Square Docteur-Fernand-Jacq, Rennes (Ille-et-Vilaine)

Légende :

Nom de square à Rennes à la mémoire du Docteur Fernand JACQ, fusillé comme otage le 15 décembre 1941 à Châteaubriand (Loire-Inférieure)

Genre : Image

Type : Nom de rue

Producteur : Joris Brouard

Source : © Cliché Joris Brouard Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Lieu : France - Bretagne - Ille-et-Vilaine - Rennes

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Contexte historique

JACQ Fernand, Joseph naît le 12 janvier 1908 à Granville (Manche). Il était issu d’un milieu de fonctionnaires, son père était douanier alors que sa mère travaillait comme employée au PTT. Peu après sa naissance, la famille quitte la Normandie pour rejoindre la Bretagne et s’installe dans la commune de Pleyber-Christ (Finistère).
Malgré une santé fragile, Fernand est un élève appliqué et doué dans les études ce qui lui permet de s’orienter vers le domaine de la médecine. Il sort ainsi diplômé de la faculté de médecine de Rennes, ville où il rencontre sa femme. C’est au sein du monde estudiantin qu’il s’intéresse à la politique et devient responsable de l’Union fédérale des étudiants rennais. Il se rapproche également du Parti communiste et en devient membre en 1930 avant de passer secrétaire de cellule en 1933. De part ses activités, il entre en contact avec le monde politique et syndical rennais et côtoie notamment, Henri Bannetel, étudiant en médecine comme Fernand et responsable des Jeunesses communistes d’Ille-et-Vilaine, et Émile Drouillas, responsable communiste de Rennes.

En 1933, Fernand Jacq décide de revenir dans le Finistère, à Querrien dans un premier temps, puis s’installe en tant que docteur au Huelgoat tout en poursuivant sa thèse de doctorat intitulé « La réaction de l’acétate de cuivre chez les cancéreux » qu’il terminera en 1934. Très rapidement, le docteur Jacq acquiert dans le monde très ruralisé du Huelgoat le surnom de « médecin des pauvres » refusant parfois de faire payer ses honoraires aux plus démunis. Fidèle à cette image de bienfaiteur, il œuvre dans le sens d’un développement de la médecine rurale visant à favoriser la mise en place de mesures d’hygiène et de prévention ainsi qu’en luttant contre les comportements à risque auprès des populations locales.

En parallèle de ses activités de médecin, Fernand Jacq toujours affilié au PCF, s’engage dans la politique de sa commune et se présente aux élections municipales du Huelgoat et est élu comme conseiller municipal le 12 mai 1935. Fervent partisan du Front populaire, il entend poursuivre la politique de ce dernier et se présente aux élections cantonales de 1937 durant lesquelles il obtient 28,02 % des suffrages au premier tour et se désiste au second tour en faveur du candidat de la SFIO, Pierre Blanchard.

En septembre 1939, lorsque la guerre éclate, le PCF est interdit par le Gouvernement Daladier en raison de son affiliation au pacte germano-soviétique. En cohérence cette situation d’interdiction, Fernand Jacq démissionne de son mandat d’élu municipal du Huelgoat et se consacre à la restructuration clandestine du PCF. Cette même année, il est condamné par le tribunal de Châteaulin pour projection sans autorisation.
Alors que la mobilisation générale est déclenchée, le docteur Jacq est écarté de la conscription en raison de son état de santé jugé trop faible pour être appelé sous les drapeaux. Contrarié par ce refus qui l’éloigne de ses « camarades » au combat, et animé par le sentiment du devoir patriotique, il écrit une lettre au préfet du Finistère dans laquelle il demande d’être incorporé dans une unité combattante, demande qui est rejetée par le préfet.

Lors de l’arrivée des troupes allemandes à Pont-Aven (Finistère) en juin 1940, commune où résident ses parents, un notaire menace sa famille en rappelant les convictions politiques de Fernand allant même jusqu’à souhaiter son arrestation voire sa mort.

Du fait de la présence des Allemands et du durcissement des lois en matière de libertés fondamentales depuis l’instauration de l’État français par le Maréchal Pétain, le docteur Jacq poursuit, outre son activité de médecin de campagne, ses activités politiques clandestines qui le conduisent à intégrer en 1941 le Front national de lutte contre le fascisme et d’indépendance de la France, mouvement politique créé par le PCF. De ce fait, il organise l’action clandestine et recrute des militants et des sympathisants dans la sphère communiste au point de devenir l’un des organisateurs des premiers groupes de l’Organisation spéciale (OS) – branche armée du PCF – dans le Finistère.

Le 3 juillet 1941, sur ordre des instances de Vichy et dans le cadre de l’intensification de la répression contre les communistes depuis l’entrée en guerre de l’Allemagne contre l’URSS, Fernand Jacq est arrêté par les gendarmes du Huelgoat. Comme de nombreux responsables et militants communistes ou syndicaux, il est interné au camp de Cloisel à Châteaubriand (Loire-Inférieure), section politique, baraque 7.
Depuis le camp, il entretient des correspondances régulières avec sa famille dans lesquelles il marque avec force son attachement à ses convictions politiques en se disant fier d’être interné avec ce qu’il appelle « l’élite de la France ». Bénéficiant d'une certaine autonomie à l'intérieur du camp, les internés peuvent s'y organiser et se structurer autour d'activités. C'est ainsi que le docteur Fernand Jacq parvient à mettre en place une chorale de chants bretons et dispense également des cours de breton aux autres internés du camp.

A la suite de la multiplication des attentats contre l’occupant durant l’été et l’automne 1941, les autorités allemandes décident de passer par la politique d’exécution d’otages. Choisis par les autorités de Vichy au sein des internés communistes, syndicalistes ou juifs, Fernand Jacq est désigné comme otage avec 8 autres de ses camarades de Châteaubriant pour être fusillé en représailles aux exécutions commises contre les troupes allemandes.
Le 15 décembre 1941, vers midi, les Feldgendarmes conduisent les 9 otages désignés en plein cœur de la forêt de la Blisière située sur le territoire de la commune de Juigné-les-Moutiers (Loire-Inférieure). Au moment du départ des otages vers leur lieux d’exécution, les prisonniers du camp de Cloisel se mettent à entonner la Marseillaise, puis le Bro Gozh Ma Zadoù (Vieux Pays de mes Ancêtres, hymne national breton) et d’autres encore, chantent l’Internationale en breton.
Vers 15 heures, les 9 otages, Adrien Agnès, Louis Babin, Paul Barroux, Raoul Gosset, Fernand Jacq, René Perrouault, Maurice Pillet, Georges Thoretton et Georges Vigor, tombent sous les balles allemandes.
Ce 15 décembre 1941, ce seront 92 otages qui seront exécutés par les Allemands sur l’ensemble du territoire national.


Joris Brouard

- Archives départementales du Finistère, 1 J 448
- Maitron des fusillés, http://maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr/spip.php?article76398
- Eugène Kerbaul,  Militants du Finistère, 1918-1945 : dictionnaire biographique de militants ouvriers...