Analyse média

Cette très sobre brochure de 206 pages, éditée à Avignon, reprend les débats qui ont eu lieu dans cette ville, dans la grande salle du Palais des Papes, entre les représentants de quarante CDL de la zone Sud, réunis les samedi et dimanche 7 et 8 octobre 1944. Son plan suit l’ordre du jour élaboré par les présidents des CDL. Sont débattus successivement les statuts des CDL, leur rôle, leurs rapports avec les pouvoirs publics, les questions du maintien de l’ordre, de l’épuration, du Ravitaillement. Plusieurs motions et résolutions sont votées à propos de tous ces sujets. Elles sont publiées dans un autre opuscule de quinze pages.

Contexte historique

Les samedi 7 et dimanche 8 octobre 1944, Avignon accueille les délégués de quarante comités départementaux de Libération (CDL). Ils représentent la quasi-totalité des départements de l'ancienne zone sud, y compris ceux divisés par la ligne de démarcation, à l'exception des départements du nord-ouest de cette zone (Haute-Vienne, Creuse, Vienne, Indre-et-Loire, Cher). Leur défection peut s'expliquer, soit par la formation tardive des CDL, soit plus probablement par l'éloignement et les difficultés de communication.

La réunion d'Avignon prolonge un mouvement né un mois plus tôt à Vizille (Isère). En effet, dans ce lieu, hautement évocateur de la première Révolution française et des États-généraux du Dauphiné de 1788, se sont rencontrés, le 5 septembre 1944, les représentants de six départements, le président du CDL du Rhône, des délégués des deux Savoie, de l'Isère, de la Drôme et des Hautes-Alpes. Le 22 septembre 1944, une deuxième assemblée réunie à Valence, avec le renfort (au moins) de l'Ain et de l'Ardèche, a décidé d'appeler à un rassemblement en Avignon de l'ensemble des CDL de la zone sud.

Plus de deux cent cinquante délégués sont présents à Avignon, mais tous ne prennent pas la parole ou du moins leurs interventions ne sont pas reproduites par les Procès-verbaux des délibérations. Les représentants du CDL du Rhône, Alban-Vistel, Julien Airoldi, André Philip, sont parmi les intervenants les plus prolixes. Les comités départementaux de l'Isère, de la Haute-Garonne, de la Savoie, des Basses-Alpes et des Bouches-du-Rhône jouent également un rôle important dans les débats.

L’une des questions essentielles est le pouvoir réel que peuvent exercer les CDL. Il existe, parmi les délégués, la tentation de constituer les CDL en pouvoir parallèle aux nouvelles institutions. Mais les mises en garde très fermes du président du CNR, Louis Saillant, accouru en urgence à Avignon le 8 octobre, accompagné de Pierre Villon et d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie, mettent un terme à celle-ci. Il est demandé aux délégués de mettre toute leur énergie pour la réussite des « États généraux de la Renaissance française » qui se tiennent à Paris en juillet 1945.