Plaque à la mémoire de Léon Goldberg, Paris 19e
Légende :
Plaque apposée 37 rue de Meaux dans le 19e arrondissement de Paris
Genre : Image
Type : Plaque commémorative
Source : © Classe de CM2A de l'école du 5 rue des Alouettes, Paris 19e Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur
Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris XIXe
Contexte historique
Né le 14 février 1924 à Lodz (Pologne), fusillé le 21 février 1944 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; étudiant ; résistant FTP-MOI ; un des condamnés du procès dit de l’Affiche rouge.
Lebj Goldberg, fils de Samuel et de Rawka, était d’origine juive polonaise. La famille Goldberg émigra en France peu de temps après sa naissance, son père en 1928, Léon et sa mère à la fin de 1929. En 1931, son père, tailleur, était domicilié 7 impasse Questure dans le XIe arrondissement de Paris. Léon Goldberg était domicilié 32 rue de Meaux (XIXe arr.). Il fréquenta l’école du 119 avenue Simon-Bolivar, et souhaitait devenir instituteur. Bon élève, il fut admis au lycée en 6e, et concourut pour obtenir une bourse : « cinq mille élèves concouraient pour trois cents bourses à Paris, il fut classé premier » témoigna Maurice Rozenblum, son camarade de classe en mars 2000. Léon Goldberg obtint le brevet et suivit pendant deux ans les cours du centre professionnel de l’école Turgot jusqu’en mai 1942, puis il accomplit un stage de trois mois à l’usine métallurgique Rateau à La Courneuve. Ses parents et ses deux frères Max et Henri, qui portaient l’étoile jaune, furent raflés le 16 juillet 1942 et parqués au Vel d’Hiv ; par chance Léon n’était pas là. Son père fut déporté le 31 juillet 1942 à Auschwitz, sa mère et ses deux frères le 19 août 1942, tous moururent au camp d’extermination d’Auschwitz (Pologne).
Réfugié dans la famille Tenenbaum qui était domiciliée 99 avenue Simon-Bolivar, Léon Goldberg décida alors de rejoindre les FTP-MOI. Entré au 2e détachement (juif), il fut muté ensuite au 4e détachement dit des dérailleurs, sous le pseudonyme de Julien. Il fut repéré une première fois par les fileurs de la BS2 le 8 septembre 1943 à 10 h 30 au square des Buttes-Chaumont avec Moska Fingercweig, puis à 18 h 25 sur le cours de Vincennes en compagnie de Émeric Glasz, et le lendemain à 16 h 55 rue Mounet-Sully (XXe arr.) en conversation avec Michaël Martiniuk (Jonas Geduldig). Le 13 septembre 1943, il était dans l’équipe qui déboulonna des rails à Villepatour (Seine-et-Marne). Le 21 octobre, l’équipe des dérailleurs fut filée par des inspecteurs de la BS2, dès leur départ de la gare de l’Est. « À 11 h 20 [Wajsbrot] s’installe sur un banc dans le hall. À ce moment, nous apercevons Boczov qui circule, puis Goldberg, Martiniuk, Fingercweig et Elek qui arrivent successivement. Goldberg porte sur le dos un sac de camping paraissant lourdement chargé. Fingercweig porte une musette bourrée, Elek un sac de camping. Nous apercevons Wajsbrot qui circule avec une musette pleine sur le dos. » Les policiers des Brigades spéciales laissèrent l’équipe des dérailleurs agir, ils voulaient arrêter les chefs de la Résistance. Le 24 septembre 1943 il était dans l’équipe qui sabota la voie ferrée à la hauteur de Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne), ce qui provoqua le déraillement d’un train. Il participa au sabotage de la voie ferrée Paris-Troyes dans la nuit du 25 au 26 octobre à Grands-Puits (Seine-et-Marne) (un train de marchandises de 51 wagons, 27 déraillèrent, deux convoyeurs allemands furent tués). Après cette action réussie, trois des combattants, Amedeo Usseglio, Salomon Schapira dit Willy et Léon Goldberg circulèrent dans Mormant (Seine-et-Marne).
Repéré par des policiers de la Sûreté, ils furent interpellés. Léon Goldberg présenta une carte d’identité au nom de Gérard Charton, demeurant 23 rue Clovis-Hugues à Paris (XIXe arr.), il portait sur lui un pistolet automatique de marque Savage calibre 7,65 mm chargé de dix cartouches. La BS2 fut alertée. Léon Goldberg fut interrogé dans les locaux des Brigades spéciales, battu voire torturé, puis livré aux Allemands et emprisonné à Fresnes.
Léon Goldberg était l’un des vingt-quatre accusés qui comparaissaient le 18 février 1944 devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). La presse collaborationniste aux ordres des Allemands, dont Le Matin, s’en fit l’écho : « Le tribunal militaire allemand juge 24 terroristes ayant commis 37 attentats et 14 déraillements. Un Arménien, Missak Manouchian, dirigeait cette tourbe internationale qui assassinait et détruisait pour 2 300 francs par mois. » Le tribunal allemand du Gross Paris le condamna à mort le 18 février pour « action de franc-tireur ». Il écrivit sa dernière lettre à sa fiancée, Ginette. Léon Goldberg fut passé par les armes le 21 février à 15 h 52 avec ses vingt et un camarades, dont Missak Manouchian. Son inhumation eut lieu dans le carré des corps restitués aux familles dans le cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne). La mention « Mort pour la France » fut attribuée à Léon Goldberg le 15 février 1949 par le ministère des Anciens Combattants, et il fut déclaré sergent-chef FFI à titre posthume.
Le nom de Léon Goldberg figure sur les plaques commémoratives dédiées au groupe Manouchian au 19 rue au Maire à Paris (IIIe arr.), à Marseille, près de la gare d’Évry-Petit-Bourg (Essonne) où furent arrêtés Missak Manouchian et Joseph Epstein (colonel Gilles), et au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis).
Jean-Pierre Besse et Daniel Grason pour le Maitron des fusillés