Plaque à la mémoire de la famille Parot, Gennes
Légende :
Cette plaque en mémoire de la famille Parot, apposée sur le mur de l’Hôtel d’Anjou (aujourd’hui L’ Aubergade - 7 Avenue des Cadets de Saumur), est inaugurée le 20 juin 1948. Elle rappelle l’arrestation et la déportation de trois membres de la même famille.
Genre : Image
Type : Plaque commémorative
Producteur : Jean-Claude Duchêne
Source : © Cliché Jean-Claude Duchêne Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur
Date document : 2017
Lieu : France - Pays de la Loire - Maine-et-Loire - Gennes
Contexte historique
Au début de la guerre, Barthélemy Parot, son épouse Marie-Louise (née Bourreau) et leur fils André étaient hôteliers à Gennes à l'Hôtel d'Anjou. En 1940, ils secourent de nombreux réfugiés qui fuyaient l’envahisseur en franchissant la Loire. En 1941, ils hébergent des prisonniers de guerre évadés du camp de Laval avant leur transfert en zone libre. Au début de l’année 1943, l’arrivée à l’hôtel de réfractaires au STO engendre de nouvelles activités clandestines : sabotage de lignes téléphoniques, fabrication de fausses cartes d’identité et installation d’une cache dans les bois de Milly. Il s’agit alors des premiers pas d’un réseau de passages vers la zone libre. Cette activité finit par ne pas passer inaperçue des autorités d’occupation. Toutes ces personnes furent les victimes d'un drame qui s'est joué en juin 1943.
Le 12 juin 1943, la gendarmerie allemande (Feldgendarmerie), renseignée par un agent français à son service, se présente à l'hôtel d'Anjou et procède à l'arrestation de plusieurs personnes. Parmi elles, se trouvent les trois membres de la famille Parot, un maçon pensionnaire de l'hôtel, un instituteur du Thoureil, un exploitant forestier et trois de ses employés ainsi que deux employés des postes de Saumur soit onze personnes, selon le rapport de gendarmerie. Pourquoi ces arrestations ?
Selon les sources, les explications diffèrent. Les Allemands, étaient à la recherche des réfractaires au STO et parmi les personnes arrêtées, il y avait effectivement trois réfractaires dont André Parot. Bien que ne figurant pas sur les classes recensées, ni sur celle des personnes recherchées par la gendarmerie, celui-ci n'avait pas répondu à plusieurs convocations de la Feldkommandantur. De plus, les Allemands soupçonnent l'Hôtel d'Anjou d'être un refuge pour les réfractaires au STO ou pour les personnes en situation irrégulière et même de favoriser leur fuite vers l'Espagne et au –delà vers l’Afrique du nord. En effet, les Allemands découvrent sur le fils Parot une carte de la frontière espagnole et les principaux points de passage. Ce dernier précise que lui seul était concerné par ce plan afin de ne pas mettre en péril les autres personnes arrêtées. Au cours des opérations, André Parot, profite d'un moment d'inattention des gendarmes allemands et s'enfuit. Il se réfugie dans les bois environnants. Les Allemands, furieux, menacent la population de représailles : prise d'otages, versement d'une indemnité d'un million de francs par la commune de Gennes, couvre-feu de 21 h à 7 h et renforcement de la présence militaire allemande. Tout cela suscite, selon le rapport de gendarmerie, un "grand émoi de la population gennoise".
Persuadé de se rendre par la gendarmerie locale, André Parot est arrêté le 13 juin 1943. Les mesures de représailles sont alors levées. Les trois membres de la famille Parot furent déportés en Allemagne. Aucun ne revint des camps de concentration.
Après un séjour à la prison d'Angers, ce fut le camp de Compiègne, puis le départ vers l'Allemagne. Barthélémy Parot (né à Limoges le 4 mai 1878) partit le 17 janvier 1944 pour le camp de concentration de Buchenwald où il arrive le 19. Il est logé au bloc des invalides. Il décéda lors de l’évacuation du camp vers celui de Flossenburg, le 17 avril 1945.
Marie-Louise, Geneviève Parot (née Bourreau à Gennes le 13 mai1899) fut déportée le 31 janvier 1944 au camp de Ravensbrück, où elle arrive le 3 février. Elle fut exterminée dans la chambre à gaz le 6 mars 1945. Elle a reçu la mention «Mort pour la France» en 1995.
André Parot (né à Pontivy le 13 février 1923) fut déporté le 2 septembre 1943 et prit le chemin du camp de Buchenwald où il arrive le 4. En 1945, devant la progression des troupes américaines, les SS évacuent les camps, puis regroupent environ 1100 prisonniers en provenance de différents camps, dans une grange à Gardelegen, à laquelle ils mettent le feu. Ce massacre fit 1016 victimes dont André Parot, brûlé vif, le 13 avril 1945. Ce sont les Américains qui découvrent la tragédie.
Une place Parot à Gennes, à proximité de l’hôtel, garde le souvenir de cette famille.
Jean-Claude Duchêne
Sources :
Archives Départementales de Maine-et-Loire dossier 303W294.(en particulier les rapports de gendarmerie)
Notes du comité d’histoire de la Seconde guerre mondiale aux ADML.
Fondation pour la Mémoire de la Déportation
Site internet www.fmd.asso.fr –livre mémorial.