La croix de Véluché (Deux-Sèvres)

Légende :

A l'emplacement du camp de Veluché, une croix fut érigée sur le bord de la route de Veluché à Airvault-gare, à la lisière du bois de Valendin, et appelée depuis la Croix des Polonais.

Genre : Image

Type : Croix

Source : © Centre Régional « Résistance & Liberté » Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Poitou-Charentes) - Deux-Sèvres - Assais-les-Jumeaux

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Analyse média

La plaque porte la mention : "Croix érigée par les Polonais en 1940. Dessinée par un officier nommé Lévinsky, architecte à Varsovie, d'après un type traditionnel de croix des campagnes polonaises." Elle a été offerte aux habitants d'Airvault par les Polonais au moment de leur départ pour l'Angleterre. 


Contexte historique

Le 16 novembre 1939, il fut décidé d’implanter un camp militaire près du village de Veluché (Deux- Sèvres), avec comme appellation officielle : « Camp de circonstance de St Loup-sur-Thouet ». ll a été implanté sur le territoire de la commune des Jumeaux à la lisière d’Airvault sur des terrains, isolés boisés et privés, réquisitionnés pour la circonstance. Le but de ce camp était de permettre l’incorporation des recrues pour la formation des unités combattantes des 2e et 4e Divisions polonaises. Ce camp servait également à l’accueil et à l’intégration des combattants et réfugiés polonais en provenance de Hongrie et de Roumanie.

Dès que les unités étaient constituées, elles étaient réparties dans les fermes des localités avoisinantes pour y subir l’instruction et l’entrainement nécessaire, afin de laisser la place aux nouveaux arrivants. Veluché servait ainsi de camp de base et de dépôt de guerre. Il offrait toutes les prestations logistiques nécessaires à la formation, l’entretien, l’armement, l’hygiène et la vie de deux divisions. La conception et l’élaboration de ce camp ont été réalisées par des troupes du Génie, du Train et des responsables civils. Tout ce monde était basé à Saint Loup-sur-Thouet et dépendait de l’autorité militaire. Le capitaine Brefeil, polytechnicien de formation et ancien de la région, avait la charge de la maitrise d’œuvre de ce projet. La main d’œuvre était constituée de professionnels civils et de quatre compagnies de travailleurs espagnols, de 250 hommes chacune. Ces Espagnols étaient d’anciens réfugiés politiques et d’anciens soldats des armées républicaines, initialement internés, et qui furent mobilisés pour la circonstance.

Les vestiges de ce camp sont encore visibles dans les bois de Valendin, de Desmoulines, de Saint-Loup et de la Chauvière. L’ensemble des bâtiments de ce camp, qui n’était pas clos, s’étendait sur une zone triangulaire d’une longueur de 3 km et d’une base de 1,5 km. Une voirie a été aménagée pour permettre des liaisons à l’intérieur du camp. Une ligne de chemin de fer, à voie étroite, avait également été construite pour faciliter les transports internes et faire la liaison avec la gare d’Airvault. Un champ d’exercices a également été aménagé dans la plaine d’Assais entre Migny et Les Jumeaux. Un champ de tir occupe un vaste emplacement entre Availles, Irais, Noizé et St Jouin. De nombreux petits ouvrages bétonnés, blockhaus miniatures, utilisés comme postes d’observation à proximité du réceptacle des tirs d’artillerie, y ont été élaborés, et quatre d’entre eux sont encore visibles sur la route de St Jouin à Oiron.

La construction du camp débuta en octobre 1940. Quant aux Polonais, leurs premières unités arrivèrent au camp le 18 décembre 1939. Des officiers français étaient également présents parmi l’encadrement pour assumer le fonctionnement d’activités spécifiques. Près de 30.000 militaires polonais furent formés dans ce camp. Rapportée à l’échelle de la population locale, essentiellement rurale, cette masse de militaires subitement transplantée dans cette région était très impressionnante pour les autochtones qui voyaient ainsi leur population doublé.


Jean Medrala, "Le camp de l'Armée polonaise de Veluché" in DVD-ROM La Résistance polonaise en France, AERI, 2013