Paul Kohler

Légende :

Paul Kohler, MUR-MLN, NAP FER pour Marseille, CFL

Genre : Image

Source :

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Var - Signes

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Contexte historique

Paul Kohler naquit le 23 janvier 1900 à Miécourt, en Suisse, dans l’arrondissement de Berne, de parents français. Il fut engagé volontaire dans la Marine en 1918, puis, le 7 mai 1923, entra dans une compagnie ferroviaire. Veuf de sa première épouse, dont il eut un fils et une fille en 1923 et 1925, il se remaria en 1932 et eut un nouvel enfant. En 1939, Paul Kohler exerçait la profession de chef mécanicien au dépôt des machines SNCF de Marseille et la famille habitait au 2 boulevard-des-Grâces, dans le quartier de Saint-Barnabé.

Paul Kohler s’engagea dans la Résistance. Il fut en contact avec Georges Dusser, alias Eiffel qui, à partir d’Aix-en-Provence organisait, pour le mouvement Combat puis les Mouvements unis de Résistance (MUR), divers groupes dans le département et dans la région. Eiffel, en lien avec la direction nationale FER par l’intermédiaire de Pierre Bourgeois, alias Muriel, chef national adjoint, fut nommé en 1943 responsable régional FER pour une région R2 étendue. Paul Kohler assurait dans ce cadre la direction du groupe de Marseille et contrôlait les opérations de sabotage contre les transports allemands. Il appartint également à l’armée secrète (AS) du 15 septembre 1943 au 31 mai 1944, et aux Corps francs de la Libération (CFL-FFI) de juin à juillet 1944.

D’après le témoignage de son épouse, Paul Kohler fut arrêté le 25 juillet 1944 à midi, à son domicile, par quatre personnes descendues d’une automobile. Son arrestation fut sans doute la conséquence des actions répressives antérieures du SIPO-SD (la Gestapo) de Marseille. Il est possible d’en suivre les étapes grâce au rapport « Antoine », rédigé par Ernst Dunker-Delage, homme clé de ce service, et les interrogatoires de ce dernier à la Libération. Le 19 juillet, Ernst Dunker-Delage procéda à l’arrestation de Bourgeois, Muriel, aux Quatre-chemins à Marseille. Les documents saisis permirent l’identification d’autres membres du réseau actif au sein des chemins de fer. Ainsi, Pion, « chef du sabotage des chemins de fer pour toute la France » (arrêté à Dijon) et Dusser, alias Eiffel, que Dunker-Delage ne parvint pas à capturer à Aix-en-Provence. Bourgeois, conduit au siège du SIPO-SD, 425 rue-Paradis, durement interrogé, se suicida le 24 juillet 1944 en se jetant dans la rue depuis un étage élevé. Il apparaît sous le numéro 29 dans le rapport « Antoine ».

Paul Kohler est mentionné de manière très laconique au numéro 34 de ce rapport : « Il fut… le… », formule que l’on retrouve pour les fusillés de Signes. Paul Kohler fut effectivement exécuté à Signes le 12 août 1944 et inhumé sommairement avec huit autres victimes dans la « deuxième fosse ». Sa dépouille, transportée le 17 septembre à la morgue du cimetière Saint-Pierre à Marseille (cercueil 696), fut parmi les 32 premières identifiées. Le médecin légiste constata l’éclatement complet de l’occipital et des pariétaux.

Paul Kohler a été reconnu interné résistant et Mort pour la France. Il fut homologué lieutenant FFI et décoré de la Croix de guerre avec palme. Son nom est gravé, à Marseille, sur la colonne dédiée aux cheminots de la région Morts pour la France qui s’élève square-Narvik, devant la gare Saint-Charles, sur une plaque « aux agents de la SNCF tués par fait de guerre » apposée au dépôt de la rue-Pautrier et sur le monument aux morts du quartier de Saint-Barnabé.


Auteur : Robert Mencherini

Sources : Actes de naissance et de décès ; archives SNCF, CXXIV, fichier des agents arrêtés, incarcérés, déportés, décédés en France, LMO 109/002 ; archives départementales des Bouches-du-Rhône, 44 J 43 XXI, « Activité de Paul Dusser Georges, alias Eiffel-Arbaud-Latour », février 1945 ; DAVCC Caen, 21P 260 404, dossier de mort pour la France, Paul Kohler ; DAVCC Caen, 27 P 244, « Bouches-du-Rhône, charnier de Signes, Procès-verbaux d’enquête, exhumations » ; DAVCC Caen, 27 P 45, livre de saisies de la police de sécurité (SD), Marseille, commencé le 14 juin 1943 (avec jour d’inscription : Tag der Eintragung) ; archives nationales 72 AJ 104, AIII, le Kommandeur de la SIPO et du SD de Marseille, « Rapport final sur l’identification d’un groupe de Résistance de Marseille par le Kommandeur de Lyon dans l’affaire “industriel”. L’affaire Antoine », Marseille, 11 août 1944 ; archives départementales des Bouches-du-Rhône, 58 W 20, Interrogatoire de Dunker par le principal chef de la BST, à propos du rapport Antoine, 9 juillet 1945 ; presse quotidienne régionale, septembre 1944 ; Vérité, organe du mouvement de libération nationale, 1944-1945, en particulier le numéro 1 ; Madeleine Baudoin, Témoins de la Résistance en R2, intérêt du témoignage en histoire contemporaine, thèse de doctorat d’État, Université de Provence, 1977 ; Simone et Jean-Paul Chiny, La Résistance et l’occupation nazie à Marseille, Marseille, comité de l’ANACR, 2014, p. 309 ; Jean-Marie Guillon, notice in Maitron-en-ligne ; Robert Mencherini, Cheminots en Provence. Les années de guerre, 1939-1945, Marseille, éditions du CE cheminots, 2012 ; Midi rouge, Ombres et lumières. Histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône, 1930 - 1950, tome 4, La Libération et les années tricolores, Paris, Syllepse, 2014, pp. 58-60.