Plaque à la mémoire de Wladyslaw Sikorski, Montmorency (Val d'Oise)
Légende :
Plaque apposée sur le Mur de la Mémoire du cimetière des Champeaux à Montmorency
Genre : Image
Type : Plaque commémorative
Source : © Ville de Montmorency Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur
Date document : Janvier 2016
Lieu : France - Ile-de-France - Val-d'Oise - Montmorency
Contexte historique
En septembre 1939, le général Sikorski se met à la disposition du gouvernement polonais, qui ne montre aucun empressement à répondre. Le 18 septembre 1939, il franchit la frontière roumaine et deux jours plus tard il se trouve à Bucarest, où il rencontre l'ambassadeur de France, Léon Noël et le général Louis Faury. Il quitte Bucarest le 22, et le 24 septembre il est à Paris. L'ambassadeur Juliusz Lukasiewicz, représentant le Président de la République polonaise, lui confie le commandement de l'armée polonaise en reconstitution en France.
Le 30 septembre 1939, le Président de la République de Pologne nomme le général Sikorski, président du Conseil des ministres et ministre des Affaires militaires, Sikorski forme un cabinet avec Stanisław Stronski, vice-président, August Zaleski aux Affaires étrangères et Adam Koc aux Finances. A partir du 16 octobre 1939, il fait entrer au Cabinet plusieurs membres représentant les partis politiques. Ce gouvernement présida aux destinées de la nation polonaise pendant toute la durée de sa présence en France, installé à Paris, puis du 22 novembre 1939 au 14 juin 1940 à Angers et du 17 au 21 juin 1940 à Libourne, avant d'être transféré en Grande Bretagne.
Par décret du 7 novembre 1939, le Président de la République polonaise Władysław Raczkiewicz nomme le général Sikorski commandant en chef et inspecteur général des forces armées. Le 4 janvier 1940, le Général signe avec le président du Conseil français, Edouard Daladier, un accord militaire selon lequel l'armée polonaise sera subordonnée aux Autorités polonaises. Toutes les dépenses des unités polonaises sont garanties par le Trésor français, mais à titre de prêt seulement et restent entièrement à la charge de la Pologne. La coopération entre le commandement des forces polonaises et le commandement français est assurée par une mission franco-polonaise dirigée par le général Victor Denain et le général Louis Faury, son adjoint. Environ 85 000 soldats seront formés en France jusqu'en juin 1940.
Parmi tous les chefs de gouvernement en exil, le général Sikorski est celui qui impose incontestablement son autorité et montre le plus d'efficacité dans la lutte commune. Son but : reconquérir son pays, s'opposer à toute modification des frontières de l'Etat polonais restauré et vainqueur. Il disait " la Pologne ne peut pas être le seul des Alliés à sortir de la guerre territorialement amputée ". Telle n'est pas l'intention de Staline. De là vient un profond malentendu entre Sikorski et Moscou.
En juillet 1941, Sikorski signe avec Moscou un accord comportant deux clauses :
1) L'URSS confirme la nullité du pacte germano-soviétique de 1939.
2) Les Soviétiques garantissent la libération d'un million et demi de Polonais déportés par eux et la formation d'une armée polonaise sur leur territoire.
En décembre 1941, le Général rencontre Staline à Moscou ; celui-ci se déclare en faveur d'une Pologne libre et indépendante, réussissant à tromper Sikorski et les Alliés occidentaux. Le Kremlin montre qu'il n'a nullement renoncé à ses prétentions sur les territoires polonais occupés lors de la collusion de Staline et de Hitler en 1939. Le 6 janvier 1942, l'URSS lance sa première offensive diplomatique en prévision de l'annexion des territoires de la Pologne orientale. Le 26 janvier 1942, Sir Stafford Cripps informe le général Sikorski que Staline aurait l'intention d'agrandir la Pologne au détriment de l'Allemagne en faisant de la Prusse orientale une province polonaise. Par contre, l'URSS annexerait les territoires qu'elle considère comme russes suivant " la ligne Curzon ", mais en réalité suivant le pacte Ribbentrop-Molotov. Le 31 janvier, le Général entretient Churchill des inquiétudes que fait peser le Kremlin sur la souveraineté de son pays. Il s'oppose vigoureusement au traité anglo-soviétique signé le 26 mai 1942.
Le 16 janvier 1943, Le commissaire soviétique aux Affaires étrangères, Molotov, fait remettre à l'ambassadeur de Pologne une note : le gouvernement soviétique considère désormais tous les habitants des provinces orientales de la Pologne annexées en 1939 par l'URSS, comme citoyens soviétiques. Le général Sikorski rejette toutes ces prétentions et il déclare aux membres du Conseil des ministres le 4 février 1943 : " Seuls les principes énoncés par la Charte de l'Atlantique et les termes du traité de Riga ont valeur pour déterminer le tracé des frontières orientales de la Pologne ". L'opposition entre Moscou et le général Sikorski est extrême lorsque éclate, le 13 avril 1943, la nouvelle de la découverte près de Smolensk, des charniers de Katyn, où ont été massacrés des milliers d'officiers polonais.
Moscou interrompt ses relations diplomatiques avec le Gouvernement polonais en exil et demande aux Alliés d'intervenir pour un changement de gouvernement en faveur de membres plus favorables à la politique soviétique. Dans ce contexte, le général Sikorski part pour Le Caire le 25 mai 1943 pour une inspection des troupes au Moyen Orient, c'est à dire des Polonais réchappés de la mort en URSS et combattant dans l'armée polonaise du général Władysław Anders sous commandement britannique. A son retour, son avion fait escale à Gibraltar, avant de rejoindre la Grande Bretagne. L'avion reprend son vol et décolle de l'aérodrome de Gibraltar le 4 juillet 1943 à 23 heures. Il s'abîme dans les flots quelques instants après. Parmi les premiers corps repêchés, celui du général Sikorski.
Jean Hutin-Sroka, "La politique du général Sikorski durant la Seconde Guerre mondiale" in DVD-ROM La Résistance polonaise en France, AERI, 2013