René Mariani

Légende :

René Mariani, Gaillard, MUR-MLN, Organisation universitaire (OU), adjoint de Chabanon, sans date

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Association régionale des familles de fusillés et martyrs de Signes et de Provence Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc. Voir aussi l'album photo lié.

Date document : Sans date

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Var - Signes

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Contexte historique

René Antoine Simon Mariani naquit le 14 août 1921 à Roquevaire (Bouches-du-Rhône). Son père était directeur de l’école primaire de Saint-Louis, dans les quartiers nord de Marseille (15e arrondissement) où habitait la famille, rue-Eudoxie. René Mariani fit ses études secondaires dans la cité phocéenne. Ses camarades de la Résistance gardaient de lui le souvenir – qu’ils rappelèrent à la Libération, dans le journal Vérité - d’un jeune homme passionné par la culture, admirateur fervent de Lamartine. C’était aussi un militant chrétien, responsable de la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC). Après la défaite, René Mariani fonda à Marseille, avec de jeunes intellectuels, le journal La Pléiade et monta une troupe de théâtre pour jouer Polyeucte. Requis en novembre 1941 pour les Chantiers de jeunesse, il s’inscrivit à son retour à la Faculté de droit d’Aix.

D’esprit très républicain, il s’engagea très tôt dans la Résistance et adhéra au mouvement Combat. Celui-ci fut intégré en 1943 dans les Mouvements unis de Résistance (MUR), puis à la fin de l’année, dans le Mouvement de Libération nationale (MLN). Sous le pseudonyme de Gaillard, René Mariani s’occupa, pour l’organisation universitaire (OU) du MUR-MLN, du recrutement et de l’organisation des jeunes. Son frère Roger Mariani, Tony, dirigeait d’ailleurs le groupe du lycée Saint-Charles à Marseille. Avec son chef, Albert Chabanon, Valmy, René Mariani suivit et entraîna un groupe formé autour de l’ « Amicale de l’Espérance », Patro de la paroisse de Saint-Antoine dans les quartiers nord de Marseille, qu’il connaissait bien. Il rassemblait, selon le témoignage recueilli par Pierre Gallocher, plus d’une trentaine de jeunes gens.

Faisant preuve d’un grand calme qui impressionnait les jeunes du Mouvement et dont témoigne, dans son mémoire dactylographié, Rose Madon, responsable des jeunes filles de l’organisation, René Mariani devint l’adjoint d’Albert Chabanon. Il assista également Valmy à la rédaction du journal du MLN, Le Marseillais, dont le premier numéro parut en janvier 1944. Après l’arrestation d’Albert Chabanon, le 16 juin 1944, René Mariani continua à éditer et à diffuser la feuille clandestine. Il rencontra à plusieurs reprises Francis Leenhardt, Lionel, membre du Comité départemental de Libération (CDL) des Bouches-du-Rhône pour le MLN, pour essayer, sans succès, de libérer Valmy.

René Mariani demeurait chez ses parents, alors domiciliés boulevard-Chave. Mais, le logement familial étant l’objet de menaces, il s’installa au 10-rue-Puget, où habitait la famille Madon. L’immeuble devint le rendez-vous des jeunes et accueillit des responsables de passage. Par mesure de sécurité, René Mariani déménagea ensuite rue-Blanqui, puis au 37 rue-de-Verdun. Situé au rez-de-chaussée, l’appartement offrait une deuxième issue par la cour. Il devint le PC de l’organisation.

C’est au 37 rue-de-Verdun que René Mariani fut interpellé par les services allemands le 13 juillet 1944, avec Jean Lestrade et André Aune. Une réunion devait s’y tenir, mais l’adresse avait été découverte par Ernst Dunker-Delage, homme clé de la section IV du SIPO-SD (la Gestapo), dans le carnet de Georges Cisson, arrêté précédemment. La fouille de cet appartement, qui servait aussi de secrétariat, fournit de nombreux documents issus du NAP ou de l’organisation universitaire (OU). Elle permit aussi de localiser un dépôt d’armes où furent saisis 25 mitraillettes avec leurs munitions, 100 grenades anglaises et 25 kilos d’explosifs.

