Marcel Langer

Légende :

Marcel Langer, fondateur de la 35e brigade FTP-MOI

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : sans date

Lieu : France - Occitanie (Midi-Pyrénées) - Haute-Garonne - Toulouse

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Contexte historique

Mendel (Marcel) Langer, est né le 13 mai 1903 à Szczucin (Pologne) dans une modeste famille juive. Son père milite au Bund, parti socialiste juif antisioniste. L’antisémitisme régnant en Pologne pousse sa famille à émigrer en 1920 en Palestine, alors sous mandat britannique. Mendel Langer est embauché comme ajusteur mécanicien au chemin de fer d’Haïfa. Il entre au parti communiste palestinien. La police britannique l’arrête à cause de son activité communiste. Quittant la Palestine en 1929, il s’installe à Paris.

Employé comme ajusteur, il adhère au Parti Communiste (PC), à la sous-section de langue yiddish de la MOE (Main d’Œuvre Étrangère) qui devient en 1936 la MOI (Main d’Œuvre Immigrée). En 1931, il quitte la capitale pour l’Ariège puis l’Aveyron et enfin Toulouse où il va occuper divers emplois de livreur puis de peintre. Il y reprend contact avec le PC. En fréquentant la cantine ouvrière L’Aurore, il fait la connaissance du Lotois Marcel Godefroy, du Toulousain Marcel Clouet et de l’Italien Vicenzo Tonelli.

A l’été 1936 les fascistes espagnols prennent les armes pour abattre la jeune République espagnole. Ils reçoivent l’appui des états hitlérien et mussolinien. En octobre 1936, le gouvernement républicain espagnol donne son accord à la création de Brigades internationales. Des volontaires affluent du monde entier. Parmi ceux venus de Toulouse, se trouvent Marcel Clouet, Marcel Godefroy, Vicenzo Tonelli et Mendel Langer. Langer dirige d’abord un atelier de réparation d’armes à Albacete. Après un passage dans la Brigade Dimitrov, il rejoint la Brigade Dombrowski, puis commande en second, comme lieutenant, une compagnie de mitrailleurs de la 35e Division du général polonais Walter. En juin 1937, il épouse l’Espagnole Cecilia Molina ; une fille naît. En octobre 1938, le retrait des brigadistes est décidé. Nombre d’entre eux, qui ne peuvent retourner dans leurs pays, continuent le combat. Langer passe la frontière en février 1939. Il est interné dans le camp de concentration (appellation officielle d'époque) français d’Argelès-sur-Mer puis celui de Gurs.

Lorsque la France déclare la guerre à l’Allemagne et mobilise les Français, nombre d’étrangers sont appelés à quitter les camps. Langer est affecté à la Société de Constructions Mécaniques du Midi, à Toulouse, où il avait déjà travaillé. Le 7 octobre 1942, la direction affiche une liste de personnes convoquées pour partir travailler en Allemagne. Découvrant son nom, Langer plonge dans la clandestinité. Déjà il avait constitué un embryon de la 35e Brigade FTP-MOI. Au printemps 1942 il avait rencontré Juan José Linares Díaz, ancien commandant en Espagne, qui de son côté était en train de constituer la 2e Brigade de guérilleros espagnols de la Haute-Garonne (rattachée à l’Union Nationale Espagnole : UNE). Ils décident de mutualiser leurs efforts. Les premiers attentats à l’explosif sont commis à Toulouse à partir de l’été 1942. Le groupe de Langer (FTP-MOI) et celui de Linares (guérilleros de la UNE) collaborent, notamment dans l’incendie de camions allemands, place du Capitole et devant la gare Matabiau, dans la nuit du 1er au 2 décembre 1942.

Le 6 février 1943, l’étudiante Catherine Lévy, conduite par l’Espagnol Jesús Arias, doit amener de Luchon à Toulouse une valise d’explosifs. Langer les attend gare Saint-Agne. Il prend la valise mais un policier l’interpelle pour contrôler le contenu. Mendel Langer, premier commissaire aux opérations de l’Inter-Région 35 des FTP-MOI, est arrêté. L’interrogatoire par la 8e Brigade de police de sûreté de Toulouse est extrêmement violent, mais il n’y aura pas de chutes. Langer est emprisonné à la prison Saint-Michel. Dans une lettre datée du 21 mars 1943 Marcel Langer se déclare prêt à affronter son destin : "Je suis préparé à tout. Si je dois mourir maintenant, je me comporterai en ouvrier révolutionnaire dans mes derniers moments". Devant la Section spéciale de la cour d’appel de Toulouse, le procureur Lespinasse requiert la peine capitale en ces termes : "Vous êtes juif, étranger et communiste, trois raisons pour moi de réclamer votre tête." Le 11 mars 1943, Langer est condamné à mort. Il est guillotiné dans la prison Saint-Michel le 23 juillet 1943. Assistant à l’exécution, le président du tribunal déclare par la suite : "Je n’ai jamais vu un homme aller à la mort d’une façon si courageuse. S’ils ont beaucoup d’hommes pareils, ils iront loin. Il faut s’incliner très bas devant des hommes comme lui". La Milice demandera qu’il soit sanctionné pour ces propos. Le 10 octobre 1943, ses camarades le vengent en exécutant Lespinasse.

La mention "Mort pour la France" lui est accordée le 19 juillet 1946. La médaille de la Résistance française lui est décernée à titre posthume par décret du 15 octobre 1945, transformée en médaille de la Résistance avec rosette par décret du 7 mars 1986. Une avenue et une impasse de Toulouse portent son nom. Sur la ligne B du métro de Toulouse a été ouverte une station "Saint-Michel – Marcel-Langer", située près de l’ancienne prison où furent détenus, torturés et exécutés tant de résistants. Le 5 février 2004, le maire de Toulouse inaugura une plaque en gare Saint-Agne à l’endroit où Marcel Langer a été arrêté le 5 févier 1943.


Auteurs : André Magne et Alain Fort

Sources  et bibliographie :
Service Historique de la Défense (Vincennes) : 19 P 31-24, Dossier 35e Brigade.
Service Historique de la Défense (Caen) : AC 21P 66415 et AC 21P 585 600
Service Historique de la Défense (Vincennes) : GR 16P 336088
Ordre de la Libération, archives de la commission nationale de la médaille de la Résistance française
Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne, Fonds David Diamant, carton 6
Jean-Yves Boursier, La guerre de partisans dans le sud-ouest de la France 1942-1944 - La 35e Brigade FTP-MOI, Paris, L’Harmattan, 1992.
Comité de quartier Saint-Michel de Toulouse, Hommage à la 35e Brigade FTP-MOI, 2008.