Médaille coloniale (modèle de Londres)
Genre : Image
Type : Décorations
Source : © Collection Maurice Bleicher Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur
Date document : 1942-1944
Lieu : Angleterre - Londres
Analyse média
Cette médaille coloniale a été frappée à Londres par le fabricant anglais d'insignes Gaunt. Elle est aisément reconnaissable car elle porte au revers les lettres JRG pour John Robert Gaunt. Elle a probablement été frappée à partir de 1942, les premières agrafes crées par la France libre l'ayant été par le décret du 26 mars 1942.
La médaille porte, à l'avers, l'effigie de la République coiffée d'un casque et entourée de l'inscription "République française". Au revers apparaît une mappemonde sur un trophée formé d'attributs militaires avec les mots "médaille coloniale". Elle comporte une bélière formée de branches de laurier.
Les agrafes présentées sont du modèle gris-bleu au fabricant non identifié. Seules ces agrafes FFL sont de ce modèle.
Maurice Bleicher et Fabrice Bourrée
Contexte historique
Cette décoration a été fondée par la loi de finances du 26 juillet 1893 (article 75) pour récompenser "les services militaires dans les colonies, résultant de la participation à des opérations de guerre, dans une colonie ou dans un pays de protectorat". En 1898, l'attribution de la médaille coloniale a été étendue aux militaires et civils qui se sont signalés par leur courage exemplaire au cours de missions coloniales périlleuses.
Les barrettes de campagnes constituent l'une des caractéristiques essentielles de la médaille. La médaille coloniale dispose de 54 barrettes officielles. Quatre d'entre elles ont été créées par le gouvernement de Vichy :
- Afrique occidentale française (Dakar) - 21 novembre 1940
- Indochine (Thaïlande 1940) - 13 septembre 1941
- Côte des Somalis - 13 septembre 1941
- Côte des Somalis 1940-1941 - 26 décembre 1941
Neuf agrafes ont officiellement été créées par la France libre puis la France combattante par les décrets des 26 mars, 1er août, 1er octobre, 6 novembre 1942, 23 février et 27 mai 1943 :
- "Lybie" : opérations contre les forces armées italiennes et allemandes en Afrique du Nord en 1940, 1941 et 1942
- "Eryhthrée" : opérations contre les forces armées italiennes de l'Afrique orientale en 1941
- "Koufra" : opérations qui ont amené la prise de Koufra en Lybie en 1941
- "Fezzan" : opérations dirigées contre le Fezzan en février et mars 1942
- "Ethiopie" : militaires du bataillon de marche n°4 ayant participé à la prise de Gondar (Ethiopie) en 1941
- "Bir Hacheim 1942" : tous les militaires présents à Bir Hacheim du 27 mai au 11 juin 1942
- "Somalie" : militaires du bataillon de marche de tirailleurs sénégalais n°4 pendant son séjour en Somalie britannique ; militaires ayant appartenu pendant 6 mois au moins au détachement commandé par le lieutenant-colonel Appert depuis le 1er mai 1941
- "Fezzan Tripolitaine" : opérations du Fezzan Tripolitaine du 19 décembre 1942 au 23 février 1943
- "Afrique française libre" : personnel militaire européen et indigène (et fonctionnaires) ayant servi en Afrique équatoriale française ou au Cameroun pendant deux années au moins entre le 26 août 1940 et le 27 mai 1943 (date du décret) ; militaires et fonctionnaires ne justifiant pas du minimum de séjour prévu mais ont complété les deux années requises dans une unité combattante formée en Afrique équatoriale française ou au Cameroun ; militaires et fonctionnaires ne justifiant pas du minimum de séjour prévu mais ont été blessés ou ont été l'objet d'une citation à l'ordre de l'Armée ou au Bulletin officiel pour fait de guerre.
Par l'ordonnance du 7 janvier 1944 publiée au Journal officiel de la République française du 17 février 1944, seules les agrafes suivantes sont autorisées : Ethiopie, Erythrée, Koufra, Libye, Bir Hakeim, Fezzan, Tripolitaine, Tunisie 1942-1943. Toutes les autres agrafes sont supprimées.
Ces agrafes ont été fabriquées par de nombreux fabricants : Monnaie de Paris, Delande, Marie Aubert, Arthus Bertand, Chobillon, Mourgeon, fabrication artisanale, fabrication gravée, et deux fabricants non identifiés, peut-être anglais. Par ailleurs, plusieurs agrafes aux appellations non officielles sont connues : AFL, Bir Hacheim, Fezzan 1942, Kufra, Tripoli, Tunisie 1942-1943, Tunisie 42-43, Tunisie 43, 1942 Tunisie 1943 de style oriental, Tunisie 1942-43 et peut-être Bir Hakeim 1942. Il est à signaler également que certaines agrafes ont un profil en ogive de style oriental.
Des brevets ont été délivrés à Londres et certainement à Alger par le comité national français puis par le gouvernement provisoire de la République française.
Le décret du 6 juin 1962 (complété par l’arrêté du 11 septembre 1963) a substitué la dénomination médaille d’Outre-mer à l’ancienne appellation (en prévoyant également la possibilité d’attribution sans agrafe). L’insigne actuel date de 1962 avec une modification de la légende du revers (« médaille d’outre-mer »). Depuis 1979, 14 nouvelles agrafes ont été créées.
Fabrice Bourrée et Maurice Bleicher
Sources :
Michel Droit, Ordres et décorations de France, Editions du Grand Rond, 1981
Jean Huon, "La médaille coloniale", Militaria magazine n°70, mai 1991
Journaux officiels sur Gallica (Bibliothèque nationale de France)