Monument à la mémoire de Jean Roupain et André Aboulin, Baron (Gard)
Légende :
Sur la route D.981 d’Alès à Uzès, non loin de Fontcouverte, un monument en forme de croix de Lorraine indique le lieu où tombèrent, le 23 août 1944, le lieutenant Jean ROUPAIN et André ABOULIN, membres de la 38e Compagnie CFL.
Genre : Image
Type : Stèle
Source : © Mémoire et Résistance dans le Gard Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur
Date document : 2016
Lieu : France - Occitanie (Languedoc-Roussillon) - Gard - Baron
Analyse média
Érigé par la 38e Compagnie CFL, et les FUJP d’Alès, il rappelle le sacrifice de ces deux résistants qui firent face à un ennemi supérieur en nombre et en armes.
Mémoire et Résistance dans le Gard
Contexte historique
Sur la route d'Alès à Uzès, près de Baron, un monument en forme de croix de Lorraine marque le lieu d'un accrochage qui a coûté la vie, le 23 août 1944, à deux patriotes, Jean Roupain et André Aboulin. Ce jour-là, un groupe de résistants alésiens, avec André Aboulin, Aimé Boiral, M. Ponge, est chargé d'aller récupérer des armes dans un véhicule abandonné par les Allemands près d'Euzet. Précédé de Jean Roupain à moto, ce groupe arrive à la hauteur du lieu-dit Fontcouverte quand il est pris sous le feu d'une colonne allemande : une partie du groupe parvient à s'enfuir, mais André Aboulin, Jean Roupain, tous deux blessés et Aimé Boiral, indemne, sont faits prisonniers. D'après le récit de ce dernier, les deux blessés sont achevés par l'ennemi. Aimé Boiral bénéficie peu après d'un échange de prisonniers. Les deux corps sont exposés dans le hall du lycée d'Alès, érigé en chapelle ardente. Le 11 novembre 1945 est inauguré un monument érigé en hommage aux deux victimes à l'initiative de la 38ème Cie des Corps- francs de la Libération (CFL) et du groupe Forces unies des jeunesses patriotiques (FUJP) d'Alès.
André Aboulin
André Aboulin est né le 30 octobre 1907, au Soulier, commune de Saint-Martin-de- Valgalgues, au sein d'une famille ouvrière d'origine lozérienne. Comme son père, il entre à la Compagnie des Forges d'Alais comme mouleur. En 1931, il achète le café du Pont à La Royale près d'Alès et une automobile Peugeot pour faire taxi, en plus de son travail aux Forges.
En 1939, il est mobilisé dans les chasseurs alpins mais est rappelé en affectation spéciale comme mouleur aux Forges.
Après l'armistice, il pense à rejoindre l'Angleterre et le général De Gaulle mais il renonce, car il craint des représailles contre sa famille. A partir de fin 1942, chauffeur forcé des occupants, il bénéficie d'un laissez-passer de la kommandantur. Celui-ci est précieux pour la Résistance : membre du groupe de Francs-tireurs et partisans (FTP) "légaux" d'Alès dès novembre 42, André Aboulin profite de sa fonction pour faire passer à de nombreuses reprises des messages pour les maquis. Il parvient à transporter clandestinement des patriotes blessés à la Maison de Santé Protestante d'Alès où sa femme est membre de la Croix-rouge aux côtés de la docteresse Jeanne Bataille et de Mademoiselle Mathis.
Il est tué aux côtés de Jean Roupain lors des combats de la Libération le 23 août 1944.
Jean Roupain
Jean Roupain est né le 29 juin 1912 à la Madeleine, dans la banlieue de Lille, au sein d'une famille aisée : son père Gaston Roupain, adepte des idées du catholicisme social, dirige une filature de lin. Après des études à l'ICAM (Institut catholique des arts et métiers) de Lille, Jean Roupain obtient le diplôme d'ingénieur en 1933. Lors de son service militaire, il suit la formation d'élève officier de réserve, et, en 1934, le ministère de l'air lui décerne le brevet militaire d'observateur aérien. II est promu lieutenant en 1938.
Jean Roupain exerce son métier dans la région lilloise au sein de l'industrie textile, en particulier à Roubaix. En 1935, il épouse Simone Wallez dont il aura six enfants. Rappelé à la base de Bourges en novembre 1939, il combat en France comme chef d'équipage. Blessé en mission, le 9 juin 1940, il fait l'objet d'une citation. Il poursuit son engagement en Afrique du Nord avant d'être démobilisé le 3 avril 1941.
Jean Roupain et sa famille partent ensuite dans le Gard, à Alès où il trouve un emploi à la Compagnie des Mines et Forges d'Alès, comme ingénieur, chef de service de la fonderie. Les conditions précises de son engagement en résistance restent méconnues. Il encourage d'abord beaucoup de jeunes à gagner le maquis pour échapper au Service du travail obligatoire (STO) et combattre l'ennemi.
Du fait de sa formation d'aviateur, il se rapproche de l'Aéro-club d'Alès et des Cévennes, qui sert de couverture à des activités de Résistance, notamment des FUJP ; il en devient le vice-président aux côtés de Max Pascal.
Au moment de la Libération, ce groupe devient la 38ème Compagnie CFL "Duguesclin", il est alors intégré avec le grade de lieutenant des Fores françaises de l'intérieur (FFI).
Le 23 août 44, alors qu'il est en mission, accompagné de cinq résistants, il tombe dans une embuscade près d'Euzet-les-Bains sur la route d'Uzès. Il est tué aux côtés d'André Aboulin.
Son plus jeune frère, Bernard Roupain, résistant arrêté et déporté, serait mort dans le camp de concentration de Bergen-Belsen en février 1945. Leur père, Gaston Roupain, descendu du Nord, pour organiser le retour de la famille est décédé, d'une crise cardiaque, dans le train, en gare de Nîmes.
Laurent Pichon, Jacques Brès in CD-ROM La Résistance dans le Gard, AERI, 2009