Aimé Guerrin (nom de plume : Aymé-Guerrin)
Légende :
Aimé Guerrin photographié en 1929
Genre : Image
Type : Portrait
Source : © Coll. Charles Guerrin Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Date document : 1929
Lieu : France
Contexte historique
Aimé Guerrin (nom de plume : Aymé-Guerrin) est un écrivain et journaliste résistant français, né le 20 avril 1890 à Ussel (Corrèze) et mort le 2 décembre 1979 à Nice (Alpes-Maritimes). Ce chrétien fervent fut longtemps attiré par la vocation religieuse – à laquelle il ne renonça qu’à l’issue d’un séjour de dix-sept mois (octobre 1920-avril 1922) comme novice à l’abbaye trappiste de Latroun (près de Jérusalem). Mais c’est le journalisme qui, très tôt, l’emporta chez lui et devait être, avec l’écriture d’ouvrages économiques ou d’inspiration religieuse, son activité principale. Réformé pour raison de santé et servant comme infirmier-brancardier volontaire dans Arras bombardée puis assiégée par les Allemands en 1914, il créa, début 1916, avec deux ecclésiastiques, Le Lion d’Arras (« Journal de siège ») dont il fut, jusqu’à la fin 1919, le directeur et l’un des principaux rédacteurs . Cet hebdomadaire, « seul journal pour la population restée dans Arras et seul lien pour de nombreux exilés » , avait pour principal bailleur de fonds son propre père, Eugène Guerrin, ingénieur E.C.P. et industriel – qui succédera à son fils en janvier 1920 à la tête du journal, rebaptisé Le Beffroi d’Arras. Curieusement, Aimé Guerrin n’a jamais signé de son nom dans le Lion mais sous divers pseudonymes (J. Darras, Gabriel Aymé…) ou par de simples initiales. En outre, quoique laïc, mais ayant fait un bref passage au noviciat religieux de Florennes, il portait la soutane et était connu sous l’appellation d’« Abbé Guerrin ».
Après la victoire, fort de sa première expérience de journaliste, Aimé Guerrin entreprend, entre 1920 à 1924 de longs voyages-reportages, d’abord en Europe (Allemagne, Autriche, Hongrie, Italie, Grèce, Turquie) puis en Afrique du Nord et au Proche-Orient, où il a été accrédité par plusieurs journaux et deux ministères français . Après un séjour prolongé en Palestine, il adresse au Ministère des affaires étrangères, 16 octobre 1920, une « Note sur la situation de l’influence française en Palestine » signée « Abbé Aymé Guerrin ». Rentré en France, Aimé Guerrin épouse en 1925 Marie-Louise Kuhn (1901-2002), qui lui donnera neuf enfants (dont sept vivants au 1er janvier 2016). Il mène alors de front, jusqu’à la déclaration de guerre, des travaux d’écriture (ouvrages d’inspiration religieuse ou économico-politique), des activités éditoriales (fondation et direction des périodiques La Documentation Nationale, France Vivante et Radio-Livret). De 1924 à 1932, il co-dirige puis dirige l’Union du Commerce et de l’Industrie.
A l’automne 1939, il entre à la direction des services centraux de la B.N.C.I. alors repliés à Pau, avant de regagner Paris. Ce poste à la banque lui servira de couverture lorsque, ayant refusé la défaite et la collaboration, il entreprendra de combattre l’occupant et Vichy : d’abord par la diffusion de lettres ouvertes à Pétain, de papillons ou de simples feuillets anonymes, puis à partir de novembre 1941, par un bulletin clandestin, les « Papiers de Vercingétorix ». Aimé Guerrin avait en effet créé, sous le nom de « Vercingétorix » un groupe de résistance qui, à partir de 1942, mena des actions diverses : rédaction et diffusion du clandestin devenu mensuel (dont il s’occupait principalement), confection de faux papiers, hébergement et prise en charge de réfractaires et d’aviateurs alliés, passages en Espagne, renseignement . « Vercingétorix » était en contacts réguliers avec l’OCM, par l’intermédiaire de Léon Le Sabazec (1889-1944) alias Lebreton , et avec Ceux de la Libération par l’intermédiaire d’Yves Masiée alias Corret. C’est finalement CDLL que « Vercingétorix » rejoindra, début 1944, dans un contexte particulièrement dramatique : le chef de CDLL, Roger Coquoin (Lenormand) abattu par la Gestapo venue l’arrêter, le 29 décembre 1943 ; Emile Ginas, autre responsable national, arrêté le 19 janvier 1944 et déporté. A l’automne 1943, le démantèlement du réseau CND-Castille avait eu des répercussions sur les mouvements proches, dont Vercingétorix.