René Mariani fut conduit au 425 rue-Paradis, siège du SIPO-SD. Dans le registre de saisies de la police de sécurité allemande (SD), il figure page 126 sous le numéro 919, à la date du 14 juillet 1944, comme Widerstandler (Résistant). Il était en possession, lors de son arrestation, de 28 000 francs. Il apparaît également sous le numéro 7 dans le rapport « Antoine », où Ernst Dunker-Delage établit le bilan des arrestations qui conduisirent aux exécutions de Signes. Selon ce rapport, René Mariani aurait avoué avoir recruté plus de 200 étudiants pour les FFI et les avoir organisés. Il est mentionné, à la fin des quelques lignes qui lui sont consacrées : « Il a été fusillé le 18/7/1944 ».

René Mariani fut effectivement exécuté à Signes le 18 juillet et enterré, de manière sommaire, avec 28 autres victimes dans la « première fosse ». Sa dépouille, transportée le 17 septembre à la morgue du cimetière Saint-Pierre à Marseille (cercueil 710), fut parmi les 32 premières identifiées. Le médecin légiste constata l’éclatement de l’occipital et des pariétaux. Un autre projectile avait traversé le corps à la base du thorax, du côté droit.

Après les obsèques nationales célébrées pour l’ensemble des martyrs de Signes au cimetière Saint-Pierre, le 21 septembre 1944, René Mariani y fut inhumé.

Le nom de René Mariani fut attribué à la rue-Eudoxie dans le 15e arrondissement de Marseille [Voir l'album photo lié]. Il figure aussi sur le monument aux morts de Luri (Haute-Corse) et a été donné à une rue de cette localité. René Mariani a été reconnu interné résistant, Mort pour la France et fut décoré de la Médaille de la Résistance à titre posthume.


Auteur : Robert Mencherini

Sources : Actes de naissance et de décès, DAVCC Caen, 21P 512 723, dossier de mort pour la France, René Mariani ; DAVCC Caen, 27 P 244, « Bouches-du-Rhône, charnier de Signes, Procès-verbaux d’enquête, exhumations » ; DAVCC Caen, 27 P 45, registre de saisies de la police de sécurité (SD), Marseille, commencé le 14 juin 1943 (avec jour d’inscription : Tag der Eintragung) ; archives nationales 72 AJ 104, AIII, le Kommandeur de la SIPO et du SD de Marseille, « Rapport final sur l’identification d’un groupe de Résistance de Marseille par le Kommandeur de Lyon dans l’affaire “industriel”. L’affaire Antoine », Marseille, 11 août 1944 ; archives départementales des Bouches-du-Rhône, 58 W 20, Interrogatoire de Dunker par le principal chef de la BST, à propos du rapport Antoine, 9 juillet 1945 ; presse quotidienne régionale, septembre 1944 ; Vérité, organe du mouvement de libération nationale, 1944-1945, en particulier les numéros 1, 4, et 42 ; Adrien Blès, Dictionnaire historique des rues de Marseille, Marseille, Éd. Jeanne Laffitte, rééd. 2001, p. 287 ; Pierre Gallocher, 1939-1945. Les années oubliées de l’église de Marseille, Marseille, Paul Tacussel éd., 1994, p. 285 ; Pierre Gallocher, Marseille au temps des patros et des colos, Marseille, Paul Tacussel éd., 1996, p. 137 ; Madeleine Baudoin, Témoins de la Résistance en R2, intérêt du témoignage en histoire contemporaine, thèse de doctorat d’État, Université de Provence, 1977 ; Madeleine Baudoin, Histoire des groupes francs (MUR) des Bouches-du-Rhône, de septembre 1943 à la Libération, Paris, PUF, 1962 ; Germaine Madon-Semonin, Les années d’ombre, 1940-1944. Les Jeunes dans la Résistance à Marseille, ronéotypé, sd., 19 p., p. 12, pp. 14-16 ; Jean Fabre, Les soldats de l’ombre, Marseille, chez l’auteur, 1998, ronéotypé, 76 p., pp. 52, 55 ; Simone et Jean-Paul Chiny, La Résistance et l’occupation nazie à Marseille, Marseille, comité de l’ANACR, 2014, p. 297 ; Jean-Marie Guillon, notice in Maitron-en-ligne ; Robert Mencherini, Midi rouge, Ombres et lumières. Histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône, 1930 - 1950, tome 3, Résistance et Occupation, 1940-1944, pp. 506-507 et p. 539, tome 4, La Libération et les années tricolores, Paris, Syllepse, 2014, pp. 58-60.