Analyse média

Rouge-Midi, quotidien du Parti communiste, rend compte, le 11 septembre 1944, de la « conférence des cadres » qui a regroupé, dans la matinée du 10 septembre, au cinéma Hollywood à Marseille, huit cents militants venus de tout le département.
Placée sous la présidence du militant historique Gaston Monmousseau, elle se déroule en présence d’une forte délégation du comité central du PCF et de représentants d’organisations proches : la CGT (Lucien Molino), les Femmes de France (Annette Guizard), les Jeunesses communistes (Laurent Salini), les Milices Patriotiques, le Front national, la délégation municipale de Marseille…
Le représentant du comité central dresse un bilan très positif de l’action du PCF, « Parti des fusillés », pendant les années noires. Il met en garde : « La bataille n’est pas terminée » et lance un appel solennel – très applaudi - en faveur du retour en France de Maurice Thorez.
Gaston Beau, Calas, des FTPF, lui succède et rappelle le sacrifice des martyrs du PCF, Robert, Faïta, Auzias…
Puis Jean Cristofol, ancien député de Marseille, de retour d’Alger où il était détenu, présente le rapport du bureau régional, et une résolution adoptée à l’unanimité. Celle-ci salue le combat du PCF, celui des Français et des Alliés, et appelle à s’engager sur les « fronts inséparables de la lutte armée et de la production ».

 

[Voir aussi l'album photo lié.]

Contexte historique

Le 3 septembre, un communiqué du comité régional (de fait, départemental), réuni sous la présidence de Jean Cristofol, a dessiné à grands traits l’orientation du Parti communiste : « Union de tous les Français pour assurer la victoire définitive, pour l’épuration la plus complète, pour rendre la parole au peuple ».
Celle-ci est reprise lors de la conférence des cadres du 10 septembre 1944. Les gros titres de la une du quotidien communiste du même jour soulignent les impératifs immédiats, en particulier celui qui barre la page : « Tout pour la guerre pour l’écrasement de l’hitlérisme ». Il regroupe dans le même ensemble la conférence de cadres du PDF et le meeting du CDL qui a regroupé des dizaines de milliers de Marseillais sur les terrains de « derrière la Bourse » pour écouter Francis Leenhardt, Lionel, Lucien Goux pour le Front national, Lucien Molino pour la CGT, Jean Cristofol pour le PCF et Félix Gouin pour la SFIO.

En oreilles et en bas de page, les slogans « Les FFI à Berlin », « Vive l’armée rouge et son chef génial le Maréchal Staline » et « Union des Français contre les trusts traîtres » mettent en relief les nécessités de l’heure pour les communistes. Cinquante noms sont retenus pour le comité régional.
Le 27 septembre, un communiqué donne les noms des membres du secrétariat régional : Jean Cristofol, Léon David, Louis Gazagnaire, Victor Joannes, Pierre Monreal, Ludovic Trouin et Victor Porte. Ce sont des militants chevronnés, déjà chargés de responsabilités avant la guerre et engagés dans la Résistance, qui sont portés à la direction de l’organisation.