L’arrestation de Georges Bréheret conduisit Aimé Guerrin à mettre en sommeil son activité, lui-même disparaissant alors de son domicile parisien qui fut perquisitionné par la Gestapo les 24 et 27 novembre 1943 . En avril 1944, le petit bulletin de Vercingétorix devint l’organe officiel clandestin de CDLL, intitulé simplement Ceux de la Libération, et imprimé d’abord au Raincy puis à Paris. Le 25 juin, il était rebaptisé La France libre. Enfin, le 22 août 1944, il parut au grand jour sous le titre France Libre. Aimé Guerrin en était le rédacteur en chef et éditorialiste le plus régulier.
Il quitta ses fonctions et le journal en mai 1945, à la suite du conflit qui opposa une grande partie des membres de CDLV (né de la fusion de CDLL et de Vengeance, en février 1944) et plusieurs dirigeants, dont André Mutter, qui entendaient transformer le mouvement de résistance national en parti politique (d’orientation très droitière). France Libre, d’abord l’un des plus gros tirages de la presse de la Libération, a progressivement, périclité, avant d’être absorbé par L’Aurore en 1948. De 1945 à 1948, Aimé Guerrin a des activités de conférencier, d’éditeur ou de collaborateur de petites publications économiques ou religieuses. En 1948, avec sa famille, il se retire à Nice où il a encore des activités semblables avant de se confiner dans l’agriculture (propriété campagnarde dans les environs de Nice), l’étude de l’hébreu, la correspondance (avec le général de Gaulle et de nombreuses personnalités religieuses, notamment) et la méditation. Il décède à Nice le 2 décembre 1979.
Publications :
Jésus tel qu’on le vit, Plon, 1928
La Mort du Christ, Plon, 1933
Trois expériences, Denoël, 1937
Faire le socialisme distributif ou mourir, O.C.I.A., 1946
Auteur : Charles Guerrin
Sources :
Claude Bellanger, Claude Lévy, Henri Michel, Histoire générale de la presse française, tome 4, PUF, 1975 p. 282 (« Le rédacteur en chef est Aymé-Guerrin dont le nom est suivi de la mention Président-fondateur du mouvement de résistance Vercingétorix »)
Léon Werth, Déposition, journal de guerre 1940-1944, Viviane Hamy (réédition, 2000), où est cité Aimé Guerrin (p. 565, 686, 692, 703)
Audrey Cassan, "Le Lion d’Arras : pour la Cité, pour la Patrie, tenir !" in L’Abeille, journal de la Société des Amis de Pancoucke, n° 25, décembre 2013
Jean-Paul Visse, La Presse arrageoise, 1788-1940, Société des Amis de Panckoucke, 2009
Dictionnaire du Monde religieux contemporain (voir note 5 ci-dessus)
Archives départementales du Pas-de-Calais (http://www.archivespasdecalais.fr/Activites-culturelles/Chroniques-de-la-Grande-Guerre/Le-Lion-d-Arras-journal-de-siege), en particulier la page « Le Lion d’Arras, journal de siège ». A signaler que l’intégralité des numéros du Lion d’Arras, numérisés, est accessible en ligne sur ce site.
Références particulières :
France libre, n° 300, 24 janvier 1945, éditorial non signé d’Aymé-Guerrin, « Notre 300e numéro ». A-G y raconte la genèse du journal, depuis l’impression, dans sa villa du Raincy, du premier bulletin clandestin (« papiers de Vercingétorix ») jusqu’à la parution de France Libre, le 22 août 1944, dans Paris en train de se libérer.
France libre, numéro du 17 avril 1945 rendant compte du congrès extraordinaire de CDLV. Aimé Guerrin et les autres opposants à la politisation du mouvement obtinrent la majorité, mais André Mutter et ses proches s’étaient assuré la majorité des parts du journal, dont ils prirent le contrôle.