Nom de rue à la mémoire de Robert Chevrier, résistant fusillé, Rennes
Légende :
Nom de rue donné en hommage au résistant Robert Chevrier, fusillé le 18 septembre 1942, située à Rennes (Ille-et-Vilaine)
Genre : Image
Type : Nom de rue
Producteur : Joris Brouard
Source : © Cliché Joris Brouard Droits réservés
Détails techniques :
Photographies numériques en couleur.
Date document : Janvier 2018
Lieu : France - Bretagne - Ille-et-Vilaine - Rennes
Contexte historique
Robert Chevrier, dit "Bob"
Né le 24 octobre 1919 à Rennes (Ille-et-Vilaine), fusillé le 18 septembre 1942 au Madrillet, Grand-Quevilly (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) ; ajusteur SNCF ; FTPF.
Cheminot à Sotteville-lès-Rouen, Robert Chevrier exerçait le métier d’ajusteur aux Ateliers des Quatre-Mares. Depuis la fin 1941, il était membre du réseau Résistance-Fer et de l’OS/FTP, groupe Gabriel Péri. Le 9 janvier 1942 vers 22 heures, rue de la Chaîne à Rouen, pour échapper à un contrôle, Robert Chevrier qui était armé, blessa à la jambe le soldat Otto Hummel et s’enfuit par la rue des Fossés-Louis-VIII sans avoir été touché par la riposte des sentinelles allemandes. Cette période des trois premiers mois de 1942 fut marquée, notamment à Rouen, par une succession de sabotages et d’attentats contre les soldats allemands qu’on retrouvait parfois noyés dans la Seine.
Le 24 avril 1942, vers 22 h 15, un marin allemand, Georges Leitner, fut blessé mortellement d’une balle dans le ventre, alors qu’il reconduisait son amie rouennaise. L’attentat eut lieu au 101 de la rue Crevier, lorsque Leitner sortit seul du domicile de son amie. Deux cyclistes dévalaient la rue, l’un des deux tira un coup de feu sur Leitner, il s’agissait de Robert Chevrier. Les deux cyclistes s’enfuirent en laissant deux importantes pièces à conviction : un vélo et un revolver automatique Oméga muni de quatre cartouches. La recherche des agresseurs (fouilles de maisons, barrages...) n’y fit rien, les Allemands furieux s’en prirent à une famille d’Israélites – les Fraüenthal – et l’envoyèrent en déportation ; aucun d’entre eux ne rentra vivant des camps. Un avis des autorités allemandes interdit l’utilisation de bicyclettes dans tous les quartiers de Rouen et annonça que « cinq communistes et autres personnes adhérents aux milieux de ces assassins seront fusillés et 500 déportés dans un camp de travail de l’Est si les assassins [n’étaient] pas arrêtés avant le 5 mai 1942 au soir ». Du 28 avril au 4 mai, le vélo et toutes les pièces à conviction furent exposés dans une vitrine de la rue Jeanne-d’Arc. Des inspecteurs de police en civil y épièrent les conversations et guettèrent le moindre incident... Sans aucun succès.
Ce n’est que plus tard, le 23 juin 1942, qu’un employé des PTT habitant rue Jeanne-d’Arc conduisit au poste de police Robert Chevrier qui avait tenté de lui ravir sa bicyclette. Questionné par les policiers français, Chevrier avoua avoir commis l’attentat en compagnie d’un certain Jeannot, qui échappa aux griffes de la police. Le journaliste Gontran Pailhès qui relatait cette affaire précisait que Jeannot, le deuxième cycliste, était en réalité Georges François.
Livré aux Allemands, Robert Chevrier fut condamné à mort pour terrorisme le 1er juillet probablement par un tribunal de la Kriegsmarine (et non le FK 517). Il a été fusillé le 18 septembre 1942 à Grand-Quevilly. Il est l’unique exécuté de ce 18 septembre au stand du Madrillet. La consultation du journal de marche de la 1re compagnie des FTP de Rouen encore appelée compagnie Jeanne-d’Arc (fond 13 P 20 SHD Vincennes) confirme les deux actions, relatées plus haut, de Robert Chevrier en janvier et avril 1942 à Rouen. Chevrier était aussi l’auteur avec Marcel Lucas de l’attentat du 2 mai 1942 de Saint-Aubin-les-Elbeuf. « Deux cyclistes » avaient abattu deux marins allemands. Gontran Pailhés en 1949 relatait cette affaire et l’attribuait bien à Robert Chevrier accompagné d’un deuxième cycliste qu’il nommait Vannier. Marcel Lucas, d’Elbeuf, a été fusillé le 7 août 1942 à Grand-Quevilly plus d’un mois avant Robert Chevrier.
Auteur : Jean-Paul Nicolas pour le Dictionnaire des fusillés - biographie de Robert Chevrier.
Sources :
Hommage aux fusillés et aux massacrés de la Résistance en Seine-Maritime. 1940-1944, édité par l’Association départementale des familles de fusillés de la Résistance de Seine-Maritime, 1994.
Louis Eudier, Notre combat de classe et de patriote (1934-1945), Le Havre, Imprimerie Duboc.
Notes de Jean-Pierre Besse et Thomas Pouty.
Extraits de Rouen et sa région pendant la guerre 1939-1945, du journaliste rouennais Gontran Pailhès. Voir janvier 1942 et avril 1942.
Livre de marche de la 1re compagnie de FTP de Rouen : Consultation par Michel Baldenweck Fond 13 P 20 SHD Vincennes.