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Carte de grossesse

Légende :

Cette carte a été délivrée le 29 août 1942 par la mairie de Triors.

Genre : Image

Type : Ticket rationnement

Source : © Archives communales de Triors Droits réservés

Détails techniques :

Feuille de papier de 18 x 12 cm, de couleur rose, imprimée recto-verso.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme

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Analyse média

Les femmes enceintes doivent se déclarer en mairie et reçoivent une carte de grossesse.

Au recto, figure la date de délivrance de la carte (29/08/1942), l’adresse et les éléments d’état-civil (le nom de la future parturiente a été gommé), le nom du médecin ou de la sage-femme, la date de la délivrance du certificat initial attestant la grossesse (17/07/1942), la date probable de l’accouchement (20/11/1942). En seconde partie du document, c’est un nouveau certificat médical délivré par le même médecin, le 1er septembre 1942, au cours de la visite du 5ème mois.

En bas et en haut de la carte, différents tickets sont prévus permettant d’obtenir du lait entier, des suppléments alimentaires ou du charbon. Un ticket permet d’obtenir une « carte de priorité » utile dans les queues devant les magasins ou dans les transports où la femme enceinte pouvait passer devant les autres.

Au verso, sont notées les « Instructions pour l’usage de la CARTE DE GROSSESSE :
La présente carte permet à le femme enceinte de justifier de son état sans avoir à produire de certificat médical chaque fois qu’elle demande à bénéficiers des avantages auxquels elle peut prétendre. Elle est valable jusqu’à l’accouchement sous réserve pour l’intéressée de subir un examen médical au cours du cinquième mois de grossesse et d’en faire consigner les résultats dans la partie réservée à cet effet au recto de la présente carte.
La signature du médecin ou de la sage-femme doit être certifié par le maire ou le commissariat de police.
En cas d’interruption de grossesse la carte cesse immédiatement d’être valable et devra être restituée à la mairie par la titulaire en même temps que les titres de rationnement obtenues au moyen de cette carte. Il lui sera délivré un récépissé sous la forme d’un certificat de retrait modèle 5 bis. La non restitution de la carte et des titres de rationnement est assimilée à leur détention irrégulière et expose l’intéressée aux peine prévues par la loi
[pouvant aller jusqu’aux travaux forcés à perpétuité ! cf. recto].
Au moment de la naissance de l’enfant, la délivrance des titres d’alimentation du nouveau-né est subordonné à la restitution de la carte de grossesse et des titres d’alimentation, non attribués, attribuant des suppléments de rations alimentaires. Le reliquat des titres non employés à l’acquisition de suppléments alimentaires doit correspondre aux rations à percevoir à compter du lendemain de la naissance et jusqu’à la fin du mois en cours. Dans le cas où tout ou partie des tickets correspondants aux rations non échues aurait été employé, une retenue égale aux quantités consommées par anticipation sera opérée sur les titres d’alimentation de l’enfant. »
Si l’on se réfère à la fin de ces instructions, attention aux cas d’accouchement prématuré, si la maman a consommé le supplément alimentaire avant la naissance, ce qu’elle a consommé indûment sera prélevé sur les rations du bébé !

En plus de ces instructions, les futures mamans sont incitées à s’adresser au Secours National, une des institutions à la solde du régime de Vichy :
Futures mamans, Donnez à bébé toutes ses chances adressez-vous au Secours National (en haut de la page), LES COMPRIMÉS VITAMINÉS, distribués dans les principaux centres urbains, LE « GOÛTER DES MÈRES » ont été créés pour vous par « LE SECOURS NATIONAL » (en bas de page).


Auteurs : Jean Sauvageon

Contexte historique

Cette carte est l’illustration d’un des volets de la devise de l’État français, « Travail, famille patrie ». Ici, on apporte sa sollicitation à la future mère de famille en lui attribuant des suppléments alimentaires et lui donnant une certaine priorité dans quelques situations.

Chaque habitant était muni d’une carte d’alimentation, la carte A, utilisée pour acheter la « ration de base » par la grande majorité. Quelques situations permettaient de pouvoir bénéficier de suppléments, les jeunes avec les cartes J1, J2 et J3, les « travailleurs de force » avec la carte T, et les femmes enceintes avec la « carte de grossesse », etc.

Ces cartes donnaient lieu à une véritable bureaucratie, pour les mairies d’abord qui les distribuaient, qui devaient les viser, délivrer, comme c’est le cas ici, un récépissé... Les commerçants ensuite ne pouvaient vendre la plupart des denrées que contre remise d’un ticket. Ces tickets étaient recollés par le vendeur sur des feuilles récapitulatives spéciales, distinctes pour chacune des denrées vendues. En échange de ces tickets auprès de leurs fournisseurs, il pouvait recevoir de nouvelles livraisons. Et ainsi de suite, pour le grossiste. Sans oublier les citoyens qui devaient gérer les multiples cartes dont ils étaient pourvus pour le pain, les denrées diverses, la viande et la charcuterie, les textiles, les chaussures, les ustensiles de cuisine, le matériel de jardinage, certaines semences, le tabac, etc.


Auteurs : Jean Sauvageon
Sources : Archives communales de Triors.