Les œuvres sculptées de Ludovic Chabredier
Légende :
Les œuvres sculptées de Ludovic Chabredier - ici, Le Fusillé
Genre : Image
Type : Scupltures
Producteur : Photographie Eric Penat, arch. dép. Ardèche
Source : © Collection Christiane Chabredier Droits réservés
Détails techniques :
Photographies numériques en couleur. Voir l'album photo lié.
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ardèche
Analyse média
Ces deux sculptures de Chabredier : le fusillé et le déporté encadrent la pleureuse de Georges Salendre.
En 1955, ces trois bas-reliefs ont été installés dans la crypte du souvenir de l'hôtel de ville de Givors.
Le réalisme des œuvres de Ludovic Chabredier est fourni pour le fusillé par le poteau d'exécution, la corde, les fusils, les yeux fermés, la tête penchée en avant de la personne qui vient de rendre son dernier soupir et, pour le déporté, par les barbelés des camps, le crâne rasé, les yeux sans vie, le visage décharné de cet être humain qui n'est plus qu'un squelette que la grande faucheuse guette.
[Voir l'album lié]
Alain Martinot
Contexte historique
Né à Lyon où son père est coiffeur, il fréquente l’école annexe des Beaux-Arts de Lyon entre 1932 et 1937. Il entre dans la gendarmerie mobile, et se voit affecté en 1938-1939 à la garde des camps de réfugiés espagnols dans les Pyrénées-Orientales. Il épouse en 1939 Marie-Thérèse Duplan, originaire du Teil et dont le père est un ancien gendarme. Rayé de la gendarmerie mobile le 1er juillet 1940, il est affecté à la brigade de Pont-de-Cheruy dans l’Isère.
Arrêté en novembre 1942, pour écoute illégale de la radio de Londres, il est condamné à quinze jours de détention, portés à trente jours par Vichy, et est aussi renvoyé de la gendarmerie. Après sa sortie de prison, il regagne avec son épouse la maison habitée par ses beaux-parents à Rochemaure. Là, tout en se livrant à la peinture (en 1943, il participe à une exposition initiée au Teil par l’Union artistique des cheminots français, et en présente une, personnelle, à Montélimar), d’avril à décembre 1943, il est en contact avec M. Freyssenet, secrétaire de mairie à Alba qui recrute pour les maquis de Savoie-Drôme. Son épouse est aussi agent de renseignement.
En février 1944, quand Fernand Archier tente de créer un maquis FTP dans la région de Bourg-Saint-Andéol (détachement Salomon), Chabredier est contacté pour aider à sa formation. Mais l’opération échoue car les Allemands sillonnent la région à la recherche des résistants. Le détachement se replie sur Rochemaure et passe une nuit, le 17 mars, chez les Duplan, à deux pas de la filature réquisitionnée par les Allemands pour le cantonnement de leurs troupes de passage. Le lendemain, Ludovic Chabredier avec l’aide de Pierre Mercoirol, conduit le détachement Salomon sur une hauteur du Coiron entre Sceautres et Saint-Martin-le-Supérieur. Mais le maquis est victime d’une dénonciation. Le 11 avril, un avion allemand survole la zone, et Ludovic Chabredier conseille de quitter les lieux, ce qui est fait le lendemain. Effectivement, le 13 avril, trois colonnes allemandes convergent sur la zone, brutalisant la population. Commence alors pour le détachement Salomon une longue période de nomadisation et de combats.
Resté à Rochemaure, Ludovic Chabredier perd tout contact avec les FTP. Il réussit malgré tout à renouer les liens avec la Résistance : il s’agit de l’AS dont il devient, en mai 1944, le chef cantonal de Rochemaure, sous la direction du Capitaine Barillat (Francœur) et du lieutenant Charras (Saint-Jean) du secteur C de l’AS (celui de Privas-La Voulte).
Lors de l’insurrection nationale, le 17 juin 1944, il rejoint le point de ralliement prévu et se voit remettre le commandement de la 5e compagnie le 20 juin. Il est muté au secteur B (celui de Saint-Agrève - Le-Cheylard) le 22 juillet et affecté comme adjoint au commandant de la 18e compagnie, laquelle participe au harcèlement des troupes allemandes notamment depuis les hauteurs de Soyons le 25 août, ou de Chames (26 août). Le 28 août, sa compagnie occupe Saint-Péray.
Après la libération du département, Ludovic Chabredier est affecté à la prévôté FFI comme sous-lieutenant le 1er octobre 1944. Réintégré dans la gendarmerie le 7 mars 1946, il est nommé à la brigade d’Antraigues en avril, avant de quitter l’uniforme le 30 décembre 1946.
Il se consacre alors à deux de ses passions : la peinture et la sculpture. Professeur d'arts plastiques, il se passionne aussi pour l'histoire locale et publie notamment Rochemaure, gardien du Rhône. Il se découvre une nouvelle passion pour la préhistoire et réalise un relevé des gravures paléolithiques de la grotte d'Ebbou, près de Vallon-Pont-d'Arc, publié dans le Bulletin de la Société préhistorique de France en 1966.
Adhérent du PCF, il participe activement au mouvement des artistes en faveur de la paix dans le contexte de la Guerre froide. Revenu à Lyon, après son départ de la gendarmerie, il vit chichement de sa peinture, travaille le cuir repoussé, et enseigne les arts plastiques. La peinture, il ne l’avait pas abandonnée, et plusieurs de ses tableaux illustrant les combats de la Résistance ou la répression nazie sont réalisés en 1944 (notamment l’épopée du détachement Salomon...). En 1945, il présente plusieurs de ses œuvres au Teil et à Privas, puis à la galerie des artistes à Lyon en 1946.
Ludovic Chabredier décède en 1992.
Auteur : Jean-Louis Issartel
Sources :
Brochure CNRD-Musée de la Résistance et de la Déportation en Ardèche pour le thème « Résister par l'art et la littérature », 2015-2016.
Sculpture intitulée « Le déporté », réalisée par le résistant et artiste peintre Ludovic Chabredier
Collection Christiane Chabredier, photographie Eric Penot AD07 - Tous droits réservés.
Sculpture "La pleureuse"Oeuvre sculptée intitulée « La pleureuse » réalisée par Georges Salendre.
"Le déporté" et "Le fusillé", oeuvres de Chabredier, encadrent "La Pleureuse" de Georges Salendre.
Collection Christiane Chabredier, photographie Eric Penot AD07 - Tous droits réservés.