Pour aider les Alliés, il faut déjà trouver le contact avec eux
Légende :
Parachute pour pigeon voyageur - Photo tirée du livre Mémoires d'objets, histoires de Résistants, Éd. Ouest-France, 2016.
Genre : Image
Type : Objets
Producteur : Antoine PASCAL
Source : © Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne Droits réservés
Lieu : France
Analyse média
La vieille technique de la transmission d’informations par pigeons voyageurs a continué à être utilisée durant la 2e guerre mondiale par les Britanniques : plus de 1500 missions ont été effectuées par ces agents très spéciaux en France. Ils étaient parachutés dans de petits containers contenant un questionnaire sur les installations allemandes de la zone concernée. Ce fut notamment le cas en 1944, au moment où le territoire britannique était visé par les armes secrètes de type V1 ou V2 dont les rampes de lancement se trouvaient dans les régions proches de la Manche. Le Français trouvant le questionnaire pouvait le remplir, le glisser dans un tube fixé à une bague, elle-même attachable à une patte du volatile. Une fois libéré, le pigeon retournait en Angleterre.
Bien sûr, cette technique avait des limites : près de neuf pigeons sur dix n'ont pas réussi à revenir sur sol britannique, soient qu'ils n'aient jamais été découverts, soit qu'ils n'aient pas été renvoyés. Mais les Français qui leur confiaient des informations recueillies par eux couraient moins de risque d'être arrêtés que s'ils opéraient à l'intérieur d'un réseau de renseignement organisé.
L’utilisation de ce moyen « archaïque » montre à quel point les enjeux du renseignement étaient énormes du côté des Alliés, et surtout nécessitaient des croisements permanents entre différentes méthodes : aviation d’observation, réseaux de la Résistance, outils sophistiqués de décryptage des codes ennemis, autres procédés tels que ces pigeons.
Bruno Leroux
Source: W.H. Osman, Pigeons in Wordl War II, London, The Racing Pigeon Publishing Co. Ltd, 1950
Contexte historique
Le contact avec « Londres » a été l’obsession de bien des résistants, désireux de faire avant tout quelque chose de directement utile pour ceux qui continuaient la guerre contre l’Allemagne nazie.
Les deux types d’actions qui ont paru pendant longtemps les plus satisfaisants (bien plus que la lutte armée, trop déséquilibrée) sont la transmission de renseignements et l’aide à l’évasion des militaires alliés se trouvant sur le sol français. Ceux-ci pouvaient être des prisonniers de la campagne de 1940 évadés avant leur transfert en Allemagne, ou des aviateurs dont l'appareil avait été abattu au-dessus de la France.
Mais il ne suffisait pas de cacher ces militaires ou de collecter les renseignements. Il fallait les exfiltrer ensuite, ce qui nécessitait de rencontrer un envoyé de la France libre ou des Britanniques sur le sol français...ou d'aller à leur rencontre en créant de toute pièce une filière d’évasion jusqu’à un pays neutre comme l'Espagne…Quelques résistants ont même essayé de bricoler par leurs propres moyens des postes émetteurs pour entrer en relation avec les Britanniques, avec des résultats peu probants, généralement.
Bruno Leroux