Cyprien Pilliol
Légende :
Cyprien Pilliol, maire d'Arles en compagnie de Lucette Mounier de Carolis, reine d'Arles, à l'hôtel de ville d'Arles, en 1945
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Centre de la Résistance et de la Déportation du pays d'Arles (CRDA) Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc.
Date document : 1945
Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Arles
Contexte historique
Né le 26 janvier 1915 à Arles (Bouches-du-Rhône), mort le 11 juin 2010 à Arles ; instituteur ; militant communiste ; résistant ; maire d’Arles (1945-1947). Cyprien Pilliol
Fils d’un cheminot et d’une femme de ménage à la gare du PLM, Cyprien Pilliol fit des études jusqu’au brevet supérieur. Puis, admis à l’École normale d’instituteur d’Aix-en-Provence, il participa à la grève de la faim organisée par les élèves contre le directeur. En mai 1934, il fut délégué au congrès de Paris du mouvement Amsterdam-Pleyel, puis entama une carrière d’instituteur à l’école de Pont-de-Crau avant d’être muté en 1938 à Fontvieille. Membre du Syndicat national des Instituteurs (SNI), il adhéra en 1937 au Parti communiste. D’autres sources signalent que c’est dans la clandestinité en 1943 qu’il adhéra au PCF.
En mai 1938, Cyprien Pilliol rédigea dans le Bulletin du syndicat des institutrices et instituteurs des Bouches-du-Rhône un article consacré au « tourisme et aux vacances pour tous ». Il y détaillait une notice de voyage consacrée à la visite, aux excursions et aux conditions d’hébergement dans sa commune de résidence, Fontvieille ; une autre partie évoquait les excursions possibles autour des Beaux, de l’abbaye de Montmajour, ainsi que celles concernant les cités voisines (Arles, Tarascon, Beaucaire).
Au printemps 1939, il dénonça « l’esprit de Munich » dans le Bulletin du SNI des Bouches-du-Rhône. De 1938 à 1940, l’administration lui refusa sa mutation. Mobilisé le 1er décembre 1939, Pilliol fut envoyé en juillet 1940 en Bretagne, qui était alors envahie. Il parvint à s’évader et revint à Arles où, en 1942, il retrouva un poste d’instituteur à Trinquetaille.
Cyprien Pilliol (pseudonyme Jacques) entra en résistance en 1943. Il poursuivit son action militante au sein du SNI dont il devint membre du Comité national et surtout au Front national, dont il fut le responsable à Arles. Dès le 18 avril 1944, il participa aux combats de la Libération dans les rangs des Milices patriotiques et des Corps francs. Fait prisonnier par des Allemands qui se repliaient, il fut condamné à mort le même jour à Saint-Gilles, de l’autre côté du Rhône, mais « persuada, par des tracts de la Résistance imprimés en allemand, les militaires chargés de son exécution à transformer celle-ci en simulacre ».
Une fois Arles libérée, fin août 1944, il entra au conseil municipal en tant qu’adjoint au maire d’Arles dans la municipalité provisoire comme délégué à l’instruction publique. Il fut élu le 19 mai 1945 à la tête d’une liste Front national dite « d’Union républicaine et antifasciste ».
Premier maire d’Arles après la Libération, Cyprien Pilliol administra la ville dans des conditions difficiles. Les deux années de son mandat furent marquées par une mission de première importance : ravitailler la ville, et lancer l’effort de reconstruction. Il fonda un hebdomadaire sous l’égide du Front national, l’Arlésien, dont il fut le rédacteur en chef jusqu’à sa disparition en 1952.
Entre-temps, le climat politique avait changé, et, aux municipales d’octobre 1947, la « liste d’Union républicaine et résistante et de défense des intérêts communaux présentée par le Parti communiste », conduite par Adrien Mouton, Cyprien Pilliol et Henri Morand, perdit la mairie. Ce fut Charles-Raymond Privat, enseignant et membre de la SFIO qui lui succéda avant d’être réélu constamment jusqu’en 1971. Ce mandat du maire socialiste qui allait durer 24 ans fut le plus long de l’histoire d’Arles. Pilliol demeura conseiller municipal jusqu’en 1959, puis fut adjoint délégué à l’enseignement de 1971 à 1977 et enfin chargé d’affaires de 1977 à 1983. Ces deux mandats furent effectués sous la municipalité de Jacques Perrot (PCF).
Cyprien Pilliol fut aussi jusqu’à cette date et au-delà secrétaire de nombreuses organisations telles que le SNI, l’Amicale France-Italie, etc. toujours au niveau arlésien. Il présida par ailleurs le comité arlésien de l’Association nationale des Anciens combattants de la Résistance (ANACR) et fut membre du conseil national de l’ANACR de 1982 à 2002. Il participa à la direction du comité arlésien de l’Union française des Combattants. Il collabora régulièrement à l’édition régionale de La Marseillaise.
De 1942 à 1971, année de sa retraite comme directeur, Cyprien Pilliol avait enseigné à l’école d’Arles-Trinquetaille. Acteur de l’histoire locale, il avait consacré au total vingt-sept ans de sa vie à la mairie d’Arles. Personnalité arlésienne engagée dans la vie politique et citoyenne, il avait été également à l’origine, en 1997, de la création de l’Association pour un musée de la Résistance et de la déportation en Pays d’Arles.
Lors de son décès, le 11 juin 2010 à Arles, Cyprien Pilliol avait 95 ans. Il était maire honoraire d’Arles. Un hommage public lui fut rendu le 16 juin 2010 au cimetière des neuf collines.
Cyprien Pilliol était titulaire de la Médaille de la Résistance, de la Croix du combattant volontaire de la Résistance et de nombreuses décorations de la guerre 1939-1945. La nouvelle école de Pont-de-Crau (village appartenant à la commune d’Arles) où Cyprien Pilliol avait débuté sa carrière d’instituteur porte son nom ; elle a été inaugurée le 11 mai 2012.
Auteurs : Gérard Leidet, Antoine Olivesi pour le Maitron en ligne
Sources :
Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, M 5/3. — Réponse détaillée du militant au questionnaire accompagnée de nombreuses coupures de presse de la Marseillaise, le Méridional, de 1945 à 1983. — Adrien Mouton, Notes d’un vétéran, op. cit.— Arles info, 2011.— Le journal de la Résistance, mai-juin 2010.— Note de Jean-Pierre Besse. — Bulletin du syndicat unique des institutrices et instituteurs des Bouches-du-Rhône, (section départementale du SNI), mai 1938. – Archives communales d’Arles.— Notes de Hervé Schiavetti, maire d’Arles ; vice-président du conseil général des Bouches-du-Rhône.