Sépultures du cimetière d'Alès (Gard)
Légende :
Dans l'allée centrale se trouvent la stèle des Martyrs de la Résistance du Puits de Célas avec les tombes de Lucien BELNOT, Aimé CREGUT et celles des deux partisanes allemandes Hedwig RAHMEL-ROBENS et Lisa OST ainsi que les tombes du charnier de Saint Hilaire de Brethmas.
Genre : Image
Type : Sépultures
Source : © Mémoire et Résistance dans le Gard Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur
Date document : 2016
Lieu : France - Occitanie (Languedoc-Roussillon) - Gard - Alès
Contexte historique
Hedwig Rahmel est née le 9 novembre 1896 à Rosslau. Antifasciste allemande, elle a été infirmière dans les Brigades internationales de 1937 à 1939 en Espagne. C'est en Espagne qu'elle épouse Christian Robens. Ils sont tous les deux au maquis en Cévennes.
Lisa Ost de Francfort-sur-le-Main, est une antifasciste allemande, ancienne infirmière des Brigades internationales. Elle est l'épouse de Léo Rottenstein, assassiné peu de temps avant elle par la Gestapo.
En février 1944, Hedwig Rahmel-Robens et Lisa Ost, logées à La Fabrègue, soignent les maquisards et assurent les contacts entre les groupes de résistants. Elles font partie du maquis Montaigne. "Le 5 février, arrivant de Sèderon, les six derniers bûcherons de la Drôme : Martin Kalb, Dankner, Hartmann, Hilgert, Mayer et Reichard retrouvèrent une vingtaine de leurs camarades déjà regoupés : Butzow, Mosch, Lindner, Stierwald, Rubens et ceux venus du Bois du Seigneur. Deux femmes, anciennes des Brigades internationales, Hedwig Rahmel-Robens et Lisa Ost allaient jouer le rôle de courriers et d'infirmières".
Après le 12 février 1944, Hedwig Rahmel-Robens et son mari Christian Robens se cachent avec Lisa Ost, dans la partie inoccupée d'une maison à Nozières, hameau isolé de la commune de Saint-Germain-de-Calberte. Eloi Folcher raconte : "Montaigne est venu trouver mes parents. Il leur a demandé d'accorder au maquis l'appartement vide, ce que mon père et ma mère acceptèrent volontiers de faire, gratuitement bien entendu. C'est ainsi que nous avons vu arriver chez nous deux femmes et un homme. Nous savions évidemment qu'il s'agissait d'antifascistes allemands, membres du maquis." Depuis leur arrivée en Cévennes Lisa et Hedwig ont "laissé leurs bagages chez Olga et Raymond Brès à la "station" du CFD (chemin de fer) de Saint-Frézal-de-Ventalon. Chaque semaine, parfois à plusieurs reprises elles y passaient afin de prendre ou de déposer des objets dans leurs valises".
Après les combats du 12 avril, "Ernst Butzow et Lisa Ost, handicapés par leur blessure, après avoir été soignés à Trabassac, furent dirigés sur une maison amie. C'est chez la famille Servière, au Magistavol, (...) qu'ils trouvèrent refuge durant quelques jours. Hedwig Rahmel-Robens, (...) venait régulièrement pour faire leurs pansements".
Le mardi 30 mai 1944, les Waffen SS d'Alès se faisant passer pour des maquisards, après avoir tué Hans Mosch sont conduits à Nozières par Paul Huber. Ils persuadent Christian Robens de les accompagner rencontrer Otto Kühne. Ayant sans doute découvert la vérité, en cours de route Christian Robens est arrêté par la Gestapo.
Dans la nuit, Anna Rousseau va à Nozières et fait le récit des événements. Les trois femmes et les résistants présents dont Albert Stierwald et Saturnino Gurumeta comprennent dans quelles mains est tombé Christian Robens.
Le 5 juin 1944, Gestapo et Waffen SS, en uniforme cette fois, à bord de trois véhicules dont deux camionnettes, arrivent jusqu'à Nozières. Richard Hilgert raconte : "Hedwig voit monter la colonne de voitures. Elle se dit qu'il ne vient jamais de voitures par ici, que cela ne peut être que la Gestapo. Les voitures s'arrêtent dans le virage de Claberette; l'étroitesse du chemin et les ravines empêchent de continuer . Les hommes sortent un par un du virage. Ils vont être là dans dix minutes. On distingue leurs armes et leurs uniformes. Hedwig emballe rapidement ses affaires, avertit les autres habitants et disparaît avec eux (...) Vingt SS et des agents de la Gestapo, (...) s'avancent vers les maisons en hésitant (...) Les deux maisons sont vides. Mais les braises et la soupe de marrons qui bout prouvent que quelqu'un se trouvait ici il y a quelques minutes seulement". Ils incendient la maison. A leur retour, ils sont interceptés par le maquis aux Portettes. Le maquis prévoit de mettre Lisa et "Hede" en sûreté avec une première étape à Nîmes..
Lisa Ost et Hedwig Rahmel-Robens décident de partir le jour même. Le train s'arrête à Alès : il ne va pas plus loin. Au soir du 6 juin, elles sont contraintes de passer la nuit à l'hôtel. Au Rich'Hôtel, "l'hôtelier remarque que les deux "Lorraines" ne savent même pas remplir une fiche d'hôtel. Il signale cela à une patrouille de la Milice. (...) Elles sont arrêtées et emmenées à la prison..."
A la Libération, un détenu parle de ces deux prisonnières torturées qui "ne savaient pas le français et se prétendaient Lorraines. Il raconta les blessures qu'elles portaient à leur retour d'interrogatoire, il parla de leur courage et de leur ténacité". D'autres témoignages prouvent le courage des deux résistantes allemandes qui le 26 juin au matin seront conduites au puits de Célas à moins de dix kilomètres d'Alès pour y être abattues.
Le 21 août 1944, Alès est libérée. La Wehrmacht fuit vers Nîmes. On ouvre les prisons. De nombreux prisonniers ne sont plus là.
"Dans un puits de la mine de Célas d'une centaine de mètres de profondeur, trente et un corps sont découverts. (...) Parmi eux se trouvent Lisa Ost et Hedwig Rahmel-Robens". Au cimetière d'Alès, "deux pierres simples rappellent le souvenir de deux Allemandes qui donnèrent leur vie pour la paix et la liberté".
CD-ROM La Résistance dans le Gard, AERI, 2009