Comité départemental de Libération de la Drôme (CDL)

Légende :

Le CDL pose sur l’escalier de la Chambre de Commerce et d’Industrie, place du Palais de Justice, à Valence-sur-Rhône.

Genre : Image

Type : Photo

Producteur : Inconnu

Source : © ADD, fonds Vincent-Beaume Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique noir et blanc.

Date document : Septembre 1944

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Valence-sur-Rhône

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Analyse média

Le Comité départemental de Libération (CDL) de la Drôme pose sur l’escalier de la Chambre de Commerce et d’Industrie, place du Palais de Justice, à Valence-sur-Rhône.

De gauche à droite :

1er rang : André Hérold, Fernand Bouchier, Marius Mouttet ancien ministre, Jean Buclon, Roger Marty, secrétaire général de la préfecture, Charles Follet, intendant de la Résistance, André Planel, professeur, comptable de la Résistance.
2e rang : Marguerite Verguet, Élie Long, Claude Alphandéry, président du CDL, Pierre de Saint-Prix, préfet, le poète Pierre Emmanuel, l'abbé Chalamet.
3e rang : Clovis Maurice, Benjamin Malossane, Marius Mayet. Étaient absents au moment de la photo : le pasteur Sablier, Achille Jacquin, Charles Jullien.


Auteurs : Jean Sauvageon

Contexte historique

Décidés par le Comité français de libération nationale (CFLN) d'Alger à l'été 1943, les Comités départementaux de Libération (CDL) se mettent en place, en général, au printemps 1944. Une circulaire du CNR (Conseil national de la Résistance) du 24 mars 1944 leur assigne la tâche d'être « l'âme du département qui, sous leur direction, lutte pour sa libération » et insiste sur leur nécessaire composition par des « hommes éprouvés dans l'action, familiarisés avec la vie et l'organisation de la Résistance ». À l'inverse, l'ordonnance du 21 avril 1944 du CFLN entend limiter leur activité à un rôle consultatif auprès du préfet désigné par les nouvelles autorités, dans la Drôme Pierre de Saint-Prix.

Nous ne savons que peu de choses sur la création et l'activité du CDL de la Drôme avant l'été 1944. Selon le témoignage de Claude Alphandéry, le noyau fondateur se cristallise à l'automne 1943 autour de Claude Alphandéry, désigné président, Fernand Bouchier et André Hérold. Selon une source du Front national, il se crée fin mai 1944 autour des MUR (Mouvements unis de Résistance), du PC (Parti communiste), du Front national (FN) et de la CGT. Selon André Hérold lui-même, la première réunion au printemps 1944 associe des représentants des MUR (issus des mouvements Combat, Franc-tireur et Libération) sans le Parti communiste, qui n'a pu être contacté. Fin août 1944, élargi à la demande du commissaire de la République Yves Farge qui veut y inclure toutes les composantes de la Résistance, il se compose de dix-huit membres : Claude Alphandéry (Cinq-Mars) président, Fernand Bouchier (Boutarin, Bouteille) pour le Parti socialiste, André Hérold pour les MUR/MLN (Mouvement de libération nationale), Marius Mayet pour le PCF, Charles Follet (Raymond) pour les radicaux, Clovis Maurice pour la Jeune République, Élie Long pour le Front national, Achille Jacquin pour la CGT, Jean Buclon pour les anciens combattants, futur maire de Valence, André Planel ("Jean") pour la Libre pensée, Benjamin Malossane pour le Vercors, Davin pour les prisonniers, Marguerite Verguet pour les femmes auxquels s'ajoutent Émile Lisbonne et Marius Moutet au titre des élus d'avant-guerre, l'abbé Charles Chalamet et le pasteur Gédéon Sablier pour les confessions religieuses ainsi que l'écrivain Pierre Emmanuel.

