Pierre de Saint-Prix, préfet de la Libération
Légende :
De Saint-Prix a 43 ans lorsqu’il est désigné comme préfet de la Drôme.
Genre : Image
Type : Photo
Producteur : Cliché André Deval
Source : © AERD Droits réservés
Détails techniques :
Photographie argentique noir et blanc.
Date document : Sans date
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme
Analyse média
Pierre de Soubeyran de Saint-Prix est né le 1er août 1901 à Montélimar (Drôme), et mort le 13 avril 1994 à Perpignan (Pyrénées-Orientales). Journaliste et écrivain, résistant, il fut désigné comme préfet de la Drôme à la Libération, du 31 août au 31 décembre 1944.
Auteurs : Gilles Vergnon, Robert Serre
Contexte historique
Petit-fils du président de la République Émile Loubet par sa mère, Marguerite Loubet, qui avait épousé le magistrat Humbert de Soubeyran de Saint-Prix, le jeune Pierre de Saint Prix, après des études à la Sorbonne (Paris), embrasse une carrière journalistique, aussi bien comme reporter sportif que comme critique d'art ou chef de rubrique. Proche du parti socialiste sans y adhérer, il participe à la Confédération des travailleurs intellectuels (CTI), appartenant à son bureau national en 1940.
Réfugié en 1940 dans la maison familiale de la Tour de Veyre à Saulce, dans la Drôme, il entre en contact dès 1940 avec Marius Spézini, secrétaire de la section SFIO de Montélimar et participe, chez Marc-Charles Bertrand, ancien chef de bureau au ministère des Anciens Combattants, à une première réunion clandestine de socialistes de la Drôme et de l'Ardèche, en présence du député de l'Ardèche Édouard Froment, un des « 80 » qui ont refusé les pleins pouvoirs à Pétain. Il assiste, en août 1942, à Montélimar, à la première réunion drômoise du Comité d'action socialiste (CAS), sous la présidence de Daniel Mayer. Le petit groupe s'étoffe de militants locaux et noue des contacts avec d'autres groupes, à Valence et à Crest. Il devient un des membres les plus influents des Combattants volontaires de la Résistance aux côtés de Claude Alphandéry (« Cinq-Mars »), futur président du comité départemental de Libération. Les CVR organisent la Résistance civile : mouvements unis, Noyautage des Administrations publiques (NAP), comités départemental (CDL) et locaux (CLL) de Libération.
Proposé comme préfet de la Drôme par le CDL et nommé par le gouvernement d'Alger en janvier 1944, Pierre de Saint-Prix, menacé par la Gestapo, passe les derniers mois de l'Occupation au maquis de Mirmande, où plusieurs témoins assurent l'avoir vu exercer les fonctions de cuisinier...
Installé comme préfet le 31 août 1944, jour de la libération de la Drôme, il est confronté aux dossiers de la reconstruction du département et surtout de l'épuration. Il ne peut empêcher l'exécution sommaire, le 3 octobre, de six détenus, enlevés de la prison de Valence et abattus au pont de l'Épervière, au moment même de la visite à Valence du commissaire de la République, Yves Farge. Ce fait, qui alourdit ses relations déjà notoirement mauvaises avec ce dernier, est-il à l'origine de son éviction et de son remplacement à la préfecture par Lucien Coudor ? La décision soulève de vives protestations, en particulier du CDL de la Drôme, et amène la démission temporaire du conseil municipal de Montélimar et de treize autres conseils municipaux du sud de la Drôme.
Pierre de Saint-Prix conduit une « liste de la Résistance sociale et antifasciste » aux élections à la Constituante d'octobre 1945, dont la profession de foi proclame la nécessité de « refaire l'union autour de la Résistance » pour « appliquer, depuis A jusqu'à Z, le programme du CNR, notre programme, à nous, résistants ! »
Cette campagne marque la fin de l'activité politique publique de Pierre de Saint-Prix. En 1949, il préside le Comité départemental des cérémonies organisées pour le VIe centenaire du rattachement du Dauphiné à la France. Revenu de façon intermittente à son métier de journaliste, il est surtout actif dans le milieu des anciens résistants, fondant en 1959 l'Union drômoise des combattants volontaires de la Résistance (CVR), association dont il est vice-président national dans les années soixante, et assurant les fonctions de premier correspondant départemental du Comité d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale. Il offre en 1992 au département une parcelle de terre destinée à la construction d'un mémorial de la Résistance drômoise, inauguré le 3 septembre 1995 à Saulce. Il était chevalier de la Légion d'honneur (1949) et décoré de la rosette de la Résistance, il a été président de l'Union drômoise des Combattants volontaires de la Résistance depuis sa fondation en 1957 jusqu'en 1987 et vice-président de la Confédération nationale des CVR.
Oeuvre : Deux enfants, Les Cahiers de Paris, 1925 ; Fêtes et manifestations organisées dans la Drôme en 1949 pour le VI° centenaire du rattachement du Dauphiné à la France, Romans, Domergue, 1949 ; En plein vol. Jean de Saint-Prix-Romain Rolland. Lettres 1917-1919. Textes et documents (Préface et choix de textes par Pierre de Saint-Prix), Cahiers Romain Rolland 25, Paris, Albin Michel, 1980 ; Combats pour le Vercors et la Liberté (avec le général de Lassus Saint-Geniès), Valence, Peuple libre, 1982.
Auteurs : Gilles Vergnon, Robert Serre
Sources : Pierre Vallier dans Études drômoises n° 35, octobre 2008. J.-P. de Lassus Saint-Geniès, P. de Saint-Prix, Combats pour le Vercors et pour la Liberté, Valence, Peuple libre, 1982. Dvd-rom, La Résistance dans le Drôme et le Vercors, éditions AERI-AERD, 2007.