Tract du Comité ardéchois pour la Révolution nationale intitulé "Privas, ville juive ?"
Légende :
Tract antisémite rédigé par le Comité ardéchois pour la Révolution nationale intitulé « Privas, ville juive ? », diffusé à Privas entre fin 1940 et début 1941
Genre : Image
Type : Tract
Source : © AD 07 - 72 W 107-20 Droits réservés
Détails techniques :
Document dactylographié d'une page.
Date document : Fin 1940 - début 1941
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ardèche - Privas
Analyse média
À Privas, un comité de soutien à la Révolution nationale diffusa un tract intitulé « Privas, ville juive ? », dont la teneur antisémite contre les « Youpens » (sic.) était d'une grande violence.
La référence à Xavier Vallat, « actuel secrétaire des anciens combattants 1914 - 1940 » indiquait la période où ce texte fut élaboré, c'est-à-dire, avant que le député de l'Ardèche ne quittât cette fonction (mars 1941) pour prendre celle de commissaire général aux Questions juives.
Quant au groupe signataire, le commissaire de police de Privas évoquerait quelques mois plus tard son existence et ses origines en le rattachant à une organisation de jeunesse mixte, dont un groupe activiste avait été créé à Privas : les Jeunesses de France et d'Outre-mer (JFOM).
Il est fort probable que ce tract ait été diffusé dès l'automne ou l'hiver 1940-1941, alors qu'affluait la dernière vague de réfugiés, les expulsés alsaciens et lorrains (qui comptaient de nombreuses familles juives), regroupés notamment à proximité de Privas, au camp de Champ-la-Lioure.
Auteur : Pierre Bonnaud
Contexte historique
La "question juive" était de fait intimement liée à la question des réfugiés. Il n'y avait pas de communauté juive importante en Ardèche avant la guerre. Mais comme l'a bien montré Hervé Mauran avec l'exemple du petit camp de Vinezac dans le sud de l'Ardèche, le problème des réfugiés devient pérenne. De nombreuses personnes ne pouvaient regagner leur foyer à la fin de 1940, et cette population comptait de nombreuses familles juives.
Ce camp, qui avait ét choisi par la préfecture au moment de l'exode pour recevoir de préférence des familles étrangères, comptaine une centaine de personnes à la fin mai 1940 et accueillait encore à la date du 26 septembre 1940, quatre-vingts personnes. Les fiches individuelles relevaient des lieux de naissance situés « aux quatre coins de l'Europe : Pologne, Allemagne, Luxembourg, Russie, France ».
Pour les juifs apatrides tout particulièrement, mais aussi pour d'autres réfugiés, l'avenir immédiat passait par les grands camps d'internement, les Groupes de Travailleurs Étrangers (GTE), ou l'obligation de demeurer sur place dans un petit camp. La menace de la déportation se profilait à l'horizon. Elle devint prégante lorsque le gouvernement de Vichy entra dans la phase active de la collaboration, marquée notamment par le nouveau poste gouvernemental occupé à partir de mars 1941 par Xavier Vallat, qui entendait traiter la « question juive » en étant accrédité par l'occupant allemand.
Auteur : Pierre Bonnaud
Sources :
Pierre Bonnaud, L'Ardèche dans la guerre 1939-1945, Clermont-Ferrand, éd. De Borée, 2017, pp. 102-103.
Vincent Giraudier, Hervé Mauran, Jean Sauvageon, Robert Serre, Des indésirables, Les camps d'internement et de travail dans l'Ardèche et la Drôme durant la Seconde Guerre mondiale, Valence, Éditions Peuple Libre & Notre Temps, 1999, 480 p. (cf. article de Hervé Mauran, pp. 118-122.)
Laurent Joly, Xavier Vallat, du nationalisme chrétien à l'antisémitisme d'État 1891 - 1972, Paris, Grasset-Fasquelle, 2001, 446 pages.