Médaille de la Résistance française avec rosette
Légende :
Médaille de la Résistance avec rosette attribuée à Michel Hollard.
L'ensemble des décorations et insignes ayant appartenu à Michel Hollard (1898-1993), chef du réseau Agir, à savoir DSO, commandeur de la Légion d’honneur, croix de guerre 14-18 et 39-45, médaille de la Résistance avec rosette, croix du combattant volontaire de la Résistance, ont été remis en 2005 au musée de la Légion d'honneur et des ordres de chevalerie par son fils Vincent Hollard, par ailleurs président de la Société des amis dudit musée.
Genre : Image
Type : Médaille
Source : © Musée national de la Légion d'honneur et des ordres de chevalerie, Paris Droits réservés
Détails techniques :
Médaille en bronze
Date document : sans date
Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris VIIe
Analyse média
La Médaille de la Résistance française a été instituée à Londres par une ordonnance du 9 février 1943 du général de Gaulle. Son objet était de "reconnaître les actes remarquables de foi et de courage qui, en France, dans l'Empire et à l'étranger, auront contribué à la résistance du peuple français contre l'ennemi et contre ses complices depuis le 18 juin 1940." C'est la seconde, et seule autre décoration créée, après l'Ordre de la Libération, pendant la guerre, par le général de Gaulle.
En mars 1945, un projet d'ordonnance est rédigé sur rapport du ministre de la Justice. Ce projet mentionne dans son article 1er : "Les médaillés de la Résistance française qui, dans l'accomplissement des actes visés à l'article 1er de l'ordonnance du 7 janvier 1944 relative à l'attribution de la médaille de la Résistance française, se sont signalés par l'importance des services rendus ou par la gravité des risques encourus, peuvent être nommés Officiers de la Résistance Française." L'article 2 de ce projet crée la rosette : "L'insigne des Officiers de la Résistance est une rosette rouge et noire apposée sur le ruban visé à l'article 2 du décret n°774 du 9 février 1943."
L'exposé des motifs accompagnant le projet d'ordonnance précise : "Avec le retour du Gouvernement en France, il est apparu qu'une récompense unique n'était plus suffisante pour permettre de reconnaître des mérites de valeur souvent inégale. En effet, le désir de maintenir la médaille de la Résistance française au niveau très élevé qu'elle a actuellement aboutirait à laisser sans récompense les faits de résistance secondaires, mais qui n'en restent pas moins très méritoires en raison des risques courus et des services rendus, qui ne justifient pas l'attribution d'une décoration militaire.
La présente ordonnance a pour objet de créer une classe plus élevée de la Médaille de la Résistance française dont les titulaires recevront le titre d'"Officiers de la Résistance" ; cette classe sera attribuée aux personnes et collectivités françaises qui se sont particulièrement distinguées dans la Résistance, notamment par la durée de leurs services, l'importance matérielle ou morale des résultats obtenus ou la gravité des risques encourus.
Le titre de "Médaillé de la Résistance" permettra de récompenser plus largement l'action méritoire des Français qui ont milité dans la Résistance."
Le 27 avril 1945, le comité juridique du GPRF, présidé par René Cassin, donne un avis favorable au projet d'ordonnance de mars 1945 mais en remplaçant l'article 1er par : "Peuvent être nommés Officiers de la Résistance française, ou promus Officiers de la Résistance Française, s'ils sont déjà médaillés, ceux qui, dans l'accomplissement des actes visés à l'article 1er de l'ordonnance du 7 janvier 1944, relative à l'attribution de la Médaille de la Résistance française, se sont signalés par l'importance des services rendus ou par la gravité des risques courus".
La médaille de la Résistance avec rosette a été attribuée à 4 441 personnes.
Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : archives de la Commission nationale de la Médaille de la Résistance française
Contexte historique
Michel Hollard naît le 10 juillet 1897 dans une famille protestante. Il est le fils d'Auguste Hollard, professeur de physique nucléaire à l'école de physique et chimie de Paris et à la Sorbonne et de Pauline Monod (cousine germaine de Théodore Monod et cousine de Jacques Monod, prix Nobel). A seize ans, il quitte le domicile paternel pour s'engager volontairement. Il passe une année comme simple soldat dans les services sanitaires. A 17 ans, il se retrouve dans un régiment d'infanterie. Il n'a que 19 ans lorsqu'il reçoit la croix de guerre. L'Armistice met un terme à sa carrière militaire. Il fixe son choix professionnel sur le métier de dessinateur industriel. Tout en travaillant, il suit des cours du soir au Conservatoire des Arts et Métiers de Paris où il obtient des certificats de mécanique industrielle, de machines et de métallurgie. De son mariage avec Yvonne Gounelle le 21 avril 1922 naissent trois enfants (deux garçons et une fille).
