Plaque à la mémoire d'Henri Chantrel, Grez-en-Bouère (Mayenne)
Légende :
D28, 53290 Grez-en-Bouère, France
Genre : Image
Type : Monuments et plaques
Producteur : Jérôme Leblanc
Source : © Association Mémoire et patrimoine militaire - ARHM Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur
Date document : Juillet 2017
Lieu : France - Pays de la Loire - Mayenne - Grez-en-Bouère
Contexte historique
Né le 22 mai 1880 à Sainte-Suzanne (Mayenne), exécuté sommairement le 1er septembre 1944 au camp de Natzweiler-Struthof, à Natzwiller (Bas-Rhin) ; enseignant en retraite ; officier de réserve ; résistant réseau SR Alliance.
Henri Chantrel était le fils de François, gendarme et de Marie Jégu. Il fut élève à l’École normale de Laval de 1896 à 1899. Nommé instituteur adjoint, il accomplit son service militaire au 124ème Régiment d’Infanterie de Laval de novembre 1901 à septembre 1902. Nommé caporal en mai 1902, il acheva son service avec un certificat d’aptitude au grade de sous-officier dans la réserve. Il choisit dès ce moment de mener parallèlement à sa carrière d’instituteur un engagement dans la réserve de l’armée française (il fut dès 1905 nommé sous-lieutenant de réserve au régiment de Laval puis en 1909 lieutenant de réserve). Entre temps il devint instituteur dans plusieurs communes de Seine-Maritime et de Mayenne (Gorron en 1903, Moulay en 1905, Juvigné en1910). Il s’était marié le 3 août 1903 à Gorron (Mayenne) avec Marthe Ernestine Louise Trians, âgée de 25 ans. Ils n’eurent pas d’enfant. Nommé capitaine à la déclaration de guerre, il fut mobilisé le 3 août 1914. Il combattit à Verdun, sur la Somme et au Chemin des Dames. Il fut cité une première fois à l’ordre de la 70ème DI en octobre 1915 : « Le 2ème bataillon du 25ème Régiment territorial sous le commandement du capitaine Chantrel a pris depuis six mois la part la plus active à la préparation des attaques et à l’organisation du secteur de la division ». Il fut à nouveau trois fois cité à l’ordre de la brigade, puis de la division et enfin du 35ème Corps d’Armée en avril 1918, toujours pour son courage, son zèle et ses grandes capacités organisationnelles dans le secteur du ravitaillement, de l’approvisionnement en armes et munitions et dans l’organisation des zones combattantes. Henri Chantrel fut décoré de la croix de guerre 1914-1918 et de la médaille interalliée puis fut fait le 16 juin 1920 chevalier de la Légion d’honneur. Il fut démobilisé le 27 février 1919 et reprit son métier d’instituteur à l’école communale de Saint-Ouen-des-Toits (Mayenne). Il en devint directeur en octobre 1922 et le resta jusqu’à sa retraite en juillet 1934 puis vint habiter à Laval, rue de Mayenne. Il fut instructeur des sous-officiers de réserve (S.O.R.), nommé chef de bataillon de réserve en juillet 1927, puis président départemental des amicales E.P.S.O.R. (école préparatoire des sous-officiers de réserve) de la Mayenne. En 1940 il fut commandant d’armes de Laval.
Il s’engagea dans la Résistance en 1943 au réseau de renseignements militaires Alliance, comme agent de liaison et de renseignements sur la région Bretagne "Chapelle" et du sous-secteur de Laval. Il fut arrêté par la Gestapo à Laval le 9 mars 1944 à la suite de l’arrestation à Paris de Jean Truffaut, membre du réseau, qui possédait des documents importants. Il fut emprisonné au Mans jusqu’au 3 avril puis à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne) Fresnes et déporté le 27 juillet 1944 à destination de Strasbourg et au camp de Schirmeck (Bas-Rhin), où il fut emprisonné au block 10 avec tous les hommes du réseau.
Le 15 août 1944 le dossier d’accusation instruit par la Gestapo de Strasbourg dans le cadre de la liste des affaires n° 356 du 18 août 1944 impliquant également Louis Proton*, Paul Chantrel, Joffre Lemeunier*, Léon Pottier, Georges Muriel*, Édouard Guinel, René Loué et René Chèvre* fut transmis au Tribunal de guerre du Reich qui y apposa les tampons « secret » et « affaire concernant des détenus » ainsi que la mention "NN" (Nacht und Nebel, Nuit et Brouillard). Les accusés furent remis sans jugement à disposition de la Gestapo de Strasbourg le 10 septembre mais leur sort était déjà scellé car le soir du 1er septembre 1944, les 106 détenus du réseau Alliance, dont Henri Chantrel et son neveu Paul Chantrel furent conduits en camionnette par groupe de 12 à Natzweiler, au camp du Struthof et abattus d’une balle dans la nuque dans la salle d’exécution puis incinérés dans le four crématoire du camp.
Il fut homologué comme chargé de mission de 3e classe de la DGER (Direction générale des études et recherches) avec le grade de sous-lieutenant le 26 juin 1946. Il obtint la mention "Mort pour la France" le 25 avril 1947 et fut nommé officier de la Légion d’Honneur et médaillé de la Résistance à titre posthume. Son nom figure sur la plaque commémorative du réseau S.R. Alliance au camp de concentration du Struthof, à Natzwiller (Bas-Rhin), sur une plaque commémorative au Quartier Ferrié et sur la plaque de l’École normale à Laval, sur le mur des déportés de la Mayenne à Mayenne, sur la plaque commémorative à l’école de Saint-Ouen-des-Toits (Mayenne) ainsi que sur le monument aux morts de cette commune et depuis juin 2014 sur une plaque à Sainte-Suzanne, sa ville natale. Une rue de Laval porte également son nom ainsi que l’ancienne école de Bel-Air et l’école communale de Saint-Ouen-des-Toits (Mayenne).
Jean-Louis Ponnavoy, Michel Thébault pour le Maitron des fusillés et exécutés
SOURCES : Dossier DAVCC Caen. — Arch. Dép. Mayenne (registre matricule) —MémorialGenWeb. — Wikipédia : Réseau Alliance et camp de concentration de Natzweiler-Struthof", biographie d’Henri Chantrel. — Marie-Madeleine Fourcade, L’Arche de Noé, Ed. Fayard, Paris 1968. — Auguste Gerhards, Tribunal du 3e Reich, Archives historiques de l’armée tchèque, à Prague, éd. Le Cherche Midi, Paris 2014. — Sainte-Suzanne-et-Chammes, Libération : cérémonie de commémoration et d’hommages, 15 juin 2014. — Mémorial de l’Alliance, 1948. — État civil.