Cérémonie officielle à Saint-Nizier-du-Moucherotte

Légende :

Première cérémonie commémorative à Saint-Nizier-du-Moucherotte (Vercors isérois) en juin-juillet 1945 - les premières pierres de la nécropole sont tout juste posées

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Collection ANPCVV Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : juillet 1945

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Isère - Saint-Nizier-du-Moucherotte

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Analyse média

Cette photographie d'archives nous renseigne sur bien des points. Au moment où elle fut prise, en juin-juillet 1945, la nécropole de Saint-Nizier était encore loin d'être achevée. Aussi y voit-on de sommaires croix de bois, plantées dans les allées de graviers, sur lesquelles sont inscrits à la peinture noire, les noms des victimes tombées au combat. Lorsqu'elles n'ont pu être identifiées, leur tombe porte la sobre mention « Inconnu(s), mort(s) pour la France », comme on le constate au premier plan de la photographie.
Les tombes, de rudimentaires rectangles surélevés d'un mélange de sable et de graviers, témoignent de la sobriété du lieu et de l'urgence dans laquelle s'est organisée la cérémonie de commémoration. Alors que les fondations lapidaires en dur de la nécropole ne sont pas terminées, l'Amicale des Pionniers du Vercors (future ANPCVV), créée en novembre 1944, a néanmoins tenu à offrir immédiatement un lieu officiel de recueillement, ce qui explique le caractère temporaire et inachevé de l'ensemble.

Au centre des porte-drapeaux, déployés dans le fond, flotte le drapeau national. Nichée sur les hauteurs du cimetière temporaire, une foule nombreuse, comptant de nombreux jeunes gens, suit la cérémonie.


Paulina Brault

Contexte historique

C’est à Saint-Nizier-du-Moucherotte que s'ouvre, en juin, le temps des cérémonies commémoratives dans la zone du massif. C'est un lieu où il s’agit d’honorer le Vercors dans sa dimension combattante, en rendant notamment hommage aux maquisards tués au combat lors des affrontements de juin 1944.
Comme l'avait déclaré Yves Farge lors de la cérémonie du 17 juin 1945 : « [...] sa mission a été accomplie puisque deux des meilleures divisions allemandes ont été immobilisées, il y a un an, par les F.F.I. du Vercors. » 

Hormis les victimes des combats de juin 1944, reposent aussi dans la nécropole ceux tombés à Malleval, en janvier 1944, et quelques maquisards tombés lors des combats ultérieurs, en juillet 1944, comme en témoigne le cénotaphe d'Abel Chabal, puis en août 1944.

C'est aussi à Saint-Nizier-du-Moucherotte que reposent François Huet, Hervieux, le dernier chef militaire du Vercors, et Eugène Chavant, Clément, chef civil du Vercors.

La nécropole de Saint-Nizier-du-Moucherotte compte 98 tombes, dont certaines sont collectives (de 2 à 4 victimes par tombe).

À partir de 1947, la cérémonie se tient au cœur de la nécropole nationale de Saint-Nizier, tout juste inaugurée, et qui fait figure de lieu du souvenir central, notamment pour le Vercors combattant isérois.

En 1948, ce sera au tour de la nécropole de Vassieux-en-Vercors, en Vercors drômois, d'être inaugurée. Cette nécropole compte, pour sa part, quelque 187 tombes.

 

Pour en savoir plus :

Les combats de Saint-Nizier des 13 et 15 juin 1944 (G. Giraud)


Auteur : Paulina Brault

Sources :

Les Allobroges, 18 juin 1945, 2e page ; articles du journal : « 18 juin 1940-18 juin 1945. Grenoble a fêté l’anniversaire du premier appel à la Résistance » « La commémoration des combats de juin 1940 à Voreppe  » « L’anniversaire de l’attaque à Saint-Nizier ».

D'après Philippe Barrière, thèse universitaire Formes et usages du passé : Grenoble en ses après-guerres (1944-1964), sous la direction de M. le Professeur Yves Lequin, Université de Lyon-II-Lumière, mai 2000.