Au moment où la guerre éclate, Michel occupe un poste de représentant dans une firme de fournitures automobiles. En tant qu'officier d'infanterie de réserve, il espère être affecté à une unité combattante, mais la production des armes ayant besoin de spécialistes qualifiés, il ne se voit confier qu'un emploi technique au Centre d'études de mécanique, balistique et armement, à Paris, un organisme d'Etat chargé de la réalisation des prototypes. Fervent patriote, il admet difficilement, dans un premier temps, la défaite française. Le désespoir et l'abandon qui accompagnent le mouvement d'exode le choquent alors qu'il part rejoindre sa femme et ses deux enfants dans l'Héraut.
De retour à Paris, il reprend possession de son appartement de la rue des Arènes et se rend au Centre d'études. Il apprend que ce dernier travaille désormais pour les autorités d'Occupation et démissionne.
Début août, il est embauché comme représentant à Paris d'une entreprise dijonnaise fabriquant des gazogènes. Il obtient bientôt la représentation générale de la firme pour le département de la Seine. Cette situation lui fournit une couverture parfaite qui va lui permettre, pendant quatre ans, d'exercer son activité clandestine. Refusant catégoriquement la défaite, il décide de rejoindre Londres et parvient, après quelques difficultés avec quelques complicités, à rejoindre, le 22 mai 1941, l'ambassade britannique à Berne où il est reçu par l'attaché militaire. Reçu froidement, Michel Hollard, laisse à l'attaché quelques informations personnelles que le fonctionnaire va prendre le soin de vérifier. Une nouvelle entrevue a lieu le mois suivant. Cette fois en confiance, l'attaché militaire lui confie une mission de renseignement : Michel Hollard devra apporter des indications précises sur l'identité exacte et l'affectation des unités ennemies en zone occupée.
De retour à Paris, Michel Hollard se lance dans la constitution progressive d'un réseau qui prendra après-guerre, lors de son homologation, le nom d'Agir. Il s'entoure, à Paris comme dans d'autres centres urbains, d'agents qui collectent des renseignements militaires. Le chef du réseau centralise ces renseignements qu'il apporte ensuite à Berne. Les voyages en Suisse de Michel Hollard sont fréquents. Ceux-ci sont effectués sous différents prétextes professionnels. Au printemps 1942, il reçoit un ordre de réquisition de gazogènes par les autorités allemandes. Il y répond par le silence mais se trouve bientôt condamné à six mois de prison au fort d'Hauteville. De surcroît, apprenant par la famille d'un de ses agents arrêtés qu'il est lui-même connu des services de police, Michel Hollard n'hésite plus : il plonge dans la clandestinité. Il fait disparaître le bureau parisien de sa société et procède à sa reconstitution dans un nouveau local, au 43 rue Beaubourg. Il met également sa famille à l'abri dans une commune de la banlieue parisienne avec la complicité d'un maire complice.
Il poursuit intensivement son activité de renseignement, traversant régulièrement la frontière franco-suisse. C'est à l'ambassade de Berne qu'il apprend que les Alliés ont débarqué en Afrique du Nord : il devra à présent recruter en zone Sud. A la fin de l'année 1942, un nouvel interlocuteur anglais lui est présenté à Lausanne. Michel Hollard travaillera désormais pour le compte de l'Intelligence Service. Il reçoit dès lors une assistance financière. Le développement du réseau en zone Sud le conduit à multiplier ses déplacements au cours desquels il lui arrive, plus d'une fois de frôler la catastrophe. Le réseau ne possède pas de liaison radio et Michel, contre vents et marées, fait régulièrement parvenir l'information recueillie auprès de ses agents. Tout en continuant ce travail de collecte, Michel Hollard consacre l'essentiel de son activité de l'année 1943 à la localisation de plusieurs dizaines de chantiers allemands qui vont se révéler être des bases de lancement de fusées V1.
La catastrophe survient au début de l'année 1944. Après sa quatre-vingt-dix-huitième traversée de la frontière suisse, Michel Hollard est arrêté le 5 février 1944 en compagnie de trois agents lors d'un rendez-vous au café des Chasseurs, 176 rue du faubourg Saint-Denis. Torturé rue des Saussaies, emprisonné à Fresnes, il parvient à s'échapper avec un groupe qui part pour Compiègne. Il est déporté à Neuengamme. Il est sauvé miraculeusement du naufrage du Cap Arcona, en baie de Lübeck, que l'ennemi sabordait intentionnellement. Ce sauvetage est dû au prince Bernadotte qui, informé par l'Intelligence britannique, avait envoyé une vedette sur place : il put ainsi obtenir le salut de quelques prisonniers de langue française. Décoré du Distinguished Service Order, avec citation sur son sens du devoir, son activité incessante et son abnégation. Michel Hollard est décédé le 16 juillet 1993 et repose au cimetière de Gorniès (Hérault).
Décorations :
Commandeur de l'ordre de la légion d'Honneur, médaille de la Résistance avec rosette, croix de guerre 1914-1918, croix de guerre 1939-1945, Distinguished Service Order (DSO)
Emmanuel Debono, "Hollard Michel (1897-1993) et le réseau Agir" in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004