Monument à la mémoire des combattants de Kilstett (Bas-Rhin)

Légende :

Ensemble de stèles situé à la sortie nord de la commune de Kilstett, route nationale vers Gambsheim (square du Général de Reyniès). 

 

Genre : Image

Type : Monument

Source : © Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : 19 janvier 2013

Lieu : France - Grand Est (Alsace) - Bas-Rhin - Kilstett

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Contexte historique

Après l’arrivée de la 2ème division blindée (DB) dans la plaine d’Alsace un premier mouvement de panique s’empare des Allemands. Mais ils se ressaisissent et plus particulièrement dans le nord du Bas-Rhin: coupure du téléphone, interruption du courrier, réquisition du bétail, exécutions sommaires, prises d’otages, travaux forcés dans les fortifications alsaciennes ou même en Allemagne. La ligne Siegfried doit être protégée le long de la Moder et de la forêt de Haguenau.

A partir du 26 novembre, une multitude de combats se déroulent entre Bitche, Sarreguemines, Haguenau libéré le 11, le pays de Hanau, Reichshoffen, Mertzwiller, Bischwiller, Oberhoffen-sur-Moder. L'avancée américaine est rapide. A partir du 15 décembre, la frontière allemande est franchie à plusieurs reprises entre Wissembourg et le Rhin.

Janvier 1945: les réactions allemandes, l'opération Nordwind et la menace sur Strasbourg

L'étirement du front contrôlé par la 7ème armée et la météo exécrable confortent von Rundstedt. Afin de créer une diversion dans le cadre de la bataille des Ardennes, il constate une faiblesse dans le dispositif américain. Le but, reprendre le col de Saverne, encercler des éléments de la VIIe armée et espérer une jonction avec les forces de la poche de Colmar. C'est l'opération Nordwind, conçue dans le plus grand secret. Les plans et les ordres sont compartimentés, les incorporés de force d'Alsace et de Moselle sont retirés du front.

En Alsace, elle doit toucher les Vosges du nord. En filigrane des instructions données par le commandement américain qui se doute de quelque chose, l'Alsace peut être abandonnée si nécessaire! Que savent exactement les autorités françaises de cette menace? La réponse n'est pas précise. Toujours est-il que dans ses Mémoires de guerre, de Gaulle précise: « Quoi qu'il puisse arriver, Strasbourg devait et serait défendu ».

L'opération Nordwind est lancée au soir du 31 décembre 1944 peu avant la nouvelle année. Des avions de la Luftwaffe, l'armée de l'air allemande, bombardent des cibles depuis la Hollande jusqu'en Lorraine. Les Allemands font voler de nouveaux chasseurs à réaction Messerschmitt qui impressionnent les Alliés, mais ils subissent d'énormes pertes. Les Américains s'apprêtent à quitter Strasbourg! C'est une crise majeure de la période.

Dès le 1er janvier 1945 dans l'après-midi, le général de Gaulle contacte Eisenhower, Roosevelt (président des EU) et Churchill (chef du gouvernement britannique) et leur affirme que la France ne peut abandonner l'Alsace. La partie entre ces trois hommes est rude. Eisenhower ne veut entendre parler que de stratégie. De Gaulle, qui gagne le soutien de Churchill sensible à la problématique alsacienne, uniquement de politique. Les Américains menacent de couper l'essence; les Français répliquent en agitant la menace de la fermeture des ports maritimes... Finalement, de Gaulle obtient gain de cause mais le nord de l'Alsace jusque dans la région de Haguenau est à nouveau sous la coupe du régime nazi.

La menace sur Strasbourg, démunie de forces armées, est grave. Les archives sont évacuées, les habitants s'enfuient vers la vallée de la Bruche afin de franchir les Vosges. La ville se vide. Le 3 janvier, les Américains modifient leurs plans et ne se replient plus. Une fois encore les Forces françaises de l'intérieur (FFI) et des gardes mobiles se déploient au nord de Strasbourg du côté de Kilstett pour faire barrage aux troupes débarquées à Gambsheim. L'arrivée du général Auguste Guillaume, commandant des éléments de la 3ème division d'infanterie algérienne (DIA), rassure.

Mais dans les Vosges du nord, les allemands progressent et arrivent à Wingen-sur-Moder. Après trois jours de combats, les troupes US reprennent la ville le 7 janvier. Les combats se poursuivent autour de Reipertswiller et Lichtenberg jusqu'au 20, date à laquelle des troupes américaines doivent se rendre. Le front ne bouge plus jusqu'au 15 mars 1945. L'offensive allemande Nordwind échoue quelques jours plus tard.

Les batailles de Hatten-Rittershoffen, de Gambsheim et d'Erstein

Les Allemands n'abdiquent pas encore et déploient l'opération Zahnarzt. Le secteur de Wissembourg qui est laissé inoccupé par l'armée américaine sert de base. Le 4 janvier, deux divisions de Panzers attaquent près de Buhl dans l'optique de percer le front qui s'est établi sur la ligne Maginot. C'est un échec. Les Allemands attaquent ensuite les villages de Hatten et de Rittershoffen. Une infernale bataille de chars mais aussi d'hommes à pied se déroule jusqu'au 20 janvier. De nombreux habitants sont tués. Les deux villages sont détruits. Les pertes militaires sont lourdes, près de 3 200 hommes. Le général Johannes Blaskowitz qui commande les troupes allemandes sur le terrain tente en vain une percée vers Gambsheim, une commune où des unités allemandes viennent de traverser le Rhin. L'objectif est de marcher sur Strasbourg qui doit être pris en tenaille par des troupes qui attaquent en même temps par le sud. L'opération débute le 7. Les combats se déroulent à Krafft, Erstein, Daubensand, Gerstheim au sud et sont rapidement perdus par les Allemands. L'offensive est nettement plus longue et indécise au nord et se poursuit jusqu'au 19. Les combats se déroulent autour de Gambsheim, Sessenheim, Drusenheim, Weyersheim, Rohrwiller. Les pertes sont lourdes de part et d'autre.


Dernières attaques sur Strasbourg et sur le Bas-Rhin

La Wehrmacht vise une dernière fois Strasbourg. Cette fois-ci, c'est von Maur qui commande. Le commandement allemand considère le secteur de Kilstett comme faiblement défendu. L'attaque débute le 21 janvier. Des troupes arrivent jusqu'à La Wantzenau. A cette date, la 2ème DB est à Strasbourg dans l'attente de la réduction de la poche de Colmar. Le lendemain, les chars, l'artillerie, l'aviation et les troupes au sol remportent la bataille de Kilstett dans la journée. Strasbourg, une nouvelle fois est sauvé. Mais dans le Bas-Rhin, des combats se poursuivent. Afin de tenter de sauver leurs forces à Colmar, les troupes de la Wehrmacht lancent une dernière offensive dans le but de fixer un maximum de troupes. Le 25 janvier, elles franchissent la Moder au Neubourg, à Schweighouse-sur-Moder, à Kaltenhouse; dans le pays de Hanau, Schillersdorf tombe. Mais dans la soirée Hitler en personne stoppe définitivement l'opération Nordwind devenue trop coûteuse.


Bertrand Merle, "Septembre 1944 - Mars 1945: La sanglante libération de l'Alsace. 4/La contre-attaque allemande de janvier 1945" in DVD-ROM La Résistance des Alsaciens, Fondation de la Résistance - AERI, 2016.