Analyse média

Il s’agit de la couverture d’un cahier d’écolier, avec une étiquette en papier kraft indiquant le contenu, non pas tant des pages intérieures que de l’ensemble du dossier - dont fait partie ce cahier, classé 87 W avec 9 parties (87 W1 à W9) - réunissant les travaux de Jean Beaussier, correspondant pour l’Ardèche de la commission d’Histoire de la Seconde Guerre Mondiale (CH2GM).
Après son décès, son successeur, Georges Rufin, professeur agrégé d’Histoire au lycée de Tournon, nommé correspondant du CH2GM en septembre 1969, en devint le destinataire. Georges Rufin fit une communication en mai 1971 intitulée « Étude statistique de la Déportation en Ardèche » au colloque de Privas de la Fédération Historique du Languedoc Méditerranéen (« Vivarais et Languedoc », Université Paul-Valéry, Montpellier, 1972), s’appuyant en partie sur les travaux de Beaussier. Par la suite, le corpus fut déposé aux Archives Départementales de l’Ardèche.

À l’intérieur du cahier présenté en photo, Jean Beaussier établit de façon chronologique, canton par canton et commune par commune, les faits marquants de la Résistance et de la répression vichyste ou de l’occupant. C’est l’un des points d’aboutissement de ses travaux qui ont débuté dès 1947, alors qu'ancien résistant et Président du CDL ardéchois, il avait été intégré dans le groupe ardéchois de la Commission d’Histoire de l’Occupation et de la Libération de la France, créée par le GPRF en octobre 1944.

Ancien instituteur, Jean Beaussier, guidé par les consignes méthodologiques de la CH2GM, travaille avec le matériau qui lui était familier...

Contexte historique

La collecte de documents, le recueil de témoignages, les premiers travaux de recherche réalisés en Ardèche dans le cadre de la Commission d’Histoire de l’Occupation et de la Libération de la France (CHOLF), puis de la Commission d’Histoire de la Seconde Guerre Mondiale (CH2GM), ont constitué une base de recherche qui ont influé les travaux ultérieurs. Leur apport à la connaissance de ce que furent notamment la « souffrance » des populations pendant le conflit, ainsi que la Résistance en Ardèche furent essentiels, mais avec les limites et les erreurs que chaque étape de la construction de la connaissance historique peut comporter.

Créée à l’initiative du GPRF en octobre 1944, l’antenne ardéchoise de la CHOLF est mise en place le 22 septembre 1947 par arrêté du Préfet Robert Pissère.

Il s’agit d’une institution officielle qui mobilise à la fois le service des archives départementales, ceux de l’Éducation Nationale et les organisations d’anciens résistants. Jean Beaussier compte parmi les premiers nommés. Lui-même ancien instituteur, ancien résistant (il figure dès octobre 1940 parmi les participants du groupe Cochet à la réunion de Bourg-Saint-Andéol), militant du Comité d’Acion Socialiste (CAS), puis des MUR, l'un des dirigeants de l’AS, Président du CDL, il multiplie les contacts et entretient une correspondance suivie avec les acteurs et les témoins de l’époque. 
Après la guerre, il est élu conseiller général SFIO et son action politique lui impose des contraintes, limitant son travail de recherche. Lorsque, en décembre 1951, le CH2GM naît de la fusion entre la CHOLF et le Comité d’Histoire de la Guerre, poursuivant l’action engagée, Jean Beaussier en devient le correspondant ardéchois. Mais c’est surtout à partir des années 1960 que ses travaux prennent de l’ampleur. Ils portent sur la question de « la souffrance » en Ardèche (déportations, exécutions...) et sur l’organisation de la Résistance en s’appuyant sur la collecte de documents et sur des témoignages.

Ils contiennent en même temps certaines limites que le contexte de la Guerre froide permet d’appréhender : dans un courrier du 30 décembre 1960, Jean Beaussier déplore le manque d’informations concernant la résistance initiée par les communistes, ces derniers, rendus méfiants, ne répondant pas à ses sollicitations (ADA 70 J 60). Aussi le corpus recueilli présente-t-il de nombreuses lacunes dans ce domaine, privilégiant avant tout la résistance des groupes réunis au sein des MUR ainsi que le rôle de l’AS. Ces lacunes seront comblées plus tard par les travaux de Louis-Frédéric Ducros, et par les contributions de Raoul Galataud, insérées dans le fonds du Musée départemental de la Libération (ADA 70 J 60). Cependant, la connaissance historique est en perpétuelle construction.

Lors de son décès en janvier 1969, Jean Beaussier laissait un corpus déjà important que put reprendre et développer son successeur, Georges Rufin, professeur au lycée de Tournon, auteur de deux contributions importantes, l’une en 1971 portant sur la statistique de la Déportation en Ardèche, et l’autre, parue en 1976 dans la revue du CH2GM, répondant à la campagne de discrédit de la Résistance menée dans les années 1950 qui mettait le projecteur sur les exécutions commises pendant les combats de la Libération : « Étude statistique de la répression à la Libération en Ardèche » (Bulletin du CH2GM, n° 219). L.-F. Ducros reprit le flambeau jusqu’à la disparition du CH2GM où, en 1980, la création de l’Institut d’Histoire du Temps Présent (IHTP), dépendant du CNRS et non du gouvernement, s’engagea sur des thématiques renouvelées et élargies.

L’ouverture du puits de Fons

L’enquête policière dans l’affaire du puits de Fons

L’affaire du puits de Fons : la campagne de presse (décembre 1950-mars 1951)

Hervé Mauran, Un maquis de républicains espagnols en Cévennes, Espagnols rouges 1939-1946

Le fonds du Musée départemental de la Résistance et de la Déportation en Ardèche conservé aux Archives départementales de l’Ardèche