Témoignage de Jean Zay sur le fort Saint-Nicolas

Légende :

Témoignage de Jean Zay sur le fort Saint-Nicolas, extrait de son œuvre Souvenirs et Solitude, publiée en 1945

Type : Témoignage

Source :

Détails techniques :

Transcription.

Date document : 1945

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Analyse média

Ce texte rassemble de courts extraits issus des feuillets manuscrits que Jean Zay a rédigés pendant sa détention, de décembre 1940 à octobre 1943. Ils ont été récupérés par son épouse lors de ses visites. Publiés en 1945, ils ont fait l’objet de plusieurs rééditions. Dans les premiers feuillets, du 6 décembre 1940 au 7 janvier 1941, Jean Zay évoque sa détention au fort Saint-Nicolas. 


Robert Mencherini

Contexte historique

Jean Zay est né le 6 août 1904 à Orléans, d’un père juif et d’une mère protestante, dans une famille de tradition républicaine. Avocat, franc-maçon, il fait partie du courant de gauche du parti radical-socialiste. En 1932, il est élu député (le plus jeune de France) à l’âge de 27 ans et devient, en 1936, ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts. En septembre 1939, désireux de suivre sa classe d’âge, il démissionne de ses fonctions et est affecté sur le front de l’Est. En juin 1940, avec l’accord de son supérieur, il rejoint Bordeaux où les chambres sont convoquées. Il décide, avec d’autres parlementaires, dont Mendès France, de s’embarquer sur le Massilia afin de continuer le combat à partir de l’Afrique du Nord. Les autorités de Vichy l’accusent de désertion et l’incarcèrent à Clermont-Ferrand, dès son retour en métropole. Il est condamné, le 4 octobre 1940, par le tribunal militaire de Riom, à la déportation et à la dégradation nationale. C’est pour être déporté en Guyane (à l’île du Diable, comme Dreyfus) qu’il est transféré, en décembre 1940, au fort Saint-Nicolas. Il y est incarcéré jusqu’au 7 janvier 1941, puis transféré à la maison d’arrêt de Riom. Jean Zay est assassiné par la Milice, le 20 juin 1944. Son corps est découvert en septembre 1946 par des chasseurs et enterré anonymement à Cusset. Il ne sera identifié qu’en 1948, après l’arrestation de son assassin.

Dans ces extraits, Jean Zay relate les conditions de vie extrêmement difficiles des détenus du fort Saint-Nicolas : les cellules isolées de la cour Nord sont glaciales, obscures et de dimensions réduites ; la nourriture est peu ragoutante et insuffisante. Quelques jours plus tard, Jean Zay affecté par une bronchite est transféré dans l’une des cellules mitoyennes moins froides et où on peut communiquer, par-delà les grilles, avec les autres détenus. Mais l’ancien ministre ne se contente pas, dans ces feuillets, d’évoquer sa vie quotidienne. Ils comportent aussi de nombreux souvenirs et analyses politiques.


Auteur : Robert Mencherini

Sources :
Jean Zay, Souvenirs et solitude, Éditions de l’aube/ Talus d’Approche, La Tour d’Aigues, 2004

Gérard Boulanger, L’affaire Jean Zay. La République assassinée, Paris, Calmann-Lévy, 2013.