Conférence des cadres à la Maison des Syndicats de Marseille, septembre 1944

Légende :

Article de presse traitant de la conférence des cadres organisée la veille à la Maison des Syndicats de Marseille, Le Provençal, 4 septembre 1944

Genre : Image

Type : Article de presse

Source : © Collection Robert Mencherini Droits réservés

Détails techniques :

Document imprimé sur papier journal.

Date document : 4 septembre 1944

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Analyse média

Cet article sur deux colonnes figure dans Le Provençal – Organe des Patriotes Socialistes et Républicains – du 6 septembre 1944. Il a trait à une réunion d'information départementale des délégués des cadres syndicaux qui a eu lieu le 3 septembre probablement dans la Casa d'Italia installée alors boulevard Notre-Dame où les Italiens de Marseille se réunissaient pour assister à des pièces de théâtre ou à des bals.

Cette conférence revêt un caractère particulièrement important par rapport à la période où elle a lieu, la mise en place de nouveaux pouvoirs ; et de par son objet, puisqu'il s'agit de l'organisation et de l'orientation du mouvement syndical pour les prochaines années. Une place importante est accordée au compte rendu des différents rapports qui visent à faire le point de la situation. Ils sont présentés tour à tour par Pierre Gabrielli (employé de banque et communiste, trésorier avant-guerre de l'UD-CGT), Raoul Exbrayat (syndicaliste et militant communiste ; secrétaire du syndicat CGTU, puis CGT des produits chimiques ; secrétaire de l’UD-CGT des Bouches-du-Rhône pendant la clandestinité), Lucien Molino (chauffeur de taxi et militant de la CGT et du PCF), Paul Papazian (dessinateur à la Société provençale de constructions navales, secrétaire du syndicat des techniciens de la métallurgie, et communiste), David Peyrot (traminot puis permanent syndical ; communiste), Louis Desbarats – Desbarrats (sic) –,  Chapel (administrateur du Midi-Syndicaliste, organe de l'Union Départementale des syndicats ouvriers des Bouches-du-Rhône), Georges Combes – Combe (sic) – (des Métaux, délégué à la CGT au comité d'épuration).

Ces rapports et les échanges qu'ils suscitent abordent différentes questions, entres autres : l'effort de production et l'augmentation des salaires ; l'importance de produire d'avantage pour écraser le nazisme ; la nécessaire collaboration qui doit exister entre les pouvoirs publics et la classe ouvrière dans les questions concernant l'épuration et le ravitaillement ; la nécessité d'une épuration massive, rapide et sans pitié… À l'issue de la réunion, deux bureaux sont constitués : l'un pour le département (UD) et l'autre pour la ville de Marseille (UL).


Alain Giacomi

Contexte historique

La CGT et la CFTC sont les deux centrales syndicales qui participent au Conseil national de la Résistance, mais seule la première est membre du Comité départemental de Libération. Pendant les combats de la Libération, différents lieux de la cité phocéenne – tels la Casa d'Italia ou la Bourse du travail – sont investis par les militants de la CGT clandestine. Tandis que la Casa d'Italia va servir de lieu de réunions et de meetings, la Bourse du travail, elle, va abriter les bureaux et les services administratifs de l'Union départementale.

Ainsi, le dimanche 3 septembre, a lieu la première conférence départementale de la CGT depuis la libération de Marseille ; c'est une date particulièrement importante, puisqu'elle constitue la dimension syndicale de la mise en place des nouveaux pouvoirs. Selon les estimations de l'Union départementale, 1 200 syndicalistes y assistent. Les prises de parole se succèdent et sont orientées dans deux directions : le passé, avec un hommage aux disparus, et l'avenir avec l'évocation des tâches qui attendent les participants, ce qui est résumé dans la rapport général d'orientation de Lucien Molino : « Tous au travail pour la lutte à outrance contre l'hitlérisme et la libération de notre patrie. Au travail pour refaire une France libre, indépendante et démocratique ».

À cette période, la CGT connaît une augmentation de ses adhérents, acquérant ainsi une puissance certaine dans les nouveaux rapports de force. Durant ce mois de septembre 1944, les assemblées générales syndicales et les réunions de corporation (syndicat des Marins, des Métaux, du Livre, la corporation du textile, les employés de banque…) vont ainsi se multiplier.

La CFTC, de son côté, affiche moins de velléité syndicale et moins d'adhérents – ils sont estimés à 25 000 dans le département – que la CGT, et n'est pas représentée au Comité départemental de Libération (CDL). Son congrès n'a lieu que le 24 décembre ; favorable à des comités d'entente avec la CGT et demandant à être rattaché au CDL, il se prononce, entre autres, pour la restauration de l'unité du pays et la confiance dans le général de Gaulle. Il entend aussi « assurer à la famille, cellule fondamentale de la société, les moyens de s'édifier sur des bases morales et matérielles qui assurent sa dignité : le père au travail, la mère au foyer ».


Auteur : Alain Giacomi

Sources :

Robert Mencherini, La Libération et les années tricolores (1944-1947). Midi rouge, ombres et lumières, Une histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône de 1930 à 1950, tome 4, Paris, éditions Syllepse, 2014.