La mémoire d'un résistant FTP de l'Yonne, René Millereau
Légende :
Cérémonie organisée en août 2002 en l’honneur de René Millereau, résistant FTP de l’Yonne, devant le monument érigé à sa mémoire au hameau d’Avigny, commune de Mailly-la-Ville (Yonne)
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © Cliché : C. Delasselle Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur (2002). Voir aussi l'album photo lié.
Date document : 28 août 2002
Lieu : France - Bourgogne - Franche-Comté (Bourgogne) - Yonne - Mailly-la-Ville
Analyse média
Le monument se compose d’une grande stèle de calcaire blanc, posée sur un socle de calcaire et sur laquelle est fixée une plaque de pierre plus petite représentant le portrait de René Millereau, sculpté par Emile Proudhon, un résistant FTP icaunais. Sous ce portrait est gravée l’inscription suivante : Ici vécut René Millereau 1917-1959. Commandant Max. Héros de la Résistance FFI-FTP. Sa devise : France d’abord.
Deux médailles en bronze et une photo encadrée de René Millereau ornent également la stèle. Celle-ci est placée au centre d’un espace bordé d’un petit muret et garni de graviers, et protégé par une chaîne en fer portée par des piquets, l’ensemble étant fermé par un portillon métallique. Ce monument est placé en bordure d’une rue du petit village d’Avigny, à quelques mètres de la maison où a vécu et où est mort ce résistant. Il a été financé par une souscription, organisée par un comité de parrainage composé d’anciens résistants icaunais, et inauguré le 28 août 1960 par le comité de parrainage et le comité local de l’ANACR.
Auteur : Claude Delasselle
Sources :
CD-ROM La Résistance dans l'Yonne, AERI - ARORY, 2004.
Contexte historique
René Millereau est né en 1917 dans une famille de petits paysans d’opinion de gauche résidant à Avigny, hameau de la commune de Mailly-la-Ville (Yonne). Il est le petit neveu du communard Zéphirin Camélinat. Avant la guerre, il fait partie du groupe des Jeunesses socialistes de Mailly-la-Ville, qui se situe alors à l’extrême-gauche du Parti socialiste (tendance Marceau Pivert) ; il aurait même eu des sympathies pour les idées trotskystes.
Incorporé dans l’armée avant la guerre, il est fait prisonnier en 1940, mais s’évade et revient vivre à Avigny. Il est embauché comme agent auxiliaire des Eaux et Forêts. Il adhère au PCF en 1942 ou 1943, et fait partie d’un groupe de résistants sédentaires, le groupe Camélinat, affilié au Front national puis aux FTP.
Au début de 1944, il devient, sous le pseudonyme de Max, l’adjoint d’André Chamfroy, le commissaire aux effectifs régionaux des FTP de l’Yonne ; il est chargé du recrutement des maquisards FTP dans la moitié sud du département de l’Yonne et de l’inspection des maquis FTP de cette région. Le 6 juin 1944, il participe dans la forêt d’Othe à l’insurrection décidée par l’état-major FTP de l’Yonne. Le 14 juillet, il accomplit un sabotage particulièrement audacieux, la destruction de deux plaques tournantes au dépôt ferroviaire de Laroche-Migennes. Au début juillet, il est désigné pour représenter les FTP au sein de l’état-major des FFI de l’Yonne : inspirant confiance et sympathie, il va beaucoup contribuer à l’intégration du mouvement FTP au sein des FFI.
À la Libération, il constitue à Auxerre une unité militaire dénommée 1er bataillon du Morvan, dont il prend le commandement. Cantonnée dans la région de Fresse, en Haute-Saône, la majeure partie des membres de cette unité accepte d’être intégrée dans un bataillon de marche (BM 11), au sein de la Ire DFL. Pour des raisons que nous ignorons, René Millereau quitte cette unité en novembre et revient à Auxerre avec une partie de ses hommes. Après un passage à l’école des cadres de Monéteau, il constitue une nouvelle unité baptisée 2e bataillon de l’Yonne et quitte Auxerre le 31 décembre 1944 à la tête de ce bataillon, affecté à la surveillance de la frontière suisse dans le Doubs. Le 1er mars 1945, ce bataillon est intégré au sein du 4e régiment d’infanterie et participe à l’occupation du Palatinat. Refusant de souscrire un engagement pour l’Indochine, René Millereau démissionne de l’armée et revient vivre à Avigny.
Sous le nom de commandement Max, il jouit dans l’après-guerre d’une réelle popularité, non seulement parmi les anciens résistants mais aussi dans une grande partie de la population. Sans aucun doute, cette popularité doit moins au rôle qu’il a joué au sein de la Résistance communiste, où il n’occupait pas une fonction dirigeante supérieure, qu’à sa personnalité, à la fois simple et cordiale, son sens du contact et de la camaraderie. C’est ce sens du contact et cette popularité qui lui valent d’être présenté par le PCF à plusieurs élections, mais il ne sera finalement élu qu’au conseil municipal de Mailly-la-Ville.
Après avoir occupé la fonction de permanent du Parti communiste jusqu’en 1952, le parti l'abandonne et il connaît une période très difficile, vivant dans la gêne et contraint d'exercer différents métiers, peu en rapport avec son glorieux passé de résistant.
Il meurt à son domicile dans la nuit du 31 décembre 1959, asphyxié par les émanations d’un poêle : pour ceux qui le connaissent, il ne fait guère de doute qu’il ne s’agisse d’un suicide. Ses obsèques, le 2 janvier 1960, rassemblent plus de 2 500 personnes à Mailly-la-Ville.
Depuis, une cérémonie organisée par l’ANACR a lieu chaque année devant le monument qui est dédié à sa mémoire à Avigny, et devant sa tombe au cimetière de Mailly-la-Ville.
Auteur : Claude Delasselle
Sources :
CD-ROM La Résistance dans l'Yonne, AERI - ARORY, 2004.