Voix et Visages. Bulletin mensuel de l’ADIR. n°1, juin 1946

Légende :

4, rue de Guynemer 75 006 Paris
Imprimerie Lescaret, 2, rue Cardinale Paris.

Genre : Image

Type : Journal associatif

Source : © Fondation de la Résistance Droits réservés

Détails techniques :

Journal imprimé
4 pages, format : 21 x 29,7 cm

Date document : Juin 1946

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

Dans son éditorial, Geneviève de Gaulle rappelle les difficultés du retour des déportées : « Tant de détresse après de premier choc du retour : les morts d’êtres chers, les foyers détruits, les maisons pillées, les santés atteintes. Et l’attente anxieuse de ceux et de celles qui ne reviendront jamais. » C’est la raison pour laquelle avant même leur retour, des femmes internées de la Résistance créent l’ADIR en octobre 1944 pour répondre à cette situation d’urgence. Dans son article « Ce que sera notre Bulletin », Claire Davinroy, secrétaire générale rappelle ce premier but : « Nous avons paré au plus pressé, fait ce que nous pouvions pour les corps usés, redressé les situations difficiles. ». Elle enchaîne en expliquant le but essentiel de Voix et visages qui est « de préserver cette fraternité des camps, si intense que n’importe quel schmützstück de Ravensbrück ou de Swödau nous est quelquefois plus proche que certains membre de notre famille ; il s’agit de maintenir cet esprit de lutte et de résistance qui a été le nôtre, de veiller à ce qu’il subsiste dans la bonne comme dans la mauvaise fortune ». Elle donne l’explication du titre du journal : « Voix des prisons qui sortaient des murs, des fentes de tuyaux, des grillages. Visages de toutes celles qui se sont retrouvées dans la grande aventure, visages émaciés de Ravensbrück que seul un prénom identifiait. Voix et visages. Ce doit être toute l’amitié des camps (…) ce bulletin doit aussi nous aider à nous rejoindre, à retrouver des camarades dont nous ne connaissons que le prénom. » Ainsi tous les lundis après-midi ont lieu des rencontres amicales qui se prolongent par des conférences ou un concert. L’activité culturelle donne l’occasion de se réunir. Une chorale se met en place : la « Chorale de Ravensbrück ». Des poèmes sont également publiés dans les colonnes du bulletin, les auteurs rendent compte des derniers ouvrages relatif à la déportation.

En 1946, l’activité du service social est encore très importante traduisant les difficultés de « sortie de guerre » des déportées tant sur le plan physique que matériel. Le numéro un de Voix et Visages fait état sur toute une page des aides apportées en la matière aux déportées.
Ainsi, on apprend que le service médical de l’association fonctionne deux après-midi par semaine pour les adhérentes tandis que dans le bulletin « la chronique du docteur » signée des docteurs du centre fait un point précis sur des pathologies consécutives de la déportation, leurs diagnostics et leurs traitements. Des séjours de convalescence en Suisse et en France sont proposés aux déportées. 350 d’entre-elles en ont bénéficié à la date du mois de juin 1946.

En dehors des problèmes de santé liés à la déportation, le Centre de l’ADIR gère également les problèmes matériels auxquels ces femmes doivent faire face au lendemain de la guerre. Dans une période de crise des logements, l’hébergement au Centre de l’ADIR est proposé à celles qui se trouvent sans logement et qui ont un emploi à Paris ou bien qui y poursuivent des études. Le centre apporte des aides de secours sous la forme de vêtements, de literie, de meubles, de vaisselle, d’alimentation.

Le service social de l’ADIR s’emploie également à assurer une insertion professionnelle à ses adhérentes. Pour celles qui « ont besoin de gagner leur vie », des postes de téléphonistes, de secrétaires, d’employées de banque et de bureaux, de gardienne d’enfant, de femmes de ménage, de vendeuse… leur sont ainsi proposé. Des offres et demandes d’emplois sont également publiées dans le bulletin. Quelques bourses sont accordées à celles qui souhaitent poursuivre leurs études ou faire un apprentissage d’employée de bureau ou de sténo-dactylos tandis qu’un atelier de formation professionnelle pour apprendre le métier de couturière est proposé contre rétribution.

Cependant, le spectre des disparus hantent encore bien des familles. Le bulletin relaie les demandes de recherches des familles auprès des adhérentes en parallèle du service officiel de recherches et documentation. Enfin, un service juridique est proposé et notamment pour permettre aux familles de régulariser l’état civil des non-rentrés notamment après la publication de la circulaire du ministère des anciens combattants du 18 mars 1946. En effet faute d’acte de décès ou de disparition les familles ne pouvaient liquidé la succession du défunt et de ce fait se retrouver dans des situations financières précaires.


Frantz Malassis