Carte retraçant l'implantation et les actions du réseau Cohors-Asturies

Genre : Image

Type : Carte

Source : © Service historique de la Défense, CHA Vincennes, 17 P 107 Droits réservés

Détails techniques :

Carte imprimée et coloriée à la main

Date document : sans date

Lieu : France

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Analyse média

Cette carte administrative des régions militaires montre les zones d'action du réseau Cohors-Asturies :

- implantations géographiques 
- lieux de parachutages : Eure, Vendée et Seine-et-Marne
- lieux d'opérations aériennes : Oise
- lieux d'opérations maritimes : estuaire de la Gironde, Côtes-d'Armor, zone entre Marseille et Toulon.

Le réseau est essentiellement implanté dans le quart nord-ouest de la France, dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, ainsi qu'en Alsace-Moselle. 


Fabrice Bourrée

Contexte historique

La création du réseau Cohors tire son origine du premier voyage à Londres de Christian Pineau en mars-avril 1942. La mission confiée à Christian Pineau, représentant du mouvement de zone nord Libération-Nord, par le BCRA le 18 avril 1942, prévoyait la fondation d'un réseau comportant deux ramifications, l'une en zone sud Phalanx, sous la direction de Christian Pineau, la seconde en zone occupée sous la direction de Jean Cavaillès. Avant de prendre le nom de Cohors, le réseau organisé par Jean Cavaillès et Jean Gosset est connu des services londoniens sous l'intitulé de Phalanx ZO. Dans un premier temps, les deux organisations mettent en commun leur service de transmissions (par la CND) et de liaisons (Moulins) jusqu'au moment où, connaissant des secteurs et des phases de développement différents, la nécessité pour Cohors d'obtenir l'autonomie de ses transmissions se fait sentir. Des divergences concernant les spécialités de renseignement rendent également ce cloisonnement nécessaire : Phalanx ZNO collecte principalement des renseignements d'ordre politiques et socio-économiques tandis que Phalanx ZO se consacre, logiquement pour la zone nord, à la collecte de renseignements militaires et économiques. Pour une meilleure sécurité des agents ainsi qu'une meilleure efficacité d'action, Jean Cavaillès souhaite obtenir de Londres l'autonomie de ses liaisons et se soustraire au plus vite à la tutelle de Phalanx ZNO dont il juge les orientations trop politiques et insuffisamment offensives. C'est l'objectif du voyage à Londres préparé par Jean Cavaillès et Christian Pineau au mois de septembre 1942. L'opération maritime qui devait les emmener en Angleterre via Gibraltar tourne mal, si bien que les deux hommes sont arrêtés par la police française sur une plage près de Narbonne dans la nuit du 5 au 6 septembre 1942. Incarcérés à la prison de Montpellier, Pineau s'évade le 12 novembre, près de Cahors, du train qui acheminait les prisonniers au camp de Saint-Paul d'Eyjeaux, tandis que Cavaillès s'évade à son tour le 29 décembre 1942.

Il faut attendre le voyage à Londres de Jean Cavaillès en février-avril 1943 pour que le réseau Cohors soit réellement détaché de Phalanx. Le réseau obtient une indépendance théorique et un budget mensuel qui lui est propre. L'autonomie des transmissions promise ne pouvant pas être réalisée, le courrier transite par la centrale Coligny. Dans le même temps, est créee une section d'Action Immédiate chargée de sabotages confiée à Jean Gosset et séparée de la branche renseignement. Jean Cavaillès se trouve d'autre part chargé de deux missions spéciales, la première concerne des sabotages dans les magasins de la Kriegsmarine en Bretagne, la seconde, dite Mission Ramier, porte sur l'inspection des installations allemandes de radio-phare sur les côtes, réalisée par Yves Rocard.

Les premiers cadres de Cohors sont les amis personnels de Jean Cavaillès. Son beau-frère Marcel Ferrières, directeur du Service des ventes de la SEITA de la région parisienne, parvient à réunir amis et collègues parfois sortis comme lui des rangs de l'Ecole Polytechnique. Le groupe initial comprend Albert Guerville, directeur du secteur sud-ouest de la SNCF, Notté, inspecteur des Ponts et Chaussées, Henri Malan, administrateur de la Société française d'explosifs, Elie Jal et Georges Veaux, ingénieurs de la SNCF, Lob et Jean-Philippe Bertrand, médecins, le professeur Yves Rocard, Pierre Thiébaut, rencontré au service du chiffre du Ministère de la Guerre, Marie-Rose Zerling, professeur au lycée de Valenciennes. Le réseau s'implante rapidement en région parisienne avec le groupe constitué en Seine-et-Marne autour du couple Tony Robert, des époux Congy et de Fernand Cauvin entre autres. La Belgique, le nord, la Normandie et la Bretagne sont les autres terrains d'action du réseau.

Après la chute des groupes de Normandie et de la centrale parisienne en mai-juin 1943, aggravée par l'arrestation du chef Jean Cavaillès le 28 août 1943, avenue de l'Observatoire à Paris, le réseau est mis en sommeil pendant deux mois sur ordre de Londres. Dès l'information connue, Jean Gosset assure l'intérim de la direction et réorganise le réseau gravement affaibli par des arrestations en série. Après un séjour de deux mois à Londres en novembre-décembre 1943, Jean Gosset reprend ses activités de sabotage au sein des GRAC (groupes d'action) et laisse volontairement la direction du réseau à Albert Guerville dit Trioux. Le réseau qui se reforme change de nom et de méthode à la demande de Londres. L'extrême centralisation de Cohors laisse place à une régionalisation minutieuse d‘Asturies, les transmissions étant désormais assurées par la centrale Sardanapale via les centres d'antennes et les équipes d'opération locales, tandis que les branches renseignement et action sont devenues strictement distinctes. Asturies est particulièrement bien implanté en Bretagne, en région parisienne et à la frontière belge. Les premiers mois de l'année 1944 sont consacrés à la mise en pratique de ces nouvelles méthodes de travail. La direction centrale est devenue collégiale avec Albert Guerville et Daniel Apert, en contact avec Jean Gosset, de plus en plus absorbé par l'action. Des ramifications du réseau sont développées en zone sud où une région "méditerannéenne" est organisée à l'initiative de Pierre Thiébaut, subdivisée en quatre régions.


Alya Aglan in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004

Sources et bibliographie :
Archives nationales, 72 AJ 44 (réseau Cohors-Asturies) ; 3 AG 2 44 (réseau Cohors-Asturies) ; 397 AP 7,8 et 9 (papiers Marie Granet).
Alya Aglan, Le Mouvement Libération-Nord (1940-1947), Un engagement politique dans la Résistance, thèse de doctorat 1998 publié sous le titre La Résistance sacrifiée, Paris, Flammarion, 1999.
Alya Aglan et Jean-Pierre Azéma (dir.), Jean Cavaillès résistant ou la Pensée en actes, Paris, Flammarion, 2002.