Le Comité de Libération de Montélimar
Légende :
Le Comité de libération de Montélimar est présenté nominativement et par organisation.
Genre : Image
Type : Document officiel
Source : © Archives communales de Montélimar Droits réservés
Détails techniques :
Listing de personnes du Comité de Libération présenté en colonnes sur du papier quadrillé 21 x 27 mm.
Date document : 2010
Analyse média
Les noms de 16 personnes sont tapés à la machine à écrire en fonction de leur appartenance syndicale, politique, de leur représentativité résistante, de leur qualité de prisonnier de guerre ; les Femmes Françaises, ou les FUJP (jeunes), souvent créées à l’initiative de communistes – comme c’est le cas à Montélimar, occupent deux des huit colonnes.
Quelques sigles sont utilisées : CGT, Confédération générale du Travail ; MLN, Mouvement de Libération nationale ; FN, Front national ; FUJP, Forces unies de la Jeunesse patriotique.
La composition du Comité de Libération se présente ainsi : CGT : Crozier, Ogier ; MLN : Nabot, Brunet ; Socialistes : Spézini, Charousset, Teyssier ; Communistes : Constant Léon, Paquelet Louis, Armand ; Prisonniers : Moulin Maurice, Besson Paul ; FN : Ferrier, Imbert ; Femmes Françaises : Madame Dupont Suzanne ; FUJP : Coste Raymond.
Le Comité est marqué à gauche si l’on observe seulement les entêtes de colonne : socialistes, communistes, FN, Femmes françaises. Mais aussi, les noms des participants à la CGT comme MM. Crozier, au FUJP comme Coste Raymond, aux Femmes françaises, comme Mme Dupont, sont des noms de personnes connues comme des personnalités soit de gauche soit ayant été actifs dans la Résistance, soit les deux. Le critère « Résistance » semble bien sûr essentiel, ce qui se comprend puisque nous sommes à quelques jours seulement de la libération de Montélimar (28 août 1944).
Certains prénoms ne sont pas précisés, certains noms sont cochés, d’autres suivis d’une croix, ce qui laisse supposer que l’on est en présence d’un document établi dans une situation d’urgence, avec une certaine précipitation même peut-être, et que cette feuille dactylographiée a servi d’instrument de travail.
Auteurs : Claude Seyve
Contexte historique
Parmi les traces des activités diverses du Comité de Libération, les archives communales ont conservé quelques correspondances.
Le Comité de Libération de Montélimar a reçu du courrier émanant, entre autres, d’un syndicat ouvrier, d’une entreprise, du lieutenant-colonel de Lassus, du maire d’une commune voisine, etc. Nous en avons retenu quelques exemples accompagnés parfois des réponses correspondantes.
Dans une lettre du 17 novembre 1944, adressée au Président du Comité de Libération, le syndicat CFTC l’« informe » : « depuis un mois, a pris corps en notre ville la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens ». Il cite les noms des personnes qui composent le bureau et il précise que « la CFTC est prête à collaborer avec tous les mouvements ayant le seul souci de l’amélioration du sort de la classe ouvrière. »
En date du 16 décembre 1944, le lieutenant colonel de Lassus commandant la demi-brigade de la Drôme, adresse des reproches touchant aux prérogatives du président du Comité de libération de Montélimar en ces termes : « Vous me demandez de bien vouloir accepter les demandes de mutations d’une dizaine de caporaux et soldats de mon unité pour la prévôté de Montélimar, ce qui est aucunement dans vos attributions. […] j’ajoute encore ceci : je préfère espérer que vous n’avez pas très bien réfléchi à votre geste. Vous savez les difficultés que nous avons à surmonter dans la période difficile où se trouve notre pays, et particulièrement l’Armée Française, qui ne peut encore mobiliser ; La tâche des Comités de Libération devrait être d’exalter ceux qui sont volontaires pour libérer le pays, et abattre l’ennemi et inviter les jeunes à les suivre, en un mot, faciliter notre tache […]. De pareilles démarches rappellent plus la “République des camarades” qui a amené le désastre de 39, et “le favoritisme vichyssois” que l’esprit de la France nouvelle animée par le Général DE GAULLE et par le CNR. J’envoie une copie de cette lettre à M. Alphandéry président du CDI… »
La réponse de R. Crozier, président du CLL (Comité local de Libération) de la ville ne s’est pas faite attendre. Le 28 décembre 1944, il écrit : « La lettre que vous dîtes recevoir de moi et datée du 6 courant, n’est pas partie de Montélimar (Comité de Libération) et n’est d’ailleurs pas signée de ma main. Étant directement attaqué par votre lettre (lettre que vous auriez du adresser au CL et non à son président), il est normal que ses termes assez blessants ne me conviennent pas. Je crois connaître mes attributions et n’ai pas l’habitude de me mêler des affaires militaires. […] »
Il poursuit sa missive en ces termes : « Son président a l’honneur de vous dire que, sans avoir été jamais FFI, il a eu l’honneur d’être sédentaire et cela pas seulement depuis juin 1944, mais depuis plusieurs années avant. Il a le plaisir de vous dire qu’il doute que vous ayez accompli les actes de sabotages ou que vous ayez gêné les Allemands comme il l’a fait. Ce n’est pas une polémique que je recherche, mais simplement une mise au point que je fais. »
R. Crozier précise, faits à l’appui, qu’il n’est pas possible que l’un des membres du Comité ait signé une telle lettre.
Dans un courrier du 22 octobre 1944, le maire de Montboucher signale au CLL les noms des miliciens dans sa commune ; ils sont au nombre de six.
Le président du Comité de Libération, répondant au Comité départemental de Libération, lui adresse la liste des docteurs, dentistes, sages-femmes, anti-résistants ; ils sont cités ; ils sont au nombre de six ; certains sont sur la liste des Amis de la Légion Tricolore.
Dans un courrier du 13 novembre 1944, la société anonyme le Chocolat de la Cie d’Orient rappelle : « le 5 août dernier un groupement de FFI dont le siège était à Mirmande, a prélevé à notre Usine les quantités suivantes de marchandises : 1683 kg, etc ». Aucun bon de réquisition n’aurait été laissé : il est demandé au Comité de Libération de signer la déclaration des quantités prélevées, établie par l’entreprise, cette attestation pouvant être envoyée ultérieurement à l’Intendance de Valence.
Enfin, une autre lettre, peut-être un projet de lettre, sans en-tête, sans destinataire précis si ce n’est les « Autorités compétentes», écrite au nom du Comité de Libération, s’enquiert de savoir « s’il ne serait pas possible […] d’attribuer une récompense » à des Résistants méritants. Suit une liste de 14 noms accompagnée des adresses de chacun. Un commentaire précise, après les noms : « Ont fait sauter les voies ferrées, les ponts, les câbles téléphoniques Marseille-Paris ; ont entravé la circulation et le ravitaillement ennemis et ont été de précieux agents de liaison… [ ? ] le transport d’armes. » Notons, pour la réflexion, que de telles demandes ont été envisagées alors que, au même moment, des volontaires des maquis – de Montélimar – se battaient encore dans les Alpes (la lettre porte en haut à droite la date du « 10 février » – 1945 – la guerre ne se terminant que le 8 mai suivant).
Ainsi approche-t-on la complexité des tâches des membres du Comité de Libération, les responsabilités qu’elles impliquent (enquêtes, abus possibles, urgences diverses après une longue période de privations et l’état d’appauvrissement du pays, ou encore les années d’absence des prisonniers, etc.).
Auteurs : Claude Seyve
Sources : Archives communales de Montélimar. Crozier (fils) et Beaume Michel, archives personnelles.