En septembre 1944, se joignent à l'équipe le jeune communiste Pierre Vallier, pour les FUJP (Forces unies de la jeunesse patriotique) et le socialiste Édouard Girouin, agriculteur et maire d‘Espenel comme représentant de la CGA (Confédération générale agricole), remplacé à cette fonction quelques mois après par Fernand Jacquet, également socialiste. D'autres modifications interviennent à la Libération. En septembre, René Eymes pour le PC et Claude Belmas ("Ulysse") pour le Front national remplacent Mayet et Long, alors que la militante communiste Jenny Flachier entre au titre de l'Union des femmes françaises. En janvier 1945, Charles Follet, en congé du Parti radical, est remplacé par Marcel Escleine. Claude Alphandéry, démissionnaire, est remplacé à la présidence le 29 décembre 1944 par Fernand Bouchier. Un nouveau bureau est alors constitué avec René Eymes et Achille Jacquin, vice-présidents, Claude Belmas secrétaire politique. De l'été à l'hiver 1944, la composition du CDL traduit la poussée de l'influence des communistes. Seulement deux en août, ils passent à quatre avec l'arrivée de Pierre Vallier et surtout Jenny Flachier, et représentent, avec Belmas et Eymes, la moitié du bureau. La sensibilité majoritaire du CDL est cependant plutôt « socialisante », si l'on ajoute aux militants encartés de la SFIO (Bouchier, Girouin puis Jacquet, Hérold, Malossane, Moutet), des personnalités de sensibilité radicale, souvent franc-maçonnes (Buclon, Follet, Lisbonne, Planel).

Du débarquement en Normandie à la Libération, le CDL, installé à Die jusqu'au 21 juillet, se déplace ensuite dans diverses localités de l'intérieur du département, dont Crest. En contact étroit avec de Lassus de Saint-Geniès ("Legrand") commandant les FFI de la Drôme, il assure l'administration des zones libérées du Diois et du Nyonsais, veille au ravitaillement et au financement de l'activité de la Résistance. Charles Follet, nommé intendant civil et militaire, normalise l'émission des bons de réquisition au profit des maquis, fixe les prix agricoles de gros. Le CDL lance l'emprunt de la Libération, annoncé dans la presse résistante, qui rapporte plusieurs centaines de milliers de francs. Il édite un journal, bientôt hebdomadaire, le résistant de la Drôme. Il veille aussi à la mise en place, dans chaque commune, des Comités locaux de libération (CLL) chargés de préparer le renouvellement des municipalités. Pierre de Saint-Prix et André Hérold, forts de leur parfaite connaissance du tissu politique du département, sont les principaux artisans de ce travail : 27 CLL sont recensés dès le 24 août 1944.
En septembre 1944, le CDL installé à Valence dans les locaux de la Chambre de commerce, place du Palais de Justice, puis à l'hôtel de Lyon (avenue de la Gare), réquisitionné à cet effet, tient deux réunions hebdomadaires, le mardi et le vendredi. L'activité est intense à l'automne et l'hiver 1944-1945. Le CDL, en contact étroit avec le préfet Pierre de Saint-Prix, essaie d'encadrer l'épuration, de stimuler la reconstruction et le redémarrage de la vie économique, tout en étant le destinataire de multiples demandes de la population : attestations d'activité résistante ou de non-collaboration, demandes de remboursement de l'emprunt de la Libération, de diverses dérogations aux règlements en vigueur, etc. Il accueille à Valence le 22 septembre la réunion de onze CDL du sud-est de la France (Ain, Hautes-Alpes, Ardèche, Drôme, Isère, Jura, Loire, Rhône, Saône-et-Loire, Savoie et Haute-Savoie) préparatoire aux États généraux des 37 CDL de la zone Sud (Avignon, 7-8 octobre).
Il doit affronter des dissensions internes, du fait en particulier de la demande des communistes de voir augmenter leur représentation au détriment d'organisations jugées non représentatives (Libre pensée, Parti radical).
Après le renouvellement des mairies (avril-mai 1945), du conseil général (septembre 1945) et le scrutin constituant du 21 octobre 1945, le CDL s'étiole progressivement. L'assemblée générale des CLL regroupe ainsi 110 comités le 18 janvier 1945, 33 seulement le 9 août. Malgré sa décision, le 21 février 1946, de se maintenir sous forme associative, le CDL ne semble plus guère se réunir après le printemps. Le dernier procès-verbal de réunion date du 11 avril 1946.


Auteurs : Gilles Vergnon. Jean Sauvageon
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERI-AERD, 2007. Claude Alphandéry, Vivre et résister.