquelles de sa blessure, à renoncer à ses anciennes activités professionnelles.
Henri Duvillard souffre des malheurs qui frappent la nation et tout particulièrement la jeunesse désemparée et exposée à l’action néfaste de l’occupant et de ses valets. Organisateur, meneur d’hommes, il décide de se consacrer à aider cette jeunesse privée de ses guides naturels : il entre donc dans l’organisation des centres de jeunesse et reçoit du comité Sully la direction du centre de formation professionnelle d’Arnouville. C’est dans ce centre que seront accueillis les jeunes sans famille ou de familles malheureuses, de jeunes israélites et plus tard de nombreux réfractaires au ST0. Ainsi Arnouville deviendra une magnifique école d’apprentissage et un ardent foyer de résistance. Tout naturellement dans ce foyer ainsi retrouvé, cette jeunesse sent vibrer en elle sa foi en la Patrie et son désir de la servir. Il sera pour elle le guide, le chef qu’elle appelait de toutes ses forces pour lui indiquer le chemin de l’honneur et lui permettre de participer activement à l’action à entreprendre, non seulement pour résister à la pression de l’occupant, mais pour aider à le chasser hors de nos frontières. La tâche n’est pas facile et Henri Duvillard se trouvera souvent dangereusement confronté à la hiérarchie des centres de jeunesse, en particulier par son refus énergique et répété d’appliquer certaines directives absolument ignobles de Vichy concernant les jeunes israélites admis sous sa responsabilité dans son centre.
Mais cette générosité n’est pas orthodoxe aux yeux de Vichy. En 1941, au cours d’une session de cadres au centre de Marly, le chef de centre de Brévannes, connu pour ses sentiments proallemands, s’élève publiquement contre les chefs qui accueillent dans leurs centres de jeunes juifs. Duvillard est de ceux-là. Va-t-il encaisser en silence, tout en se réservant de continuer ? Non, ce n’est pas son caractère. Il se lève et dans le plus grand silence, il répond à son camarade : « ceux qui pourchassent et persécutent les juifs ne sont pas dignes d’être Français. Mon sentiment national et ma foi chrétienne me font un devoir de leur tendre la main. J’aimerais mieux quitter mon centre immédiatement que de me rendre complice de mesures qui ne sont ni françaises, ni humaines. » Grâce au patriotisme du délégué régional, cette affaire fut classée, avec un blâme verbal... pour la forme.
Henri Duvillard ira plus loin dans son action et dès janvier 1941, avec un groupe d’amis et Germaine Duvillard, il crée le premier noyau de résistance d’Arnouville. En 1942, Duvillard est présenté par son ami Jean Riou à Claude Lerude, de retour d’une mission en Afrique du Nord, qui cherche alors un contact avec la Résistance. En mai 1943, ce dernier fonde les corps-francs Vengeance dans le Loiret. Le groupe d’Arnouville dirigé par Duvillard s’y rattache aussitôt.
En janvier 1943, Duvillard intègre le réseau Etienne Leblanc du SOE en qualité d’agent P2. Il est également un agent très actif du réseau Buckmaster Jean-Marie grâce auquel il reçut trois parachutages d’armes en juin 1943, juin et juillet 1944.
Après la mort de son ami, Jean Riou, membre de Vengeance, Henri Duvillard donna son nom au centre d’Arnouville. Peu de temps après, A. Luchaire, délégué régional à la Jeunesse, lui intima l’ordre d’enlever ce nom. Sans hésiter, Duvillard lui répondit par un refus formel.
La petite équipe de 1941 s’est considérablement élargie et le groupe d’Arnouville couvre en 1944 une dizaine de communes, disposant chacune de sa propre section. Henri Duvillard a alors sous son commandement plus de 200 hommes.
Pour garantir la sécurité des plus compromis et des réfractaires, Duvillard fonde en juin 1944 le maquis de la Juine, installé au nord d’Autruy-sur-Juine. Le maquis reçut même l’appui d’une équipe du 1er régiment SAS. L’heure de la libération approche et les Corps Francs Vengeance harcèleront sans répit l’ennemi, de jour et de nuit, apportant tout leur appui aux premiers éléments de l’armée américaine.
Les titres de guerre d’Henri Duvillard sont particulièrement élogieux :
- Médaille militaire,
- Croix de guerre, deux citations,
- Croix du combattant volontaire de la Résistance,
- Croix du combattant de la guerre 1939-1945,
- Croix du combattant volontaire 1939-1945,
- Médaille des blessés de guerre,
et il a eu le grand honneur de recevoir des mains du général de Gaulle la Médaille de la Résistance, le 18 avril 1948, à Marseille, au cours d’une cérémonie patriotique, devant le char Jeanne d’Arc au pied de Notre-Dame-de-la-Garde.
Directeur de l'hebdomadaire La Dépêche du Loiret de 1947 à 1952, puis des relations publiques aux Papeteries de France, membre de plusieurs cabinets ministériels entre 1954 et 1957 (Défense, Industrie), Henri Duvillard est élu député du Loiret en 1958 et siégea à l’Assemblée nationale jusqu’en 1978 sous les diverses étiquettes gaullistes (UNR, UNR-UDT, UD-Ve République, UDR). Ministre des Anciens combattants et Victimes de guerre du 6 avril 1967 au 5 juillet 1972 dans les gouvernements de Georges Pompidou, Maurice Couve de Murville et Jacques Chaban-Delmas, il présida également le Comité national du Mémorial du général de Gaulle à Colombey-les-deux-Eglises.
Henri Duvillard est décédé le 16 juillet 2001 à Paris.
Auteur : Fabrice Bourrée
Sources :
Service historique de la Défense (Vincennes), 16 P 206 824
Abbé Paul Guillaume, Au temps de l’héroïsme et de la trahison, Orléans, Imprimerie nouvelle, 1948.
Discours de Marc Riché, président national des Médaillés militaires, prononcé lors de la remise de la croix de Chevalier de la Légion d’Honneur à Henri DUVILLARD le 18 mars 1980.
http://chantran.vengeance.free.fr/Doc/Duvillard05.pdf