Analyse média

Franche-Comté Libération est créé en 1944 par les responsables régionaux du mouvement Libération de zone sud, pour dépasser la diffusion locale du journal Libération en se rapprochant des préoccupations de leur lecteurs. En le feuilletant, on voit la diversité des fonctions de cette presse clandestine locale: elle informe sur la Résistance régionale, ses actions mais aussi la répression dont elle est victime (page 1) ; elle pousse les Français à s'impliquer, en s'adressant aux différentes catégories de la population pour les convaincre de soutenir la Résistance, y compris par des menaces en cas de tentation inverse (page 2). Elle informe sur la guerre mondiale, mais surtout montre qu'elle est localement partout, et donc au courant de tout : de l'arrivée des Waffen SS à Sochaux, siège des usines Peugeot (page 5), des moindres faits touchant à l'occupation dans la région (page 6, rubrique signée « Le Lynx »).

Contexte historique

C’est à partir de 1942 que plusieurs mouvements de résistance parviennent à tirer leur journal clandestin à des dizaines de milliers d’exemplaires, et à étendre ainsi leur influence sur des régions entières voire une zone (zone sud ou zone nord). Car ces mouvements recrutent et se structurent autour de la diffusion du journal : pour le transporter de ville en ville, il faut la complicité de cheminots, « roulants » ou employés des consignes. Pour le distribuer dans des boîtes aux lettres ou, parfois, sur la voie publique il faut des équipes nombreuses au rôle très précis, y compris des groupes de protection.

L’efficacité de ce type d’organisation tient au fait qu'elle propose aux recrues un type d'action paraissant moins risqué que d'autres comme la lutte armée ou le renseignement. De ce fait, de nombreuses publications locales ou catégorielles sont créées à l’initiative de petits groupes comme de grands mouvements. Elles s’adressent directement à la population d’une région voire d’une ville, d’une profession voire d’une usine.